Aujourd’hui grand-père, c’est au bord d’un fleuve intemporel de nulle part dans le monde que je t’écris cette lettre. Je ne me tromperais pas si je te disais que nous sommes en juillet 1958. Oui 60 ans en arrière ! Que la vraie lutte de l’indépendance venait de commencer. La lutte pour la liberté de l’Afrique et du Mali. La lutte de la souveraineté et d’un peuple libre !
Oui grand-père ! Les slogans sont les mêmes. Abas l’Occident ! Vive la Russie. Comme 1960 Bis ! La lutte est politique. Des pères-chasseurs de ‘’l’Homme blanc’’ sont au pouvoir. Ils sont plébiscités. Le discours est anti-impérialiste. L’Occident est le monstre et la Russie, l’ange ! Tout est axé sur la politique, l’autarcie est présentée comme l’indépendance ! La pérennisation au pouvoir est vendue comme le Salut du peuple. 60 ans encore !
Oui 60 ans encore, on vend les mêmes chimères, spéculations et illusions. On peint l’avenir et on fait comme si le roi était le peuple et que le peuple était le roi. Oui l’ennemi, c’est l’autre. C’est l’Occident et l’ami, c’est la Russie. Car l’un dit vote-élection, démocratie, pouvoir du peuple, libertés et droits, l’autre rend l’honneur à un roi et à son clan. Le tout sous l’applaudissement d’un peuple tout innocent et amadoué dans l’abime.
Oui grand-père ! Le sujet n’est toujours pas le développement, l’économie et la justice par l’éducation, la formation et l’information mais plutôt l’indépendance, souveraineté et fierté en chassant X et Y. Comme en 1960. Pour que les yeux soient et restent fermés sur la démocratie, les libertés et droits. Hélas ! Que 60 ans après, le même vin puisse être vendu en Afrique par la même ivresse (ressenti et émotion). Hélas !
La virgule ne met pas fin à une phrase et jamais l’on ne peut changer un fonctionnement sans toucher la dynamique. Le même cyclique et bis jusqu’à ce que l’on sache, que personne ne labourera le champ du développement hormis nous-mêmes. Qu’il faut l’éducation et le travail par la science. Ce n’est point par émotion que les Etats-Unis et la Russie se sont construits. Ce n’est pas en criant que la Chine s’est bâtie. Nous travaillerons !
Cher grand-père ! La politique devient de plus en plus sensible dans ton pays. Je me rappelle quand on se battait pour que ceux qui aiment la Russie puissent manifester leur choix sans crainte ni être jugés ennemis du pays, aujourd’hui, les amoureux de la Démocratie et de l’Occident, vivent le même calvaire. Et critiquer le pouvoir devient de plus en plus un champ de guerre.
Donc désormais ne sois pas surpris de me voir louer nos colonels comme Abraham Lincoln ou Nelson Mandela. La pirogue s’éloigne de l’ordre démocratique et s’accoste davantage chez Kim Jong-un. Et là-bas, tu le sais, la scène politique est dominée par un seul roi. Un Pelé. On le loue ! A mardi prochain pour ma 204ème lettre. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune
