Le 15 septembre 2022 a eu lieu à l’hôtel Maeva Palace, le lancement officiel de la Stratégie nationale Eau, Hygiène, Assainissement et Nutrition au Mali. C’était à travers un atelier initié par la Cellule de Coordination de la Nutrition avec l’accompagnement de l’UNICEF, WaterAid et Action Contre la Faim (ACF). L’objectif de cette stratégie est de mobiliser plus de financement pour le secteur Eau, Hygiène et Assainissement (Wash) afin de sauver des vies et faire progresser le développement durable en améliorant les politiques, les programmes d’eau, d’hygiène, d’assainissement. Le lancement dudit atelier a été présidé par M. Aly Diop, secrétaire général du ministère de la Santé et du Développement social.
Malgré les multiples efforts fournis par les autorités maliennes et leurs différents partenaires, la situation de l’accès à l’eau potable, à l’hygiène, à l’assainissement adéquat et à la bonne alimentation reste préoccupante. Cela, à cause de la combinaison de conflits, de sécheresse et surtout le prix très élevé des céréales. Cette situation a affecté des millions de personnes dans tout le Sahel.
Mieux, le Mali est l’un des pays les plus touchés à cause du contexte politico-sécuritaire qu’il connaît plus d’une décennie. Selon des données de la Cellule de Coordination de la Nutrition, 7,5 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, avec une cible de 5,3 millions pour un budget prévisionnel de 686 millions d’euros avec 55,25 millions pour le secteur de l’eau.
Le même document précise que les conséquences pour le Mali sont non négligeables. « Le Mali perd chaque année environ 265 milliards de FCFA (450 millions de dollars américains), soit 4,06 % de son Produit intérieur brut (PIB), du fait des effets cumulés de la sous – nutrition des enfants en termes de dépenses en santé, de dépenses scolaires et de perte de productivité sur le marché de l’emploi. Les dépenses des besoins sont catégorisées ainsi : abris et biens non alimentaires : 2.1 millions ; eau, hygiène, assainissement : 3,7 millions ; nutrition : 3,4 millions ; santé : 4,3 3 millions ; sécurité alimentaire : 3,6 millions ; éducation : 2,9 millions ; protection : 3 millions », peut-on lire dans ledit document.
Ces résultats, selon la Cellule de Coordination de la Nutrition, démontrent l’urgence d’une forte mobilisation afin de réduire de manière significative la malnutrition infantile et de contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD 6) à l’horizon 2030.
Selon le ministère de la Santé et du développement social, certes, l’ODD 6 n’est pas gagné d’avance, mais si les efforts sont conjugués entre les différents départements de tutelles et les partenaires, de profondes transformations peuvent être réalisées. « N’en doutons pas, la dernière décennie des ODD sera tout sauf simple. Mais, si nous unissons nos efforts pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, ces années donneront également lieu à de profondes transformations. Cette stratégie nationale nous donne un aperçu de ce qu’il est possible d’accomplir, quand nous, ministres des départements sectoriels se mobilisent, quand nous faisons l’effort de travailler ensemble et quand nous cherchons comment renforcer l’approche multisectorielle de la nutrition à travers le partenariat Eau – Hygiène – Assainissement – Nutrition. Cette Stratégie nationale Eau, Hygiène, Assainissement, Nutrition, nous encourage à travailler plus dur que jamais et elle nous montre que nous pouvons atteindre nos objectifs si nous le décidons ensemble », a ainsi déclaré M. Aly Diop.
Protéger le droit des plus vulnérables !
Au regard de plusieurs constats, pour maintenir les populations et surtout les couches vulnérables dans une situation nutritionnelle satisfaisante, l’accent doit être mis sur les actions de prévention en parallèle avec des actions de prises en charge. Ainsi, selon le secrétaire général du ministère de la Santé et du Développement social, la lutte contre la malnutrition est multisectorielle et le secteur Eau, Hygiène, Assainissement a un rôle important à jouer. « Alors que nous traçons la voie qui nous mènera jusqu’en 2030 et que chaque année, l’urgence climatique semble plus pressante que la précédente. Notre travail doit rester centré sur les droits fondamentaux en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement dans la lutte contre toutes les formes de malnutrition. Aussi, il convient de ne jamais perdre de vue les personnes et les groupes les plus vulnérables et marginalisés que sont les femmes, les enfants ainsi que les personnes âgées et handicapées qui paient le plus lourd tribut aux changements climatiques, mais aussi les zones rurales et les implantations sauvages en zone urbaine », a insisté M. Aly Diop.
Pour la représentante de l’UNICEF, Mme Francine Kimanuka, la malnutrition, bien que liée aux mauvaises pratiques nutritionnelles, demeure un problème de santé à dimension multisectorielle. « La situation nutritionnelle à l’état actuel demeure préoccupante tant au niveau national où l’on compte dix-huit virgule huit pour cent (18,08 %) de malnutrition Aiguë Globale et deux virgules un pour cent (2,1 %) de malnutrition Aiguë Sévère qu’au niveau de la plupart des régions », a-t-elle précisé.
Amadou Kodio
Source : Ziré