Connu pour une liberté de pensée et d’action que lui reprochent souvent ses camarades, le député Yaya Sangaré, porte-parole du Comité Exécutif, peut manquer de tout sauf de franc-parler. Il s’en est comme toujours illustré à quelques jours d’une réunion très décisive de son parti, en se confiant à nous au sujet du grand débat sur la candidature de l’Adema à la présidentielle 2018.
Le Témoin : Comment se porte le parti Adema-PASJ ?
Yaya Sangaré : Je voudrais commencer mes propos par rendre un vibrant hommage aux fondateurs de ce grand parti qui, malgré les vicissitudes de l’histoire, se sont battus contre vents et marées pour installer cette formation politique porteuse des grandes valeurs démocratiques, républicaines, surtout culturelles de ce beau pays millénaire. En effet, l’Adema-PASJ se porte assez bien. Je voudrais par la même occasion remercier et féliciter tous ceux et toutes celles qui ont eu à diriger ce parti depuis sa création jusqu’à nos jours et qui ont vaillamment défendu les valeurs qui ont prévalu à sa création. Autant, pour des raisons diverses, il y a eu des départs, autant nous ne cessons d’enregistrer, partout dans nos bases, des adhésions remarquables tant par le nombre que par la qualité.
LT : Même après avoir perdu le pouvoir d’état en 2002 ?
YS : Oui, l’enthousiasme et la mobilisation des militants à la base autour du parti prouvent, si besoin était, que le parti Adema-PASJ demeure encore vivace dans le cœur de la grande majorité des maliens. Il se consolide malgré l’émiettement du paysage politique et poursuit son ancrage dans le pays. Le parti est plus que jamais déterminé à occuper la place de première force politique et sociologique, en relevant et en surmontant tous les défis qui se présentent à lui. Il continuera à compter, pour longtemps encore, dans les grandes décisions qui engagent le Mali et les Maliens.
LT : Quelle appréciation faites-vous du bilan du parti depuis la perte du pouvoir d’état en 2002, après la perte de votre suprématie électorale, les problèmes de leadership et querelles intestines qui affectent votre crédibilité auprès des Maliens ?
YS : Beaucoup de choses se racontent sur notre parti, mais nous assumons notre bilan tant sous Alpha Oumar Konaré – quand le peuple souverain du Mali nous avait confié en toute responsabilité sa destinée – que dans l’accompagnement de nos successeurs à la tête du pays. Parce qu’à l’Adema-PASJ, nous avons parié sur le Mali, sa stabilité, le confort de sa démocratie. Rien, aucune critique ne nous détournera de cette conviction. Aujourd’hui, tous les militants du parti se doivent d’être fiers des grandes réalisations effectuées sous Alpha Oumar Konaré et des contributions de qualité de leur parti à tous les chantiers de développement pour le bien-être des Maliens. Nous acceptons les erreurs d’appréciation qui ont émaillé notre gestion, mais nous avons jeté de solides bases sur lesquelles les régimes successifs se sont appuyés pour relancer le Mali qui avait souffert du parti unique et de la soldatesque de Moussa Traoré.
Pour aborder l’aspect de votre question relatif aux contreperformances de notre parti aux compétitions électorales, j’estime que cela relève d’une lecture partielle et quelque superficielle des résultats électoraux. La perte du pouvoir – ou le spectre de perte du pouvoir d’état – a entraîné la dislocation du parti en donnant naissance à d’autres formations politiques animées par des cadres qui se trouvaient à des niveaux assez stratégiques dans la gestion du pouvoir d’Etat et du parti. Et ces nouveaux partis ont tous puisé dans l’électorat qui nous est commun, mais je puis vous assurer que la base de l’Adema est restée intacte dans son ensemble. Nous sommes pratiquement le seul parti politique du Mouvement démocratique à survivre, malgré toutes les tentatives de sabordage. Il est vrai que notre parcours a été jalonné de hauts et de bas, de déchirures profondes, mais avec une constante à la clé : le parti a toujours su sortir la tête de l’eau, chaque fois qu’on a tenté de prononcer son oraison funèbre.
Il en a été ainsi à chaque départ de camarades de premier plan, comme à la veille de chaque grande élection déterminante pour l’avenir et le devenir de la nation. De la majorité absolue des députés, sinon de la quasi-totalité des sièges à l’Assemblée nationale, le parti est ramené aujourd’hui à 14 députés sur 147. À y regarder de près, ce chiffre n’est pas inquiétant et peut même être assimilé à un exploit car il ne reflète pas la réalité du terrain. Beaucoup de choses ont été tramées sur son dos, à l’interne comme à l’extérieur, au cours des élections générales de 2013. Toutes les contre-performances du pays et tous les avatars politiques ont été mis au compte de l’Adema-PASJ dans le but de le discréditer aux yeux de l’électorat. Des résultats sortis des urnes ont été falsifiés avec l’aide de personnalités insoupçonnées dans ce genre de fraudes et à coups de trahisons de la volonté populaire.
Je me félicite donc des résultats obtenus lors des législatives de 2013 tout comme de ceux des communales de 2016. Tout avait été mis en œuvre par les putschistes de Kati et leurs suppôts politiques pour enterrer l’Adema-PASJ. C’était sans compter avec la volonté de Dieu, la baraka de ses fondateurs et la détermination de ses militants plutôt aguerris de cet acharnement et qui ont prouvé à la face du monde – lors des communales notamment – que leur formation demeure la mieux organisée et la mieux structurée. L’Adema est comme un roseau : il se courbe mais ne se casse jamais. Chaque fois que le parti est allé à une compétition électorale uni, il a relevé le défi et l’a gagnée ; chaque fois aussi que nous sommes partis dispersés et divisés, nous avons tout perdu. C’est cette leçon que tous les militants sincères et engagés du parti doivent garder à l’esprit. Donc, notre challenge aujourd’hui c’est la cohésion, la combativité dans la solidarité.
LT : Quid de la candidature du parti à la présidentielle ?
YS : Quelle que soit l’issue des débats en cours sur ce sujet, l’Adema-PASJ sera au rendez-vous électoral en 2018. Sous la meilleure forme qui permettrait au parti de stabiliser le pays et de conforter sa position politique. Il est vrai que la décision est impatiemment attendue par tous, d’autant qu’elle peut beaucoup influer sur le cours des événements et même impacter sur le devenir du pays. Je voudrais rappeler que l’Adema-PASJ n’a pas que des amis sur l’échiquier politique, il en a d’ailleurs peu. Pourtant, il est courtisé de toutes parts, souvent par ses pires ennemis.
Pour quelle raison et pour quel intérêt ? Le peuple Adema ne doit se définir que par rapport à lui-même dans ce débat. C’est pourquoi notre décision doit être mûrement réfléchie et nous devons sortir des tranchées et des agendas personnels pour le bénéfice exclusif du Mali. Pour cela, l’Adema ne servira de cadre de règlement de comptes pour qui que ce soit. Comme l’a si bien rappelé le penseur, chacun est libre de cracher dans sa propre assiette de soupe s’il tient vraiment à en rehausser un peu le goût, mais il n’est pas vraiment bienséant de le faire dans celle du voisin.
Nous croyons encore aux vertus du dialogue et nous pensons qu’il est encore possible, dans notre parti, de résoudre nos divergences sans faire usage de tout ce auquel nous assistons aujourd’hui par presse interposée ou sur la place publique. Mais, hélas !, le ver semble être déjà dans le fruit. Faisons donc attention car j’ai l’impression que des hommes politiques en connivence avec certains leaders religieux sont en train de tout mettre en oeuvre pour sonner le glas du pouvoir en place et le supplanter. Nous avons l’obligation morale de le défendre parce que nous en faisons partie à travers nos plus hauts dirigeants et sommes de ce fait comptables. Nous devons rester loyaux.
Oui, il y a des gens parmi nos cadres qui sont bourrés d’égoïsme et d’égocentrisme dont nous devons nous méfier. Ils sont passés à une vitesse supérieure qui ressemble à la surenchère politique. Ils sont sournois et parfois dangereux et se recrutent tant dans la classe politique que dans la sphère religieuse. Au regard de toutes ces menaces qui pèsent sur le pays, et en raison de l’exacerbation actuelle des positions politiques, l’Adema doit rester un arbitre attentif et se battre pour éviter que la calebasse “Mali” ne se brise. Avec quatre ministres au gouvernement, tous des membres de premier plan du Comité Exécutif, ce débat ne mérite pas de traîner. Autant rien n’obligeait le parti d’entrer au gouvernement en début de mandat, autant il avait toute l’opportunité de le quitter après la démission du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, en moins de sept (7) mois de l’élection présidentielle.
Mais en acceptant d’être dans un gouvernement constitué politiquement et stratégiquement pour la réélection de l’actuel Président de la République, l’Adema s’est lié et est obligé désormais de rester loyal et logique. Si une décision contraire à la logique actuelle était prise, ce serait un désaveu pour le Président du parti, ministre des Mines et du Pétrole, et de tous ceux qui l’accompagnent dans le gouvernement. Surtout que cela ressemblerait à une insuffisance du Professeur ministre. Dans ce cas d’espèce, cela révélerait soit qu’IBK a eu la main malheureuse dans le choix des cadres pour siéger au gouvernement au nom de notre parti, soit ceux qui sont au gouvernement ne jouent pas franc-jeu ou sont incapables d’orienter et d’entraîner les abeilles dans la direction voulue.
LT : Le débat sur la candidature interne à la présidentielle de 2018 ne risque-t-il pas de faire éclater encore votre parti qui a donné déjà naissance à plusieurs autres formations politiques qui ont aujourd’hui pignon sur rue ?
YS : Non, je pense que l’Adema n’a pas besoin d’une nouvelle crise, surtout quand elle ne résulte pas de divergences idéologiques fondamentales. Pour cela, il doit en finir avec les procès d’intention qu’il s’inflige, les guerres fratricides que ses responsables se livrent depuis quelques temps sur la candidature du parti à la prochaine élection présidentielle. Au risque de se ridiculiser ou d’affecter la cohésion indispensable pour le maintien du parti dans le peloton de tête des formations politiques du pays, le débat en notre sein ne devrait pas se focaliser sur la raison ou le tort d’une tendance.
Il n’y a pas lieu non plus de se demander si le parti doit produire un candidat interne pour l’élection présidentielle de 2018, quel qu’en soit le coût et le prix à payer, ou de poursuivre avec IBK dont nous partageons le bilan du quinquennat. Le parti Adema doit rester lui-même, un parti qui oeuvre pour la stabilité du pays, qui a souci du Mali au détriment d’une nouvelle aventure risquée. L’Adema se doit alors d’être une force unie de propositions sur une nouvelle gouvernance axée sur le bonheur des Maliens et l’honneur du Mali. Les Ademistes, dans leur ensemble, doivent œuvrer à un Mali pacifié, réconcilié avec lui-même, un pays où les droits fondamentaux des citoyens sont strictement respectés, un pays où les dépenses publiques sont mieux maîtrisées, où règne la confiance entre les citoyens et l’Etat avec tous ses démembrements ainsi que ses élus.
L’Adema peut et doit être cette force de conviction capable de transcender l’esprit partisan au profit de l’intérêt collectif, avec un projet clair, réaliste et efficace pour le pays.
Car l’Adema est le seul parti capable de construire un tel projet. Avec tout le traumatisme subi, l’Adema doit se donner le temps et les moyens pour se requinquer. Il ne doit pas manquer le rendez-vous d’Avril, qui doit être véritablement l’acte premier de la reconquête des esprits. Juillet 2018 se négociera sur la base des résultats d’Avril. Alors, de grâce, je supplie mes camarades de ne point tuer l’Adema-PASJ !
LT : Pourtant on assiste à ce qui ressemble à des annonces de candidatures avec des poids lourds de votre parcours….
YS : Tous ceux qui s’agitent aujourd’hui pour une éventuelle candidature interne du parti ont été ou sont presque tous des proches collaborateurs d’IBK. Ils sont ou ont été ministres, PDG, directeurs nationaux, membres de cabinet. Pire, ils ont occupé ces postes sans l’aval du parti Adema-PASJ, pour certains pour déstabiliser le parti. Ils ont accepté ces postes sans en référer au parti. Ils sont ou ont été à ces postes en raison de leur affinité avérée ou supposée avec IBK et ils s’en glorifiaient à l’époque. Pour les mêmes raisons ou pour des insuffisances de résultat, ils ont été débarqués. Ce sont ces individus qui – pour certains ont combattu à visage découvert les candidats du parti à une période encore récente et pour d’autres souverainement méprisé le parti – se positionnent aujourd’hui comme des défenseurs de la cause partisane. Des frustrés ? Des déçus ? Des insatisfaits ? J’en ris et je les invite à être sincères et honnêtes avec les militants. L’Adema-PASJ ne saurait servir d’instrument de règlement de compte de qui que ce soit. L’Adema n’est malheureusement pas une “moutonnière”, mais une “ruche.”
LT : L’Adema-PASJ ressemble à un bateau sans véritable commandant de bord. C’est du moins l’image que vous renvoyez. Qu’en dites-vous ?
YS : A l’Adema-PASJ, nous sommes des démocrates et ce qui compte avant tout pour nous, c’est la paix sociale. A l’Adema-PASJ, nous sommes un parti de masse, un parti de débats qui rejette le monolithisme, la pensée unique. Toutes les opinions peuvent s’exprimer librement dans la courtoisie et dans le respect des textes qui règlementent la vie du parti. Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, c’est pourquoi, en toute sérénité et en toute responsabilité l’Adema parviendra, in fine, à se conformer au contenu et à l’esprit de la déclaration politique issue de la retraite de son Comité Exécutif, laquelle a conclu sur la nécessité d’inscrire ses actions dans le cadre d’une coalition forte de partis, fondée sur une Nouvelle Offre Politique, condition indispensable à toute victoire en 2018. A cette fin, le Comité Exécutif est invité à élaborer, dans les meilleurs délais, un projet de plateforme politique assortie d’un programme minimum de gouvernance. Cette plateforme servira de base de négociation avec d’autres acteurs de la vie politique autour des conditions de soutien au candidat rassembleur et consensuel issu des rangs du Parti, le cas échéant, du candidat issu de la coalition d’un ensemble de partis politiques.
Ce débat doit se mener sans interférences, même si je reconnais que les moments sont tourmentés, que les inquiétudes et les incertitudes sont compréhensibles. En tous les cas, dans la vie, il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire; quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire.
LT : On a comme l’impression que vous avez choisi IBK avant la décision de votre parti…
YS : C’est un discours que j’ai souvent entendu et qui m’amuse. Prêtons aux autres un peu de dignité, de savoir-faire et d’intelligence et évitons les dénigrements, les calomnies, les hystéries, les faux complots, les procès d’intention qui ne doivent pas devenir des normes de nos actions politiques. Nul ne peut cacher le soleil….avec sa main. Il y a eu beaucoup de colportages sur ce sujet, mais je répondrais, Inch’Allah, à ses détracteurs au moment opportun. Mais, d’ores et déjà, je leur rappelle qu’ils ne peuvent pas me divertir. Ce n’est pas moi qui décide de quoi que ce soit, c’est plutôt ceux qui ont choisi de l’accompagner à travers déclaration et lettre officielle. Je rappelle que c’est tout le gotha du Comité Exécutif qui est ou a été dans le gouvernement à des postes de responsabilité très élevés. Qu’on ne me dise pas que ces gens-là ne soutiennent pas le président de la République, IBK. La loyauté l’exige et la morale l’impose. A l’Adema, on a souvent l’impression que les pieux mangent les lions.
Mieux, nous sommes de l’internationale Socialisme qui un mouvement international pour la liberté, la justice sociale et la solidarité. Son but est de parvenir à un monde pacifique où les valeurs de liberté, de justice sociale et de solidarité pourront être renforcées, et où chaque individu pourra vivre une vie digne, promettant le plein développement de sa personnalité et de ses talents, avec la jouissance des droits civiques et humains que peut garantir une société démocratique. Cela doit guider toutes nos analyses et nos choix au-delà des individus. De tout mon parcours, je ne cherche point à faire plaisir ou pas. Par contre, je désire que mes actes servent à construire des actes plus vigoureux, plus positifs, à déconstruire des images négatives, des conceptions erronées. Ça peut parfois heurter, mais c’est comme ça.
LT : Est-ce que la base de votre parti suit le Comité exécutif dans cette logique ?
YS : Dans les jours à venir, le CE se propose d’entreprendre une vaste campagne d’information et de sensibilisation des militants à la base pour travailler avec eux sur le renouveau de notre pays, poursuivre la formation politique et civique des élus, surtout des jeunes et des femmes du parti aux fins de leur préparation à assurer la relève et de leur implication responsable dans les activités et décisions du parti. Depuis le dernier congrès, le parti est dans une dynamique de croissance et d’ouverture pour la construction d’un pôle de gauche. Nous nous devons de redoubler d’ardeur pour mieux nous préparer afin d’affronter le futur. La vie des organisations politiques est ponctuée de tribulations, mais il faut savoir dépassionner les débats, dédramatiser la situation et se concentrer sur l’essentiel pour avancer dans la bonne direction.
Ce qu’il y a lieu de faire aujourd’hui au sein du parti est fertile; il favorisera la mise en lumière de grandes idées dont nous nous enrichirons à coup sûr.
Il n’en demeure pas moins que notre parti reste une force de propositions qui ne ménagera aucun effort pour aller vers d’autres formations politiques, la société civile, les jeunes, les femmes de l’intérieur comme de la diaspora pour s’accorder sur un programme minimum commun qui puisse assurer durablement le bien-être des maliens. Nous continuerons à prôner pour notre pays et sa population un message de paix, de concorde et de réconciliation afin d’apporter des réponses adéquates et durables aux immenses attentes des Maliens et Maliennes.
L’Adema ne doit pas être fétichisé et fixé sur des choses absolues. Ses premiers responsables n’accompliront leur vocation fondamentale que lorsqu’ils s’organiseront véritablement pour répondre à l’appel des militants et du citoyen lambda malien, très loin d’eux, qui les invite à se soucier de l’intérêt général, du visage de l’enfant non scolarisé, mal soigné, mal nourri, mal logé, désespéré, blotti dans les bras d’une mère veuve et analphabète résidant dans un village sans eau potable ni électricité. L’Adema doit être une solution et non un problème à nos populations, en se mettant au service du développement. Cela doit être une dédicace.
LT : Êtes-vous satisfait du bilan d’IBK ?
YS : Satisfait ? Oui. Même si je reconnais qu’on pouvait mieux faire, surtout dans la communication gouvernementale sur les réalisations du quinquennat et la sécurité. De très gros efforts ont été d’ailleurs faits dans ce sens, mais les résultats ont tardé à s’installer. Ce qui explique le mécontentement d’une partie de la population. Malgré l’amélioration substantielle des conditions de vie et de travail de l’armée, une armée en reconstitution a toujours du mal à s’imposer dans une guerre asymétrique. Le fait aussi que nous subissons les mauvaises politiques d’intervention de certaines puissances occidentales à nos frontières en rajoute à nos malheurs.
Il faut saluer les mesures d’urgences sociales du président, qui sont visibles et répondent concrètement aux besoins réels des populations – surtout rurales – en eau potable, en électricité, en centres de santé, infrastructures routières, etc.
LT : Où se situent les attentes des Maliens selon vous ?
YS : Les populations veulent une protection des frontières du pays, plus d’emplois pour les jeunes, une justice plus impartiale, plus équitable, plus indépendante, la paix et la réconciliation. Les populations veulent un environnement des affaires plus dynamique dépourvu de la corruption. Nous devons nous y atteler.
Nous nous devons de dépasser très sincèrement nos calculs, ambitions et projections partisanes ou personnelles pour dégager une voie de lumière génératrice d’actions salvatrices pour le Mali. Une union sacrée, chaque fois qu’il s’agit du Mali. Il nous faut une dose de patriotisme et de réalisme de toute la classe politique.
LT : Et la sécurité qui se dégrade de jour en jour ?
YS : Le terrorisme est un drame terrible, qui nous a été imposé et nous devons traiter cette question avec rigueur et non avec légèreté en désignant le gouvernement comme seul responsable de sa persistance. Il est important aujourd’hui que nous nous unissions pour lutter contre ce fléau mondial des temps modernes, qui n’épargne aucune nation. C’est pourquoi, il nous faudra faire appel à toutes les intelligences du pays, tous les patriotes pour faire face aux menaces qui ébranlent le pays. A ce titre, je salue le retour d’ATT ainsi que toutes les initiatives prises par IBK en direction des anciens chefs d’Etat qui n’ont pas les mains souillées du sang des Maliens. Au nom du Mali, de la paix et de la concorde sociale. Rien ne vaut la tolérance, l’unité et la cohésion. Tout le mérite revient à IBK qui sait s’élever à cette hauteur d’âme, rare aujourd’hui sous nos cieux.
LT : Avez-vous un appel pour les Maliens dans leur diversité ?
YS : J’estime aujourd’hui que les enfants de notre Mali, individuellement et collectivement pris, doivent reconnaître humblement leurs erreurs de jugement et leurs fautes passées. Le Mali est à la croisée des chemins et c’est le moment, plus que jamais, pour chaque acteur de la vie politique, sociale, économique et même militaire, de prendre résolument conscience, à quelque niveau où il se trouve, de sa responsabilité pleine et entière dans les différents problèmes qui ont mis à mal notre pays, depuis son indépendance jusqu’à nos jours et d’œuvrer de ce fait pour une véritable réconciliation. Le tissu social a été malheureusement laminé et, pour le recoudre, il nous faudra, plus que des ressources, de l’imagination fondée sur nos valeurs sociétales et culturelles. C’est pourquoi nous soutenons le projet de loi initié par le gouvernement sur l’entente nationale.
Puisse Allah, en cette année chargée de passions politiques, donner à chaque Malien la force et la conviction nécessaires pour nous permettre de construire ensemble ce pays afin de mieux le léguer aux futures générations.
Dieu bénisse ce beau pays ! Amen.
Réalisée par Amidou Keita
Source: Le Témoin- Mali