Si depuis la nuit des temps, il est de notoriété que le Mali est, par excellence, un pays d’une immensité et d’une diversité culturelle, force est de reconnaitre cependant que le monde de cette culture est et demeure le parent pauvre en termes de répartition du budget national.
Mais, comme dit le dicton: « il vaut mieux tard que jamais ». Après plus de trois décennies de lutte acharnée que mènent les pionniers du cinéma malien, à l’instar du doyen Souleymane Cissé, réalisateur émérite, et promoteur de « CISSE FILM », pour pallier cela une lueur d’espoir est en train de se dessiner au grand bonheur des acteurs.
En effet, l’État malien, conforme à la loi n° 068 du 18 Décembre 2017, vient d’initier un fond d’appui à l’industrie cinématographique (FAIC). Ainsi, les professionnels du secteur peuvent présenter des projets d’activités cinématographiques et audiovisuelles, et ce via des structures de production légalement constituées et enregistrées au registre public de la cinématographique du Mal dans l’optique de bénéficier du fonds.
C’est dans cette dynamique, que, toute la crème du monde du cinéma, s’était réunie le jeudi 10 octobre 2019, dans la grande salle de conférence du mémorial Modibo Kéita, et ce, dans le but de la valider les textes fondamentaux, à savoir, le manuel de sélection et le règlement général devant régir le fonctionnement dudit fond.
Si dans la salle et lors des travaux en atelier, l’on pouvait aisément remarquer la présence de plusieurs sommités du monde du cinéma malien
, au présidium cependant, autour du directeur général du fonds, le Docteur Brema Moussa, il y avait, de gauche à droite, son adjointe, madame Koné Mariam Maïga, de messieurs, Moussa Ouane, ancien directeur général du centre de la cinématographie du Mali, Sidy Diabaté, réalisateur et Salif Traoré, quant à lui, président de l’union nationale des cinéastes du Mali, non moins promoteur de la structure « SARAMAYA FILM ».
Après les présentations et salutations d’usages, le docteur Brema Moussa va présenter l’ordre du jour et insister sur le caractère scientifique des travaux à mener en toute sérénité.
Aussitôt, dit, scindée en deux groupes de travail en atelier, les professionnels du monde du cinéma, en particulier et de la culture en général, n’ont pas du tout chômés toute la journée durant. Le jeu en valait la chandelle, car, une fois validé, ce manuel de sélection doit être respecté à la lettre telle que le souhaitent le directeur du fonds, le docteur Brema Moussa et son équipe.
Après les travaux d’équipe en atelier, ce beau monde se retrouva en plénière ou tout a été minutieusement tamisé dans le but d’harmoniser les points de vue discordants et concordants des rapports respectifs.
C’est dans une ambiance bonne enfant et un climat souvent tendu, dans une salle surchauffée, que les participants ont échangé sans langue de bois et fait des observations, des recommandations, des propositions et autres pour apporter des corrections afin de parfaire les textes du document final avant validation.
Débuté à 10 heures passées de quelques minutes, c’est aux environs de 19 heures que le rapport final fut validé à l’unanimité au grand bonheur de tous.
Ce fond d’appui a pour objectif de promouvoir la création cinématographique et audiovisuelle, de valoriser et mettre à profit les acquis du cinéma malien de favoriser l’émergence et l’épanouissement des nouveaux talents et enfin de développer la professionnalisation et l’autonomisation des structures de production et d’exploitation du cinéma et de l’audiovisuel au Mali
Selon le règlement général qui sera mis en vigueur, vu le caractère souverain du fond, ne pourraient être éligibles que toute personne de nationalité malienne et toute organisation et entreprise privée de nationalité malienne exerçant dans le secteur au niveau national.
D’autre part, sont éligibles les projets de : long métrage de fiction de court métrage de fiction de téléfilms courts ou long métrage de fiction de documentaires de films d’animation de séries documentaires ou de fiction.
Concernant les entreprises, seules les structures publiques parapubliques et celles privées ou associativités du cinéma et de l’audiovisuel, détentrices de l’autorisation d’exercice de la profession, délivrée par la Direction nationale de la cinématographie du Mali, sont éligibles et peuvent prétendre bénéficier du fonds. Une commission d’examen et de sélection qui sera dirigée par le directeur du fonds en l’occurrence le docteur Brema Moussa sera bientôt mise en place pour éplucher les différents projets.
Pour ne pas se faire raconter et rater cette chance rarissime que la jeune génération de cinéastes, à l’instar de Vièye Cissé, de « FARAFINA DAMBE PRODUCTION », a participé en nombre et d’une manière disciplinée à ces travaux.
La génération intermédiaire ne pouvait en faire autrement. C’est pourquoi, de son côté, Moussa Diarra, l’estampie, réalisateur et promoteur de « TAMA SIRA GROUP » qui s’était déjà, il y a de cela quelques années, illustré sur la scène nationale et internationale avec son film fiction intitulé « Drogba est Mort » qui fut d’abord en son temps, en 2010, présenté au festival international de court métrage à Claremont-Feront, en France, ensuite primé à Barcelone, en espace au festival de Compostelle à la même année et enfin sélectionné au Fespasco au Burkina Faso, en 2011.
Dans son actualité, celui qu’on surnomme l’estampie a dans son sac plusieurs scénarios de documentaires, de films, de fictions, de courts et de longs métrages prêts et qui n’attendent que le financement pour être réalisés.
Soucieux de l’avenir de la jeune génération de cinéastes maliens, il est déjà très avancé avec d’autres jeunes cinéastes, dans la mise en place, d’un collectif, dit, du « septième art + 223 ». Ce collectif selon l’homme qui va regrouper la jeune génération de cinéastes, autour des valeurs, dont l’union, le travail bien fait, le respect des règles qui régissent le monde du cinéma, aura pour objet, entre autres, la formation, chercher l’aide au développement. Car, c’est l’union, dira-t-il qui fait la force.
C’est le lieu, de saluer l’initiative des plus hautes autorités, en l’occurrence le Chef de l’État, son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta le département de tutelle avec à sa tête, l’infatigable, ministre Ramatoulaye. Un clin d’œil à Monsieur le tout nouveau Directeur du centre de la cinématographie du Mali, et je nomme l’attentif et dynamique, Modibo Souaré à qui nous souhaitons bon vent. Ils ont eu le courage d’ouvrir enfin une petite brèche à ces hommes et femmes du septième art qui méritent d’être soutenus à hauteur de souhait pour le rôle et la place ô combien importants de la culture dans le développement d’un pays !
Comme, l’or et l’agriculture, l’industrie cinématographique peut booster l’économie de notre pays, si seulement si les pouvoirs publics en synergies d’actions avec les partenaires techniques et financiers lui accordent une attention particulière, digne de ce nom. Ceci, le Maroc, le Burkina Faso et le Nigéria l’ont compris, c’est donc conscients de la question et soucieux du développement socioculturel et économique que plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine veulent leur emboiter le pas. Notre cher Maliba, par excellence, pays de culture qui regorge des talents reconnus mondialement ne saurait rester en marge de cette nouvelle donne.
Nous osons espérer que ce fond qui vient d’être mis pour appuyer l’industrie cinématographique sera utilisé sainement afin qu’il puisse tripler dans les années qui viennent. Pendant ce temps, nos acteurs du cinéma peuvent aller réfuter leurs armes avant que le comité de gestion du fonds ne lance l’appel à candidatures de projets qui ne saurait plus tarder.
Bon vent au Fonds d’appui pour que vive le cinéma malien !!!
Tchéwi Adams Konaté
LE COMBAT