Ouagadougou, – Les chefs d’Etat du G5 Sahel réunis pour un sommet mardi à Ouagadougou ont répété leur “préoccupation” face aux attaques jihadistes et redemandé un effort, notamment financier, des Nations unies, lors de leur déclaration finale.
“Les chefs d’État plaident en la faveur d’une coopération plus étroite entre le G5 Sahel et les Nations unies et réitèrent” leur demande de placement de “la force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies”.
Le chapitre 7 autorise le recours à la force mais prévoit aussi des mesures si un “État se trouve en présence de difficultés économiques particulières”, alors que les cinq pays membres du G5 (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) font partie des plus pauvres au monde. Mahamadou Issoufou, président du Niger, président sortant du G5 Sahel, a souligné lors d’un point presse qu’il fallait “travailler”, pour rechercher “un mécanisme pérenne de financement de cette force”, citant lui aussi le Chapitre 7.
Pour lui, le G5 a “réaffirmé sa détermination et sa volonté à poursuivre le combat contre le terrorisme sur toutes ses formes: sur le plan militaire, économique parce c’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme et aussi sur le plan idéologique sur l’ensemble de l’espace du G5 Sahel”. Dans leur communiqué, les chefs d’Etat soulignent que la force militaire ne peut être la solution unique face à la menace jihadiste, et “appellent la communauté internationale” à “soutenir les efforts du G5 Sahel” dans “la sécurisation”, mais aussi “le développement de son espace”.
Les chefs d’Etat se sont également montrés inquiets “face à la recrudescence des conflits intercommunautaires dans certains pays”. Les Peuls sont ainsi souvent accusés par des communautés locales d’être les complices des groupes jihadistes. Ces tensions, sur fonds de difficultés économiques, ont fait des dizaines de morts, au Mali et au Burkina notamment.
– Jamais été au contact –
Créé en 2014 notamment avec le soutien de la France, le G5 Sahel, qui a eu du mal à trouver son financement, compte pour le moment 4.000 hommes pour un objectfi d’un peu plus de 5.000 à terme. Son commandant, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, a annoncé dimanche que la force avait mené trois opérations depuis le 15 janvier, sans donner plus de détails. Malgré ces assurances et les déclarations politiques la force n’a encore
jamais été au contact des jihadistes. Pire, elle s’est même signalée négativement: des soldats maliens se sont rendus coupables en 2018 de l’exécution sommaire de douze civils, selon un rapport de la Mission de l’ONU
au Mali (Minusma).
Au Burkina, le pays hôte de la réunion, la situation est devenue alarmante comme l’a souligné l’ancien chef d’Etat burundais Pierre Buyoya, représentant de l’Union africaine au sommet au lemdemain de la mort de 14 civils: “Le
Burkina Faso qui était parmi les pays les plus paisibles au moment de la création du G5 Sahel, est aujourd’hui victime d’attaques de terroristes aux visées obscurantistes”.
Les civils comme les forces de l’ordre paient depuis 2015 un lourd tribut dans les attaques jihadistes, qui ont fait près de 300 morts au Burkina depuis quatre ans. Les attaques sont attribuées princialement au groupe Ansaroul Islam et au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Le pays doit accueillir fin février le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), un des plus grands festivals du
septième art sur le continent, qui fête son cinquantenaire. Parallèlement, le Burkina accueillera à partir du 18 février le grand exercice militaire américain “Flintlock”, coopération entre des centaines de militaires
africains, américains et européens.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, nouveau président en exercice du G5 Sahel a appelé à “redoubler d’efforts pour accélérer la montée en puissance de la force conjointe”. “La paix dans le Sahel n’a pas de prix et le combat que nous menons ne concerne pas que les pays du Sahel car le
terrorisme n’a pas de frontière”.
AFP