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L’immigration, point noir des relations entre l’Algérie et le Mali

Alger joue pourtant un rôle de premier plan dans le processus de paix et de réconciliation malien. Et souhaite le garder.

Tout a commencé avec une série de reportages, montrant, images à l’appui, des migrants maliens reconduits violemment à la frontière. Des vidéos circulaient également sur les réseaux sociaux, où l’on pouvait voir des migrants maliens racontant les mauvais traitements subis dans le sud algérien, par des policiers ou des habitants des régions frontalières. En réaction, l’ambassade d’Algérie est attaquée le 15 mars dernier par un groupe de manifestants, remonté contre les conditions de vie inhumaines de leurs compatriotes en Algérie. Et, un mois plus tard, le 19 avril, une information relayée par certains médias et les réseaux sociaux, faisait état du rappel de l’ambassadeur malien à Bamako, ainsi que du consul du Mali à Tamanrasset. Ce qu’a démenti, de manière subtile, quelques heures à peine plus tard le ministère des Affaires étrangères algérien.

Aide humanitaire

Son communiqué laconique précisait que l’ambassadeur malien, Naîny Touré, avait été reçu au ministère pour s’entretenir sur les relations bilatérales et les perspectives de leur renforcement. De son côté, la diplomatie malienne a diffusé dans la soirée un communiqué allant dans le même sens, où l’on pouvait lire : « Contrairement aux informations véhiculées par un certain nombre de médias et de réseaux sociaux, il n’a jamais été question de rappel ni de l’appel en consultation de l’ambassadeur du Mali en Algérie et du consul général à Tamanrasset. » Le mystère reste donc entier sur cette affaire, certains médias, dont Jeune Afrique, citant des sources officielles, confirmant que les deux diplomates sont bien retournés à Bamako à la suite d’une « invitation »et non pas à cause d’un « rappel ».

Une confusion que l’Etat algérien souhaite à tout prix éviter. Les relations entre l’Algérie et le Mali sont très étroites, la première ayant un rôle de médiateur dans le processus de paix et de réconciliation dans le pays du Sahel. Et le gouvernement algérien veut absolument maintenir ce poids dans la politique régional, notamment dans la résolution politique de la crise au nord du Mali, face à la France qui est à l’origine de la création du G5 Sahel, une organisation à laquelle l’Algérie n’entend pas participer malgré plusieurs appels du pied de Paris. C’est d’ailleurs en gage de sa bonne foi qu’Alger a envoyé plusieurs convois d’aide humanitaire aux réfugiés maliens, fin avril, dans les camps de Mbera, à la frontière entre le Mali et la Mauritanie. Des aides comprenant médicaments et autres denrées alimentaires, ainsi que des produits de nettoyage. Pour un totale d’environ 30 tonnes.

Lapsus algérien

Des représentants du ministère algérien de l’Intérieur ont de leur côté multiplié les interviews, afin d’expliquer la politique migratoire de l’Algérie, rappeler que le pays est en proie à une véritable menace terroriste et qu’il était de facto du devoir de l’Etat de protéger ses frontières. Dans les médias publics nationaux, le responsable de la migration au sein du même ministère de préciser que la lutte contre l’immigration clandestine faisait partie du programme de protection des frontières. « Environ 500 migrants par jour rentrent sur le territoire algérien et ce nombre préoccupe au plus haut niveau les autorités, car le phénomène cache en réalité des visées d’ingérence et de militarisation des espaces » précisait-il notamment. Les réseaux de passeurs d’Agadez (Niger) qui s’activent vers la Libye et l’Algérie versent effectivement dans le financement du terrorisme et de la contrebande.

Concernant la maltraitance des populations maliennes immigrées en Algérie, les autorités algériennes rétorquent que plus que 14 000 Subsahariens ont étés sauvés des réseaux de mendicités grâce aux efforts de la police. En revanche, 30 000 Maliens et 20 000 Nigériens ont été condamnés ces 5 dernières années pour crimes et délits, selon les derniers chiffres officiels. Des mesures ont été prises, en coordination avec le Croissant rouge algérien, pour rapatrier ces migrants en situation irrégulière à partir des grandes villes – notamment Oran, Annaba et Alger -, où de nombreux heurts ont eu lieu. Les rapports entre les populations subsahariennes et algériennes ont pu être assez tendus, voire violentes, ces derniers temps. La notion du « vivre ensemble » n’étant pas toujours évidente, surtout du côté des Algériens, qui appellent ces migrants « les Africains »… Oubliant qu’eux-mêmes le sont.

Source: lemonde-arabe.fr

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