Depuis bientôt près de trois (3) mois, le Gouvernement de la République du Mali et les deux Syndicats de Magistrats se livrent une bataille qui a, jusque-là échoué à toutes les médiations. Plusieurs forces ont rencontré les magistrats pour leur demander de suspendre leur mot d’ordre de grève afin de soulager les populations.
Cette paralysie du système judiciaire avait pris une tournure au moment où le Ministre des Finances, Dr Boubou Cissé, avait instruit la suspension des salaires des magistrats grévistes. Aussi, les accusations portées contre lui, dans l’affaire des 3,5 milliards sont bien fondées et les preuves bien disponibles, confie un magistrat : « On sait qui a bénéficié de cet argent, dans quelle banque et dans quel compte l’argent a été viré, nous savons aussi, ceux qui ont pris un pourcentage là-dessus. »
Mais l’essentiel n’est pas à ce niveau. L’heure est à l’apaisement et à la compréhension des deux parties. Qu’est ce qui a durci le mouvement ? Selon nos sources, il y a quelques jours, une délégation Recotrade, avec à leur tête, Amadou Dagamaissa, un militant du RPM, avait rencontré les syndicats pour mieux cerner les raisons de leur grève. Après les échanges, confie notre source, le Président de la République devrait les rencontrer à 19 h pour qu’elle ( la délégation du recotrade) fasse le compte rendu avec les grévistes.
Finalement, c’est Amadou Dagamaissa et deux autres personnes qui seraient allés à la rencontre du chef de l’État pour lui faire des éloges qui n’ont pas été de nature à calmer la situation. Ce réseau de communicateurs n’a plus aucune crédibilité, il est farouchement décrié par beaucoup de maliens qui le voient comme une association de laudateurs incapables de se montrer objectifs. Selon les mêmes sources, IBK aurait affirmé à ses interlocuteurs que les magistrats seraient au service de l’opposition et qu’ils ont voulu prendre en otage son élection et sa prestation.
Il aurait affirmé qu’il ne doit son élection qu’à Nouhoum Tapily. Ce président de la Cour suprême, dont les collègues ont montré le caractère malhonnête et indigne à travers sa forfaiture. « Il n’a pu parler lors de la rencontre du Conseil Supérieur de la Magistrature, il avait la tête baisée » explique un de ses collègues dans la cour du SAM. Toutes choses qui ont pu se tenir grâce à la responsabilité des syndicats et de leurs bases.
Depuis le début de la grève, certaines vérités ne sont plus à démontrer : Dans nos enquêtes, la grève est effective, les syndicats reçoivent toutes les forces sociales, religieuses et politiques, cela montre que ce n’est pas un combat politique.
Les engagements signés par le gouvernement sont bien là, et le ministre Mamadou I Konaté qui l’avait fait continue de les revendiquer haut et fort. Malgré la décision de réquisition du Premier Ministre et de ses ministres, la grève n’a pas cessé dans les juridictions, surtout que ce décret est déjà devant une Cour qui avait, clairement, notifié que la grève était légale. Donc pour la mesure de réquisition, c’est un échec pour le pouvoir qui ne pourrait s’en prévaloir, mieux les magistrats ont répondu par un violent coup de pieds.
Quant aux sanctions envisagées, c’est plus que du bluff lorsque nous savons que la formation disciplinaire du CSM n’est ni présidé par le ministre de la Justice, ni par le Président de la République, mais uniquement par un magistrat. Les élus du CSM qui sont pleinement engagés pour la cause du corps et sont aussi dans la même dynamique que leurs représentants syndicalistes.
Un régime qui menace de mutations des syndicats pour avoir avoir grevé sans assurance de service minimal est une menace pour le droit des syndicats à la grève. Mais, cela ne saurait inquiéter les magistrats qui ont fait échouer toutes les tactiques de l’Exécutif sous la houlette de Soumeylou Boubèye Maiga. C’était évident que dans un premier temps, le Chef de l’Etat voulait chercher une solution aux revendications. Mais les stratégies personnelles du Premier Ministre sont passées par là.
Aujourd’hui, ce gouvernement a montré son irresponsabilité et son manque d’intérêt aux respects et aux libertés des citoyens. Les magistrats doivent-ils continuer à les coincer dans cette dynamique? Après les échanges avec le chef de l’Etat, les cartes sont encore entre les mains des syndicalistes qui ont bloqué nettement les responsables coalisés dans ces violations de plusieurs principes sacro-saints.
En tout cas, ce mardi Matin, comme nous le rappelions dans notre prétendante publication, les élus du CSM, les sages du SYLIMA et d’autres syndicats ont pris d’assaut le siège du SAM, quartier général des deux syndicats, pour les conseiller positivement,avec des options qui leur donnent encore plus de d’indépendance pour défendre leurs droits. L’intelligence et la responsabilité des syndicalistes devraient prévaloir sur la posture du pouvoir qui n’a plus de carte sérieuse à jouer.
Le plus important, selon Hady Macky Diallo, c’est les contrevérités du gouvernement : » Même un magistrat de plus de 40 ans de service n’a 700.000 FCFA de salaire à plus forte raison un magistrat débutant. Aller jusqu’à mentir en disant que le service minimal n’est pas respecté, cela n’est pas vrai. Le ministre de la justice fait des tournées dans les différentes juridictions où il a été accueilli par les procureurs et les présidents. »
La discorde est donc, selon les magistrats, que le gouvernement veut les obliger à faire ce que la loi ne les oblige pas à faire. C’est d’ailleurs un point clé qu’avait souligné Ibrahim Boubacar Keita hier.
En attendant, les magistrats maintiennent leur mot d’ordre de grève jusqu’à la satisfaction des doléances. Une reunion était en cours au siège du SAM afin d’examiner les contours et propositions qui leur ont été faites. Nous allons apporter à cette posture du Président, la riposte appropriée. On ne panique pas, on ne recule pas, on ne flanche pas. On sera là pour défendre, et les intérêts de notre corps,et la Démocratie malienne » a soutenu le Président du SYLIMA, Hady Macky SALL.
Ammi Baba Cissé
Source: figaromali