Une source proche de l’ex-junte a dévoilé que le président de la transition aurait transmis aux autorités françaises des documents relatifs à un contrat d’armement en cours de négociation avec la Russie. Paris aurait exprimé sa vive inquiétude à la Russie et s’est opposée à toute vente d’arme ou échange militaire ou sécuritaire et exhorté Vladimir Poutine à ne pas donner une suite favorable, afin d’éviter la glaciation des relations diplomatiques déjà tendues en Afrique avec l’intervention russe en Centrafrique.
Le vice-président Assimi Goïta, les deux ministres sortants en charge de la Défense et de la Sécurité avaient mobilisé toute leur énergie et leur intelligence à ficeler ce document identifiant les nouveaux besoins d’équipement en armes modernes des Forces armées maliennes(FAMa) en lutte contre les groupes armés terroristes. Un de leur collaborateur associé à la rédaction aurait transmis une copie au président de la transition Bah N’Daw qui lors de son dernier voyage à Paris dans le cadre du Sommet sur le financement des économies africaines l’avait communiqué aux français.
L’ex-junte aurait reproché à Kati au président de la transition d’avoir trahi le secret défense et divulgué des informations classifiées. Entre eux, ils ont discuté de l’opportunité, du bien-fondé politique ou moral de telles révélations et de savoir si ces dernières étaient appropriées.
Mais juridiquement, il serait compliqué de poursuivre le chef de l’Etat. Tout d’abord parce qu’en tant chef de l’exécutif et chef suprême des armées, il détient la prérogative de décider de ce qui est classé secret défense ou pas. Ensuite, parce les documents livrés restent succincts. En revanche, il n’est point paradoxal de l’exonérer de la compromission du secret.
En droit, rien n’est impossible. Mais pour engager des poursuites avec la moindre chance de succès, il faudrait réunir des preuves suffisantes. Le secret absolu couvrant particulièrement ce type d’action fait que cela reste très peu probable.
La tradition voudrait qu’on n’agisse pas contre l’intérêt de son pays. L’aveu d’Emmanuel Macron qui a soutenu avoir obtenu du président Bah N’Daw en quelques mois ce qu’il n’a pas eu avec Ibrahim Boubacar Keïta pendant plusieurs années confortait les analyses relatives à une grande complicité entre les deux hommes.
Cette information de dernière minute à prendre avec beaucoup de précaution expliquerait la mise à l’écart des ministres de la Défense et de la Sécurité, grands artisans de ce document secret.
Georges François Traoré