En 2017, les Etats-Unis avaient demandé au gouvernement de mener une enquête « crédible et transparente » après la découverte de 25 corps dans trois fosses communes dans la région de Mopti et la reconnaissance, par le ministre de la Défense, de l’implication de « certains personnels » de l’armée. Aussi, l’Union européenne a également fait part de sa préoccupation face à cette situation.
Les corps de 25 personnes ont été retrouvés dans le Centre du Mali après une série d’arrestations par l’armée malienne, selon certaines sources.
L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal a affirmé dans un communiqué que, « lors d’une opération de l’armée malienne dans les localités de Kobaka et Nantaka, (région de Mopti), 25 personnes issues de la communauté peulh ont été arrêtées ».
« Les riverains alertés par les coups de feu ont effectué par la suite un ratissage dans les environs », découvrant « trois fosses communes contenant au total 25 corps », selon Kisal, qui a fourni une liste nominative de 18 personnes identifiées et « s’indigne contre cette énième exécution de trop ».
« Dans la première fosse, il y avait sept corps. Dans la deuxième 13, et cinq autres dans la troisième », a précisé Oumar Diallo, membre de Tabital Pulaaku.
Du côté du gouvernement, une source au ministère de la Défense avait démenti « ces accusations d’exécutions sommaires », ajoutant qu’une enquête avait été ouverte.
Selon un habitant de Nantaga, Hama Kelly, à leur arrivée dans le village des militaires ont commencé par arrêter toute personne qu’ils rencontraient. « Ils ont récupéré leurs téléphones portables et cartes d’identité. C’est après que les Songhaï ont été libérés, mais tous ceux qui sont peulhs sont restés avec eux », avait-il déclaré.
Le président de Tabital Pulaaku, a confirmé : «… une milice armée à la recherche d’animaux volés est tombé dans une embuscade dans un petit village du nom de Tekere Finadji. Echanges de tirs. Cinq personnes sont tuées et au moins sept autres blessées ».
De son côté, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) estimait que la côte d’alerte est atteinte. « L’instabilité fait des ravages. Au cours du seul mois d’avril 2017, plus de 200 personnes ont perdu la vie au Nord-Est et au Centre du Mali. Du 1er janvier au 31 mars 2018, au moins 316 personnes sont mortes dans notre pays, du fait de l’insécurité », a indiqué parti de Tiébilé Dramé.
32 victimes à Koumaga
Le cycle infernal continu ! Le samedi 23 juin 2018, 32 civils peulhs ont été tués dans le village de Koumaga (Djenné) au cours d’une attaque attribuée à des chasseurs traditionnels (Dozo), selon l’association peulh Tabita Pulaaku.
«Des gens habillés en Dozo, sont arrivés dans le village de Koumaga, dans le cercle de Djenné (Mopti). Ils ont encerclé le village, isolé les Peulhs des autres communautés et, froidement, ils ont tué au moins 32 civils. Dix autres sont portés disparus », a déclaré le président de cette association, Abel Aziz Diallo.
Les Peuls dénoncent régulièrement des exactions à leur encontre, au nom de la lutte contre les djihadistes, de la part de groupes de chasseurs traditionnels, tolérés voire encouragés selon eux par les autorités, ou de l’armée…
Ces derniers mois, les annonces par l’armée malienne de la « neutralisation de terroristes » dans le Centre ont souvent été contestées par les organisations de défense des droits de l’homme et par des habitants, qui dénoncent des exécutions extrajudiciaires.
« Ce qui se passe est très grave. Il faut éviter les amalgames. Ce n’est pas parce qu’on est peulh qu’on est djihadiste », a déclaré Abdel Aziz Diallo. Selon le président de l’association Tabila Pulaaku, il avait informé les autorités maliennes de l’imminence de l’attaque et « c’est seulement après les faits que l’armée malienne s’est rendue brièvement sur les lieux ».
Source: L’ Aube