L’envoyé spécial de l’ONU a assuré à Laurent Fabius que le PYD, le groupe kurde qui contrôle une partie de la frontière syro-turque et est en pointe dans le combat contre l’Etat islamique, ne sera pas invité à Genève.
Les Kurdes seront-ils les grands absents des discussions de paix de Genève, destinées à mettre un terme au conflit qui a fait plus de 250.000 morts en Syrie depuis 2011 ? Laurent Fabius a en tout cas déclaré mercredi matin que l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, lui avait dit que les Kurdes du PYD, la branche militaire du parti YPG, ne feront pas partie des invités de cette conférence diplomatique.
Leur absence serait significative car le PYD contrôle une partie de la frontière syro-turque et est en pointe dans le combat contre l’Etat islamique (EI). Il y a un an, le PYD, lié au PKK turc, avait par exemple chassé les djihadistes de l’EI de la ville de Kobané.
La Turquie hostile à la présence des Kurdes
Les Nations unies ont, mardi, formellement invité le gouvernement syrien et l’opposition à ces discussions programmées le 29. La composition exacte des délégations n’est cependant pas encore connue et fait l’objet d’âpres négociations, notamment en raison de la présence des Kurdes.
Staffan de Mistura avait d’ailleurs reconnu un « blocage », expliquant sans doute le report de ces discussions prévues initialement lundi et reportées à vendredi. Alors que Moscou, qui intervient militairement en Syrie depuis fin septembre et est un allié de Damas, plaide pour une présences des Kurdes à Genève, Ankara y est fermement opposé.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a ainsi prévenu mardi que la Turquie ne participerait pas aux pourparlers si les Kurdes syriens étaient présents à Genève. De son côté, la Russie estime que les négociations ne sauraient « donner de résultats » en l’absence des Kurdes.
Rivalité turco-russe
Les négociations de paix, déjà extrêmement difficile en raison de la profonde méfiance entre le régime et l’opposition et des divisions elles-mêmes au sein de l’opposition, sont encore compliquées par la fraîcheur des relations turco-russes depuis que l’armée turque a abattu un avion russe au-dessus de la frontière syrienne en novembre. Or ces deux pays sont deux acteurs clés du dossier syrien et auront un rôle d’observateur à Genève.
Appelées à durer six mois, les négociations de paix doivent porter sur une feuille de route votée en décembre par le Conseil de sécurité de l’ONU qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois.
Source: lesechos.fr