Ces appels d’une sonnerie seulement, semblant provenir de numéros étrangers et que des milliers de victimes rappellent malgré les risques, perdurent en raison de la complexité du réseau téléphonique mondial. Les fraudeurs, eux, restent inaccessibles.
Ils arrivent du Malawi, de Tunisie, de Cuba ou du Mali… ces appels en absence de numéros étrangers inconnus se comptent par centaines de milliers sur les téléphones des Français. Ils sont la face émergée et la première étape d’une fraude, ancienne et efficace, à laquelle n’a pas encore été trouvé de parade.
Ces appels manqués, d’une sonnerie seulement, ont un nom : les ping calls. Egalement connus sous le terme d’arnaque wangiri (« un appel et raccroche », en japonais), ils sont censés inciter le destinataire à rappeler le numéro qui s’affiche sur son écran. Si ce dernier le fait, il sera facturé — alors que l’appel n’était rien d’autre qu’une arnaque.
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Comment fonctionnent les ping calls ?
Tout commence lorsqu’un indélicat — le cerveau de la fraude ou un de ses complices — passe des centaines de milliers d’appels très brefs. Cela ne lui coûte rien : en téléphonie, un appel n’est facturé que lorsqu’il est décroché. Pour cela, il peut pirater le serveur téléphonique d’une entreprise ou utiliser des logiciels spécialisés. Il est très facile pour le pirate de faire apparaître le numéro de son choix sur les téléphones qu’il appelle : il va donc choisir le numéro qu’il espère faire rappeler à ses victimes, et qui va lui faire gagner de l’argent.
Les opérateurs de transit sont environ un millier dans le monde
Pour comprendre comment, il faut se pencher sur les arcanes des appels internationaux. Entre l’opérateur de l’appelant et celui de l’appelé se situent plusieurs opérateurs dits « de transit », dont l’activité consiste à acheminer les appels. Ils sont environ un millier dans le monde, et tous ne sont pas fréquentables.
Chaque opérateur de transit promet d’acheminer les appels vers une destination et pour un prix annoncé. Il peut ensuite « sous-traiter » l’acheminement de l’appel à un autre opérateur de transit, pour un prix moindre. Et ainsi de suite : chaque appel international peut emprunter jusqu’à une dizaine d’intermédiaires. Chaque maillon de la chaîne récupère une portion de ce que l’appelant acquitte pour passer son appel. C’est dans cette chaîne que s’insère l’opérateur de transit frauduleux.
Ce dernier fait à ses pairs une promesse : il affirme pouvoir acheminer les appels vers des numéros de pays où il coûte cher de téléphoner — le Malawi, les îles Marshall ou le Congo, par exemple. Il propose un tarif intéressant qui va inciter les opérateurs à lui envoyer les communications destinées à ces numéros. Ces derniers peuvent appartenir à un opérateur de téléphonie complice, mais aussi à des particuliers et des entreprises qui ne soupçonnent pas leur présence involontaire dans cette fraude.
Le Monde