Les séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine ont déclenché mercredi, selon Kiev, une “offensive majeure” contre les positions ukrainiennes, laissant craindre une nouvelle escalade du conflit, alors que la Russie dénonçait en retour des provocations ukrainiennes.
Les rebelles ont de leur côté nié toute implication dans le lancement de cette offensive, mais ont confirmé que des combats étaient en cours près de Mariinka, à une vingtaine de kilomètres de leur fief de Donetsk.
Il s’agit des plus importants affrontements depuis la reprise par les rebelles du noeud ferroviaire stratégique de Debaltsevé, à mi-chemin des bastions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 15 février, à la suite des accords de paix de Minsk.
“Vers 04H00 (01H00 GMT) les terroristes russes, en violation des accords de Minsk, ont lancé une offensive majeure sur les positions ukrainiennes”, a affirmé l?état-major de l’armée ukrainienne dans un communiqué. “L’ennemi a envoyé en direction de Mariinka plus de 10 chars et jusqu?à 1.000 hommes contre les forces ukrainiennes”, a ajouté la même source.
– Au moins 15 rebelles tués –
Le bilan des combats restait cependant encore flou mercredi soir.
Le “ministre” de la Défense de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), Vladimir Kononov, a fait état de 15 morts, selon une agence officielle séparatiste.
Il n’a cependant pas été possible dans l’immédiat de confirmer ce chiffre.
Néanmoins, un représentant des services de sécurité ukrainiens (SBU), Markian Loubkivski, a avancé un bilan similaire sur sa pageFacebook.
Selon le SBU, 10 rebelles ont été tués dans les affrontements, ainsi que quatre membres du renseignement militaire russe (GRU).
Plus de 80 rebelles ont été blessés, selon cette même source.
Côté ukrainien, peu d’informations ont filtré. Un représentant du département de la Santé de la région de Donetsk, Volodymyr Kolessnik, a seulement fait état de six civils et de 11 soldats blessés à Mariinka.
Peu après, des médecins ont indiqué que parmi ces six blessés, une femme était finalement décédée.
– Recours aux armes lourdes –
L’état-major a indiqué que les soldats ukrainiens avaient jusqu’à présent pu repousser l?attaque. Mais ils ont dû recourir “à de l’artillerie, qui se trouvait auparavant dans une zone éloignée conformément aux accords de paix de Minsk”, a-t-il admis.
Les armes de calibre supérieur à 100 millimètres auraient normalement dû être retirées de la ligne de front selon ces accords.
Selon Viatcheslav Abroskine, le chef de la police de la région de Donetsk, loyal à Kiev, les rebelles ont également eu recours, outre les chars, à des lance-roquettes multiples Grad, qui auraient aussi dû être éloignés de la ligne de front.
Alors que les séparatistes ont nié avoir lancé l’offensive, Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, a dénoncé “les provocations de l’armée ukrainienne qui, pour autant que nous puissions en juger, provoque dans une large mesure la situation”.
Ces informations font craindre que les accords de Minsk, qui visaient à mettre fin à une crise qui a conduit à une confrontation sans précédent depuis la Guerre froide entre la Russie et les Occidentaux, ne volent en éclat.
Le conflit dans l’Est a fait plus de 6.400 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Kiev et l’Occident reprochent au Kremlin de soutenir et d’armer les séparatistes prorusses, ce que Moscou nie catégoriquement.
L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a cependant indiqué dans un rapport publié la semaine dernière avoir vu 4 soldats et un véhicule portant des insignes russes près de Donetsk.
Mardi, une réunion à Minsk destinée à faire avancer les accords de paix a été reportée.
“La Russie a sapé la rencontre d’hier et aujourd’hui a donné l’ordre à ses terroristes de déclencher une opération militaire”, a lancé le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk