Le lundi dernier, le sous-préfet de Kalaban-Coro, Daha Keita a effectué une visite sur l’espace public qui fait l’objet de spéculation baptisé bien à propos « A ne pas toucher » du quartier de Koulouba. Lors de cette tournée, le représentant de l’Etat a écouté les personnes impliquées dans cette affaire qui oppose l’ancien Maire Issa Bocar Ballo aux populations du secteur. Du chef de village au représentant des jeunes en passant par les riverains au chef de quartier, tous ont pu s’exprimer librement. Malgré la détermination de l’ancien Maire de la commune à faire main basse sur l’espace, le sous-préfet de Kalaban-Coro s’est voulu rassurant quant à sa volonté de protéger l’espace des prédateurs fonciers.
Le quartier de Koulouba dans la commune rurale de Kalaban-Coro est, depuis un certain moment, secoué par un bras de fer entre les jeunes du Collectif Notre Vision du Développement. Suite à la montée en puissance de cette tension, le sous-préfet de Kalaban-Coro Daha Keita a décidé de rentrer dans la danse. De ce fait, il a jugé utile d’aller rencontrer les belligérants. A peine arrivé sur les lieux, le chef de village de Kalaban-Coro, Sidiki Traoré, a pris la parole pour souhaiter la bienvenue à toute la délégation de l’administrateur avant de rentrer dans les détails de l’affaire. « Nous avons appris que l’ancien Maire Issa Bocar Ballo se glorifie que cet espace lui ait été octroyé par la notabilité de Kalaban-Coro dont je suis toujours membre. Ce qui n’est pas la vérité. A ma connaissance, cet endroit public n’a été octroyé à personne, cet acte de Ballo est une usurpation d’un espace public qui doit être sanctionné par la loi », grommellera le vieux Traoré, qui ne cache pas son indignation et son inquiétude. Il invite alors le sous-préfet à prendre des précautions pour que cet espace, qui sert tout le quartier pour diverses activités, ne tombe entre les mains de ce grand prédateur foncier qu’est l’ancien Maire de la commune rurale de Kalaban-Coro.
Prenant la parole, le président du Collectif Notre Vision pour Développement (CNVD), Ibrahim Sanogo, a, au nom du groupe, lancé un message fort : « nous sommes là, nuit et jour, pour veiller sur cette place publique, prêts à affronter quiconque pour protéger et sauver cet endroit qui appartient à tout le secteur. Nous sommes un groupe collé, serré et soudé mais surtout incorruptible. Aucune largesse de la part de quiconque ne pourra nous faire changer de décision. », a juré le jeune Sanogo.
Selon Drissa Sidibé ancien maire de la commune rurale de Gbaignaga, dans le Wassoulou, vieux collaborateur de M. Ballo et tête de proue de la contestation, « cet espace était notre lieu de prière en 2007. Ballo lui-même, accompagné de plusieurs membres de sa famille, venait pour participer à la prière collective quand il a été élu maire de Kalaban-Coro en 2009, il nous a approchés avec le projet de construction d’un lycée sur cette place publique. Nous avons refusé et depuis, il a cessé de prier avec les autres et ce, jusqu’à maintenant ! » Pour M. Sidibé, « le projet n’est pas nouveau. C’est maintenant qu’il veut le rendre public et le concrétiser. Chose qui ne marchera pas de notre vivant ».
Le sous-préfet de Kalaban-Koro, accompagné de quelques techniciens du domaine foncier, après une visite de terrain, a promis que la population du quartier de Koulouba peut bien compter sur son soutien indéfectible. Il ajoutera qu’après plusieurs constats sur place, cet espace n’est pas à usage d’habitation ni un espace destiné à abriter un établissement scolaire. Avant de terminer, il propose de dépêcher une équipe pour aller écouter Ballo, qui vit une retraite tourmentée depuis sa disqualification par la justice de son poste de Maire pour des cas de fraudes avérés.
Il faut noter que l’ancien Maire de Kalaban-Coro, Issa Bocar Ballo est impliqué dans une affaire similaire dans le quartier de Kouloubleni avec une certaine Aminata Diallo, ancien sous-préfet de Kalaban-Coro. Là aussi, les deux complices avaient morcelé un grand espace public en 6 lots qu’ils avaient vendus à des gendarmes. Ce problème qui avait pris une tournure inquiétante a finalement été tranché par le tribunal et l’espace public « à ne pas toucher a été restitué » à son propriétaire qui n’est autre que la population.
Aliou Badra Doumbia
Source: L’Enquêteur