Les locaux du Pôle national économique et financier du tribunal de la commune Ill du district de Bamako ne désemplissent pas depuis quelques jours. Les grosses cylindrées et les boubous amidonnés y défilent sans cesse. Le motif est que la justice a décidé de se dépoussiérer la pléiade de dossiers impliquant les présumés bandits à col blanc.
Une dizaine de mandats de dépôt ont été émis les deux dernières semaines contre des hauts cadres de l’Etat et des anciens dignitaires du régime.IBK. Ils sont tous accusés de faux usage de faux, atteinte aux biens publics. Au même moment, des dizaines d’autres cadres sont auditionnés de façon quotidienne, créant ainsi l’angoisse et la panique au sein de la République.Ils ne dorment plus que d’un œil. Certains si certains font le ballet dans les salons feutrés des seigneurs du jour pour solliciter une éventuelle intermédiation auprès des services judiciaires, d’autres ont envahi le Mali profond pour s’attacher les services des charlatans et autres marabouts. Mais leur objectif est le même : tout faire pour passer entre les mailles du filet de la justice.
La panique a pris de l’ampleur depuis que des hauts gradés de l’armée et anciens ministres sont été placés sous les verrous. Le placement sous mandat de dépôt notamment du général Salif Traoré sonne au sein de l’opinion comme la fin de l’impunité.
Quelques semaines avant, il y a eu l’arrestation de l’ancien président de l’Assemblée nationale et les anciens directeur administratif et financier et secrétaire général de la même institution. Aussi, l’ancien président de l’Apcam, Bakary Togola, et d’autres ont été écroués. Cette déferlante rappelle celle du début de la transition, avec des centaines d’interpellations et d’incarcérations. Cette situation avait donné l’impression aux Maliens qu’un vrai nettoyage des écuries d’Augias avait commencé. Mais, brusquement la dynamique s’est estompée, avant de reprendre le mois dernier. Les Maliens espèrent à nouveau que cela va continuer. Le hic avec ces arrestations est que les accusés restent pendant des années en prison, sans être jugés. Cette situation crée un phénomène de surpopulation carcérale à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. La plupart d’eux d’autres anciens collaborateurs bénéficient d’une liberté conditionnelle et ne sont généralement plus inquiétés. Parce qu’une chose est d’in- et incarcérer quelqu’un, une autre est de lui donner la latitude de se défendre. Cela vaut mieux que de vivre avec l’éternel statut d’inculpé, dont l’innocence ne pourrait jamais être prouvée. Le cas Boubeye en est un exemple éloquent.
Pour sûr, il faut espérer que tous les dossiers soient épluchés et qu’il n’y ait pas de sélection. Désormais, personne ne semble à l’abri, en tout cas si la dynamique continue.
Dieu veille!
Harber MAIGA
Azalai Express