Un accord a été trouvé entre les parties tunisiennes et libyennes pour la reprise lundi du trafic commercial au poste-frontière de Ras Jedir, paralysé depuis la fin avril, a-t-on appris samedi auprès des autorités régionales tunisiennes.
Cet accord, conclu vendredi soir au terme d’une réunion de plusieurs heures, prévoit l’instauration d’une taxe douanière unique pour les marchandises, a précisé Tahar Matmati, gouverneur de Médenine, dont fait partie Ras Jedir.
Dans le but d’éviter de nouvelles tensions, une commission mixte de suivi va être mise en place, a-t-il également noté. Ce point avait déjà été évoqué jeudi par le gouvernement d’union nationale libyen, dans le sillage d’un entretien à Tunis entre le Premier ministre désigné, Fayez al-Sarraj, et le président tunisien Béji Caïd Essebsi.
Cité par l’agence de presse libyenne LANA, un responsable de la localité libyenne de Zouara a de son côté signalé que le trafic des passagers avait lui été pleinement rétabli dès samedi.
Après avoir été entravé durant deux semaines, il était relativement soutenu dans l’après-midi, avec plusieurs files de véhicules de particuliers patientant sous le chaud soleil, en présence des forces de l’ordre, d’après un correspondant de l’AFP.
Le trafic commercial à Ras Jedir, principal poste-frontière entre les deux pays, était lui totalement bloqué depuis fin avril, à l’initiative des autorités locales libyennes, qui protestaient notamment contre les modalités d’entrée des produits libyens en Tunisie.
Ce blocage a entraîné de vives protestations dans la ville tunisienne de Ben Guerdane, voisine de la Libye et qui vit essentiellement du commerce transfrontalier, y compris de contrebande, à l’image de l’ensemble du sud-est tunisien.
Une grève générale avait été strictement observée mercredi à l’appel du puissant syndicat UGTT. “Nous voulons des solutions radicales à Ras Jedir. Les gens sont très mécontents”, avait prévenu son responsable local, Mohsen Lachiheb.
Deux jours plus tôt, des centaines de personnes avaient déjà manifesté, avant leur dispersion par les forces de l’ordre à l’aide de gaz lacrymogènes.
La Tunisie et la Libye partagent quelque 500 km de frontière, essentiellement désertiques. Inquiet du chaos libyen, qui a permis au groupe Etat islamique (EI) de s’implanter, le gouvernement tunisien a lui-même fermé à deux reprises cette frontière ces derniers mois –à chaque fois pour 15 jours–, après des attaques jihadistes sur son sol.
Il a également construit sur quelque 200 km un “système d’obstacles” constitué de fossés et de monticules de sable, pour tenter de renforcer la sécurité.
La Tunisie compte des milliers de ressortissants au sein de groupes jihadistes, en Syrie, en Irak ainsi qu’en Libye. Il a été frappé en 2015 par trois attentats majeurs de l’EI, qui ont fait 72 morts.
Le 7 mars, des dizaines de jihadistes ont par ailleurs attaqué des installations sécuritaires de Ben Guerdane. Treize membres des forces de l’ordre, sept civils et 55 extrémistes ont été tués.
Les autorités tunisiennes ont procédé cette semaine à un vaste coup de filet antiterroriste, arrêtant 37 personnes dont certaines impliquées, selon elles, dans cette série d’attaques sanglantes.