Une guerre de 20 ans vient de se terminer. Ce lundi 9 juillet, l’Erythrée et l’Ethiopie ont annoncé officiellement la fin de leur conflit. Les deux dirigeants ont signé une « déclaration conjointe de paix et d’amitié ».
Après un tête-à-tête avec le président de l’Erythrée, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la réouverture des ambassades dans leurs capitales respectives mais aussi la réouverture des frontières.
« Nous nous sommes mis d’accord pour que les liaisons aériennes ouvrent prochainement, pour que les ports soient accessibles, pour que les gens puissent circuler entre les deux pays et que nos ambassades ouvrent », a-t-il déclaré.
Un peu plus tôt, sur Twitter, c’est son chef de cabinet qui annonçait que la liaison téléphonique directe était désormais restaurée entre l’Erythrée et l’Ethiopie, une première en vingt ans.
Le texte a été paraphé par le président érythréen Issayas Afewerki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. La signature a eu lieu ce matin à la présidence érythréenne à Asmara. Le texte stipule notamment que « L’état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin ». Une nouvelle ère de paix et d’amitié s’ouvre. C’est ce qu’a indiqué le ministre érythréen de l’Information, Yemane Gebremeskel sur son compte Twitter.
Des images de la cérémonie montrent le président érythréen Issayas Afewerki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed partageant un même bureau en bois, les drapeaux de leurs pays respectifs en fond. Ils signent le document sur un premier cliché, échangent une poignée main sur le suivant, avant une accolade.
C’est le dernier volet d’une visite historique du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Asmara. Visite au cours de laquelle, l’Ethiopie a annoncé la normalisation de ses relations avec son voisin. La déclaration conjointe confirme d’ailleurs l’essentiel des annonces effectuées dimanche, à savoir : la reprise du commerce, des transports et des télécommunications entre les deux pays, le rétablissement des liens diplomatiques et la mise en œuvre de l’accord international sur le respect de la frontière.
Ce texte survient après des semaines de rapprochements entre les deux pays. Il marque un tournant après plus de trente ans de guerre d’indépendance. Les deux pays devront maintenant s’attaquer à la cause profonde de leur conflit, à savoir la gestion des territoires disputés.
► Un rapprochement jusque là inimaginable
Annexée en 1962 par l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, l’Erythrée a toujours voulu affirmer son indépendance. En 1991, après 30 ans de guerre contre le pouvoir central, les rebelles réussissent à installer à Asmara un gouvernement dirigé par le président Issayas Afewerki. L’Erythrée est déclarée officiellement indépendante en 1993.
Mais en 1998, les tensions se cristallisent à la frontière des deux pays, dont le tracé est resté flou. L’Ethiopie accuse l’Erythrée d’avoir violé son territoire en envahissant la petite ville de Badmé. La guerre est déclarée. Elle fait près de 80 000 morts.
L’accord de paix signé en 2000 à Alger est précaire et deux ans plus tard, la commission indépendante chargée de délimiter une nouvelle frontière attribue la ville symbolique de Badmé à l’Erythrée. L’Ethiopie rejette ces conclusions. Depuis les tensions n’ont jamais cessé.
Début juin, quand le nouveau Premier ministre éthiopien annonce sa volonté d’accepter finalement l’accord frontalier, c’est donc un véritable bouleversement politique. Et aujourd’hui, les déclarations en faveur de la paix s’enchaînent. Mais en Ethiopie une partie de la population et de la classe politique est mécontente, inquiète et se sent trahie par ces décisions.
RFI