Le ministère de l’Economie et des Finances a abrité le 19 décembre, la signature de l’accord de financement du projet initié par l’opérateur économique Modibo Kéita, d’un coût de 35, 9 milliards de FCFA dont 27 milliards d’investissement sera financé à hauteur de 10, 2 milliards par le promoteur et 25, 7 milliards de FCFA par emprunt bancaire, repartis entre la BAD (11 milliards) la BOAD (7 milliards) et la BA-Mali (7,7 milliards). Cette dernière joue le rôle d’arrangeur de l’opération.
On le disait ami du président ATT ou de son épouse Lobbo Traoré, pour avoir réussi à disposer des terres dans une localité dont il n’est pas natif, en utilisant la carotte et le bâton, la manière forte des arrestations et de l’emprisonnement des résistants. Ainsi de nombreux paysans du Sana à Sanamadougou et Saou dans la région de Ségou, ont été « dépossédés » de leurs champs sans qu’une poule en soit dérangée. Pour peu qu’on sache s’y prendre, il se trouve qu’on peut avoir d’IBK, tout ce qu’on a eu d’ATT, qu’on soit rebelle ou capitaliste. Mais qu’il s’agisse de l’un ou l’autre, c’est la balance de la négociation ou de la justice qui donne raison à celui qui s’alliera le poids des arguments. Peu importe si c’est le poids en espèces sonnantes et trébuchantes ou qu’il s’explique par la loi. Pour Modibo Kéita, le grand patron des moulins modernes du Mali, c’est la LOA (loi d’orientation agricole) qui lui vient au secours et lui vaut une longévité. Certainement que celle-ci nécessite des dizaines de milliards en francs CFA. L’argument tangible est que les petites exploitations familiales, avec les charrues et bœufs de labour, la petite houe et la daba ne suffisent plus pour nourrir les 15 millions de Maliens, atteindre les objectifs de production agricole et s’ériger en grenier de la sous-région. Il faut convaincre (quelque soit la manière forte ?) les paysans « propriétaires de ses champs» et en dehors desquels, ils n’ont véritablement rien d’autre, à les laisser à celui qui a les moyens de les défricher pour ériger à la place des hangars, pieds de céréales et haies mortes, des plantations où il pleut en saison sèche, des usines qui transforment et permettent de conserver tomates, oignons, pommes de terre, carottes, blé et autres. C’est le génie du patron des grands moulins du Mali. Peu importe les murmures et les pleurs de certains paysans considérés comme minoritaires parmi la grande majorité de ceux qui ont accepté de céder leurs terres au riche investisseur, pour devenir ses employés, sans lesquels il aurait du mal a avoir la main-d’œuvre au prix d’or : le beurre et l’argent du beurre et peut-être aussi la bergère. En entendant ils peuvent continuer d’aboyer à la radio privée, les projets continuent leur chemin, engrangeant des milliards au bénéfice de Modibo Kéita. Et si on pensait à construire écoles, centres de santé, routes pour ces villages, dont les habitants très souvent ne mangent même pas à leur faim.
B. Daou