Annoncé pour le début janvier 2015, puis sans cesse renvoyé à de nouvelles échéances jamais tenues, le cinquième round des pourparlers inter-Maliens d’Alger s’est enfin ouvert officiellement le 16 février dernier. Sans pouvoir réunir depuis les protagonistes autour de la même table et entrer dans le vif du sujet.
Annoncé pour le début janvier 2015, puis sans cesse renvoyé à de nouvelles échéances jamais tenues, le cinquième round des pourparlers inter-Maliens d’Alger s’est enfin ouvert officiellement le 16 février dernier. Sans pouvoir réunir depuis les protagonistes autour de la même table et entrer dans le vif du sujet.
Les reports incessants de dates pour la reprise des discussions de paix entraient dans la stratégie des séparatistes : conquérir par les armes le plus de localités possibles dans les régions de Gao et Tombouctou, en plus de celle de Kidal tombée dans leur escarcelle depuis le 21 mai 2014 de triste mémoire pour la nation malienne et se présenter ainsi en position de force accrue dans la capitale algérienne pour faire constater et entériner la partition du Mali par la communauté internationale.
Cette stratégie d’extension de sa zone de contrôle a échoué grâce à la combativité, à la détermination et à l’efficacité des forces patriotiques que sont le GATIA, la CM-FPR, le MAA-loyaliste, la CPA et le MPSA, regroupées au sein d’une plateforme.
Pire : les séparatistes ont subi des défaites sévères, se traduisant par des pertes énormes en hommes et en matériels et ont été contraints d’abandonner plusieurs de leurs positions.
C’est pour éviter une débâcle humiliante, qui aurait sonné le glas de la rébellion, qu’un certain Général Chirstian Thibault, décrit comme chef d’Etat-major de la MINUSMA, a eu l’idée de créer, en complicité avec eux, la fameuse » zone temporaire de sécurité » incluant Tabankort aux mains des forces patriotiques et unionistes et excluant Kidal sous le joug des bandits armés de tous bords.
Si elle avait été effective, aucune activité militaire n’aurait pu être menée à partir de Tabankort, mais les bandes armées de tous poils qui occupent illégalement Kidal et y sévissent, auraient pu, elles, continuer en toute quiétude à multiplier les actes de guerre contre le Mali et massacrer les populations civiles innocentes dont la protection est précisément l’une des missions essentielles de la MINUSMA.
En agissant de la sorte, l’officier français, qui commande les troupes onusiennes au Mali, ne s’est pas seulement fourvoyé dans un acte contraire à l’esprit et à la lettre de sa mission. En signant un document mettant en péril la sécurité du Mali avec les bandes armées kidaloises, il a conféré à celles-ci légitimité et respectabilité et, a contrario, posé un geste de mépris envers les autorités politiques et militaires maliennes superbement ignorées dans l’opération. En fait, tout s’est passé comme si dans la tête du général Thibault, Kidal est déjà un Etat à part, qu’il faut traiter avec considération et délicatesse, même un peu au-dessus de l’Etat malien.
Toutefois, face à la condamnation unanime du peuple malien mobilisé et uni comme un seul homme, la MINUSMA a été obligée de reculer et de déclarer nul et non avenu l’arrangement convenu avec le MNLA et le HCUA. Lesquels, mesurant parfaitement la portée de cette décision au double plan militaire et symbolique, ont fait de son rétablissement la condition sine qua non de leur présence à Alger. Retardant ainsi un peu plus le démarrage du cinquième round.
Les revers subis sur le terrain, l’échec de la tentative de la MINUSMA de renverser la situation en leur faveur par un accord scélérat, en rupture avec les Résolutions du Conseil de sécurité des Nations-unies et contraire aux intérêts du Mali, auxquels sont venus s’ajouter les départs de plusieurs chefs militaires dont le plus important est le Colonel Hassane Ag Medhi; enfin le ralliement ces dernières heures aux unionistes de Ali Idriss Hamaha, le leader de la dissidence du Mouvement Arabe de l’Azawad ( MAA) sont des signes d’une fragilisation voire d’une décomposition avancée du camp des séparatistes kidalois.
Il ne leur reste d’autre choix que de retourner à la table des négociations, ce qu’indique clairement un accord de cessation des hostilités qu’ils se sont résignés à signer, jeudi 19 février, avec les groupes de la plateforme irrémédiablement acquis à la cause de l’unité du Mali.
C’est donc en position de faiblesse que les séparatistes kidalois abordent cette cinquième phase du processus de règlement politique d’Alger.
Pour la première fois depuis l’occupation en 2012 du nord du Mali par des rebelles locaux alliés à des jihadistes étrangers, un accord de paix est à portée de mains qui préserve l’intégrité territoriale, la forme républicaine et le caractère laïc et démocratique du Mali. Toutes choses sur lesquelles les autorités légales du Mali n’entendent pas transiger.
Toutefois, la signature d’un accord de paix ne signifie pas la paix restaurée. Au cours des vingt dernières années ont été signés les accords de Tamanrasset ( 1991) le pacte national (1991) l’Accord d’Alger (2006). Ils n’ont pas empêché, malgré de vigoureuses mesures d’accompagnement, des soulèvements armés (essentiellement dans la région de Kidal) qui ont mis à mal la stabilité du pays, provoqué des drames sociaux à grande échelle et, pour finir, conduit à l’occupation de la majeure partie du territoire national par des bandes criminelles avec les conséquences que l’on sait : coup d’Etat militaire, destruction de l’économie, perte de souveraineté nationale, etc.
Qu’en sera-t-il de » l’accord de paix global et définitif » qui sortira, dans les semaines à venir, des pourparlers d’Alger ? A la différence des précédents qui étaient supervisés et, par là-même, garantis par le seul gouvernement algérien en sa qualité de » facilitateur » l’accord à venir sera le fruit d’une médiation internationale ( Pays dits du champ, CEDEAO, UA, UE, ONU) conduite par le pays hôte, l’Algérie.
C’est un changement de donne majeur. Ces pays et institutions doivent pouvoir faire respecter les décisions qu’ils auront contribué à faire accepter aux parties en conflit.
La tâche ne sera pas aisée. Elle ne sera pas, loin s’en faut, » un ouvrage de broderie pour vieilles filles stériles » comme l’écrivait Mao Zedoung. Elle consistera à transformer des groupes armés, qui n’ont jamais connu que la violence et la guerre, en partis politiques qui vont solliciter les suffrages des populations et gérer les affaires des collectivités par des moyens pacifiques. Elle consistera à convertir des mercenaires et brigands du désert en respectables acteurs du développement et serviteurs désintéressés de l’intérêt public.
Il s’agira surtout de métamorphoser en havre de paix, de sécurité et de prospérité l’un des endroits les plus arides du monde, offrant très peu d’opportunités économiques et terre bénie de toutes sortes d’activités criminelles transfrontalières ( prises d’otages, trafics de drogues, d’armes de guerre, d’êtres humains…)
Toutes choses dans lesquelles le Mali a, jusqu’ici, montré ses limites. Malgré de réels et louables efforts. Voire sacrifices.
Saouti L HAIDARA
source : L’Indépendant