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L’indispensable ouverture sur le monde

De nombreux acteurs proposent des services de transport et logistique, à l’import comme à l’export, pour permettre aux entreprises maliennes et internationales d’acheminer produits et marchandises

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Aéroport Modibo Keïta Senou de Bamako, midi. Sur le tarmac, au pied d’un Boeing 737-800 de la compagnie Kenya Airways, c’est l’effervescence. Le chargement d’un volume d’échantillons de sérum humain, qu’un laboratoire biopharmaceutique destine à des confrères de Delhi en Inde, vient de commencer. Cet envoi « spécial » est maintenu à -80°C dans de la carboglace afin d’arriver inaltéré à destination. Un retard dans la chaîne de transport et la marchandise est perdue. Le colis est en soute. L’avion et sa cargaison s’envolent enfin pour l’aéroport de Dakar qui va prendre le relais et acheminer, via un autre vol, l’envoi jusqu’au sous-continent indien. De bout en bout de la chaîne qui a permis l’envoi de cette marchandise à bon port, il y a une société de transport logistique qui assure le « door to door », de la porte de l’expéditeur jusqu’à la porte du destinataire. Ce sont eux, qui ont estimé les coûts, fait venir de la neige carbonique, introuvable au Mali, dans un temps court, effectué l’enlèvement du paquet chez l’expéditeur, réservé une place en soute auprès de la compagnie aérienne et établi la pièce d’identité du volume, indispensable pour les formalités douanières. Ils ont étudié et anticipé les retards et tracasseries qui jouent sur les délais et les tarifs, pour que le colis soit livré à destination et dans les temps requis. Ces chevilles ouvrières de l’ombre, sont des spécialistes du transport-logistique-transit. Leur travail, enlever et livrer tout type de marchandise partout dans le monde, offrir un service de transport rapide à l’export comme à l’import et à des prix compétitifs. Ils gèrent l’ensemble des étapes d’acheminement des marchandises, que ce soit par voies maritimes, aériennes, ferroviaires ou routières.

Les routes de la soie
« Le commerce international s’effectue par terre, rail, mer, ou air, selon la marchandise et la la destination », explique Mohammed Camara, 22 ans passés chez Bolloré, aujourd’hui directeur général d’Africa Ports et représentant de la Compagnie CEVA, un leader de la logistique au Mali. Bien que sans débouché maritime, plus de 90 % du commerce international sur le Mali est effectué par mer, à travers les ports ouest-africains : Dakar au Sénégal, qui couvre 60 % du volume de trafic d’exportation, Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au Togo, Nouakchott en Mauritanie, Conakry en Guinée et Tema au Ghana. « Le transport par voie maritime est moins cher mais plus long, cela dépend des compagnies. Toutes les marchandises exportées vers le Mali, nécessitent, à partir des ports de la sous-région, des transports par route ou rail », explique Mohammed Camara. Les infrastructures routières sont insuffisantes avec seulement environ 3 000 km de routes goudronnées qui couvrent les principaux axes routiers d’échanges (Dakar et Abidjan), et une seule ligne de chemin de fer reliant les capitales sénégalaise et malienne. La plupart des marchandises qui partent de Dakar transitent par cette unique voie ferroviaire. « Le chemin de fer est la voix la plus économique, mais la ligne est vieille (période coloniale) et en mauvais état. Depuis qu’ils l’ont confiée à des privés, le niveau remonte un peu, mais les investissements restent faibles », commente le DG de Mali Ports. Par la route, les marchandises sont acheminées au port sec de Kati qui accueille tous les containers. Par voie ferroviaire, une zone franche située à Korofina, au nord-est de Bamako, permet de stocker environ 70 000 tonnes de marchandises dans des hangars. Le fret aérien qui représente environ 10 % des exportations totales, répond à une demande de livraison rapide et fiable des marchandises. L’aéroport Modibo Keïta Senou à Bamako traite pratiquement tous les chargements d’exportation. « En général, la majorité du fret aérien utilise les vols commerciaux des compagnies aériennes comme Air France, qui a aussi des vols cargo. Avec Cargolux, ces deux compagnies sont les seules sur Bamako à avoir une capacité de chargement significative », détaille Douga Koïta de l’agence EHS Logistics. Des transporteurs d’Afrique du Nord et d’autres régions africaines offrent des services de fret, mais avec une capacité de chargement plus limitée.
Les géants s’affrontent sur les prix
Les grands groupes qui proposent ces services intégrés de logistique et de fret sont souvent les mêmes qui s’occupent du transport maritime en Afrique de l’Ouest. Des leaders comme la danoise Damco (anciennement MAERSK), 1ère compagnie maritime mondiale, MSC, numéro 2, associée à Necotrans le 2ème réseau de logistique en Afrique, ou encore CGA CGM, 3ème compagnie mondiale, et Delmas, filiale de Bolloré Africa Logistics, qui domine le transport terrestre dans la région. Ces fournisseurs de services sont en compétition sur les tarifs, le temps et la qualité de service. Ils proposent des prix plus bas aux clients en cumulant le volume et en négociant des tarifs avec les agences de transport. «Les tarifs sont importants, mais ça ne fait pas tout. Si on amène une qualité de service, c’est qu’on amène un temps réduit, un savoir-faire et une fiabilité dans notre logistique », déclare Douga Koïta.
Un manque de compétitivité 
Malgré les efforts des entreprises du secteur sur les services, le système de transport et de logistique au Mali est entravé par des contraintes d’efficacité, de capacité et d’infrastructures, notamment routières et ferroviaires, qui alourdissent les frais, le temps et l’incertitude. Le pays étant enclavé, toutes les marchandises transportées par mer doivent traverser des pays voisins occasionnant des frais supplémentaires. « Les prix des transports avaient été homologués par les autorités maliennes, mais les gens font leurs petites affaires dans leur coin et il est difficile de maîtriser des coûts qui ne sont pas standards », analyse une transitaire sous anonymat. Les exportateurs doivent souvent négocier des paiements irréguliers pour libérer la marchandise ou pour qu’elle continue son chemin. La lenteur administrative conjuguée à ce marché informel pénalise la compétitivité. « Au Mali, tous les documents sont faits à la main, ça laisse pas mal de possibilités à la fraude et à la corruption. Avec un système informatique douanier, les clients feraient la déclaration de la marchandise directement dans le système. Une fois le document imprimé, il n’a plus qu’à être tamponné, payé et c’est fini. Cela résoudrait pas mal de problèmes », confie cette même source. Ces comportements plus ou moins généralisés ont pour conséquence de réduire l’efficacité logistique. Pour Douga Koita, « l’organisation du métier doit faire face à plusieurs défis. La réponse serait peut-être la création d’un ordre pour encadrer le secteur de la logistique et permettre le respect des règles par tous ». Le Mali, pays producteur, est lancé dans un processus de croissance économique par l’expansion de ses exportations qui nécessite de développer, de professionnaliser le secteur et d’attirer nombre d’acteurs du transport et de la logistique. Ces partenaires indispensables sont l’une des clés du succès qui permettra aux exportations d’affronter la concurrence sur le marché mondial et d’atteindre les zones qui offrent des opportunités de croissance.
Par Olivier DUBOIS

Source: Autre presse

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