Le gouvernement malien a entamé depuis le lundi 3 mars une opération de déguerpissement des voies publiques à Bamako. Elle va continuer jusqu’à la libération totale de toutes les artères principales du district de Bamako.
Depuis quelques semaines, le ministre du Commerce et celui de la Sécurité, en partenariat avec les chefs coutumier de Bamako, les associations et syndicats des commerçants et des transporteurs, avaient entrepris une campagne de sensibilisation des populations afin qu’elles libèrent les voies publiques avant le 3 mars, délai de rigueur.
Si certains commerçants ont compris le message et ont fait leurs cartons avant le jour « J », d’autres n’ont pas hésité à faire la sourde oreille, à leur risque et péril.
Un dispositif impressionnant de sécurité
Annoncé à grand renfort de publicité, puis reporté par deux fois, la troisième fois aura été la bonne. Le 3 mars, les marchands ambulants et ceux installés sur les trottoirs ont été délogés par les forces de l’ordre. Du coup, nombreux sont ceux qui constatent que la circulation a été rendue fluide au Grand marché de Bamako. Du moins, pour le moment.
Sur la voie située entre l’Institut national des arts (INA) et la Grande mosquée, un bulldozer est à l’œuvre. Tous les magasins et hangars jugés encombrants par les agents de la mairie sont démolis. Deux véhicules de gendarmerie assurent leur protection. Là, ce sont des gravats et des produits de beauté qui sont éparpillés.
Cette opération est appréciée diversement. Assise devant sa maison, une vieille dame du nom d’Oumou Koné note que « c’est la troisième fois que je vois ça ». Comme pour dire que ça ne sera pas la dernière.
Son baluchon sur la tête, Isaac Koïta, un commerçant, affirme : »Les jeunes n’ont pas de travail où voulez-vous qu’ils aillent ? Donnez-leur du travail et ils quitteront ces lieux. Moi, je n’ai voté pour personne et je n’avais pas tort ».
« Si ce n’est pas au Mali, dans quel pays peut-on s’asseoir sur la route pour vendre. C’est normal et c’est juste », martèle un autre tranquillement assis devant sa boutique.
« Tout ce qui est entrepris au nom de l’intérêt général est bien. Nous ne pouvons pas embellir notre ville si chacun de nous ne fait pas un sacrifice. Les autorités doivent honorer leurs engagements pour éviter toute tension à l’avenir », nous confie un leader du Syndicat des commerçants détaillants qui a préféré garder l’anonymat. A l’en croire, tous les groupements de commerçants et transporteurs ont été associés à cette opération.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette opération permettra à Bamako de respirer s’il s’inscrivait dans la durée. Ces dernières années, le centre de Bamako se caractérisait par une occupation anarchique indescriptible. Une anarchie créée par les commerçants détaillants ou ambulants, mais aussi par les usagers de la route.
C’est dans le but de décongestionner les voies publiques de la capitale que les autorités, depuis quelques semaines, avaient entrepris des concertations avec les associations et syndicats des commerçants détaillants et des transporteurs en commun afin d’aboutir à un plan de déguerpissement de ceux qu’on appelle les « occupants illégaux » de la route.
Il s’agit des vendeurs à la sauvette et des propriétaires des kiosques qui obstruent la voie publique et rendent difficile, voire insupportable la circulation dans la capitale.
L’Etat a consenti, ces dernières années, d’énormes efforts financiers afin de décongestionner les voies publiques du district. Le boulevard du Peuple a été réhabilité, un anneau pour les transports en commun ou « Anneau Sotrama » a été réalisé et des marchés reconstruits.
Une source proche de la mairie du district indique qu’une dizaine de milliards de nos francs ont été investis dans ce projet. Mais cela n’a pas empêché les « commerçants informels » d’occuper es voies publiques, malgré des descentes musclées ponctuelles qu’effectuaient les forces de l’ordre sur les lieux pour les déguerpir.
Les nouvelles autorités semblent décidées à régler cette situation qui n’a que trop duré. Et définitivement.
A. Diakité