Le député et opposant sénégalais Oumar Sarr, arrêté en décembre 2015 après avoir accusé le président Macky Sall d’avoir bénéficié des largesses de Lamine Diack, l’ancien patron de l’athlétisme mondial, a été remis en liberté provisoire mardi 26 janvier, a-t-on appris auprès de sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), et de source proche du dossier.
Il avait été « inculpé pour faux et usage de faux et diffusion de fausses nouvelles et placé sous mandat de dépôt », selon Me El-Hadji Amadou Sall, l’un de ses conseils. Il lui est reproché d’avoir signé un communiqué, publié le 18 décembre 2015 par le PDS, dénonçant « le financement des campagnes de Macky Sall par l’argent sale et par des puissances étrangères qui ne pouvaient pardonner à [l’ex-président Abdoulaye Wade] de défendre d’abord les intérêts de notre pays ».
Billets d’avion
En garde à vue à Paris en novembre, Lamine Diack avait affirmé que la Russie, par l’entremise du président de sa fédération d’athlétisme, Valentin Balakhnichev, également trésorier de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), lui avait apporté une contribution de 1,5 million d’euros. Cette somme aurait été « distribuée à des associations et à des sphères d’influence » pour mobiliser contre une réélection pour un troisième mandatd’Abdoulaye Wade (2000-2012), avaient indiqué, le 18 décembre, des sources proches du dossier, confirmant une information révélée par Le Monde.
Une erreur s’était glissée dans une version courte de l’enquête publiée sur notre site, laissant entendre que Macky Sall avait bénéficié d’une partie de cet argent lors de sa campagne de 2012. Or les déclarations de Lamine Diack n’ont jamais impliqué directement le président sénégalais. Lamine Diack avait confirmé le 19 décembre n’avoir jamais remis d’argent au dirigeant, vainqueur du second tour de la présidentielle en mars 2012.
Fadel Barro, l’animateur du collectif « Y’en a marre », en pointe dans la mobilisation contre un troisième mandat d’Abdoulaye Wade, a reconnu dans un entretien au journal Enquête, publié début janvier, que Lamine Diack avait soutenu les militants du groupe en finançant l’achat de billets d’avion pour un forum à Paris en 2013. « Y’en a marre n’a bénéficié d’aucun soutien financier lorsqu’il s’est agi de se battre pour l’émergence d’une démocratie forte dans ce pays », a-t-il néanmoins assuré.
Source: Le monde