La question du genre, jusqu’aux années de la mondialisation, n’existait ni en politique ni dans aucun autre domaine de la vie socio-économique de notre pays pour la raison simple que la gent féminine était traditionnellement confinée dans les tâches domestiques et de reproduction. On peut penser que c’est la scolarisation au pas de charge des filles et l’apparition progressive d’un nombre important de diplômées féminines et même d’une élite féminine qui donna naissance au mouvement d’émancipation des femmes dans la 2ème moitié du XXè siècle chez nous.
Mais toutes proportions gardées, il est loisible pour tout un chacun de constater que la faune féminine a fait son entrée très tard en politique et, à ce titre, ne put que jouer les rôles seconds à l’ombre des hommes. En tout état de cause, quand on songe que les Américaines ne votaient pas au moment de la guerre de sécession dans les années 1865-1866, et que les Françaises au moment de la révolution de juillet de 1848 contre le roi Louis Philippe, étaient exclues des urnes, on comprendra mieux pourquoi les Africaines ont attendu la fin de la 2è guerre mondiale pour faire leur apparition sur la scène politique.
Sous l’US-RDA (1960-1968), les hommes votèrent peu à plus forte raison les femmes dont beaucoup étaient illettrées et avaient de la peine à distinguer un bureau de vote d’un magasin ou d’une salle de classe. En suivant l’évolution politique de ce pays de 1968 à 1991, on se rend compte que sous le CMLN, le vote fut absent des mœurs politiques du pays et sous l’UDPM (1974-1991), le vote ne fut qu’une formalité à la portée des chefs de famille autorisés à voter à la place des membres de leur famille et des chefs de village à la place des membres de leur localité.
Pourtant durant toute cette longue période, le suffrage universel était proclamé dans toutes les constitutions de la République. Il faut dire que sous la période dictatoriale, les femmes, hormis les épouses des membres du gouvernement et quelques têtes fortes de la société civile, étaient alors considérées comme tas négligeable et même négligé.
La question du genre en politique est une exigence de la communauté internationale qui n’a rien à voir avec la compétence réelle des personnes concernées. Il s’agit d’une déferlante occidentale qui agresse souvent même les réalités socio-économiques pour bien noter les gouvernements locaux selon des critères étrangers en vue de bénéficier de l’aide financière internationale.
Depuis l’avènement de la mondialisation et la mise en route du village planétaire, la notion du genre a pris de l’ascenseur y compris dans les pays du tiers-monde. On y voit des femmes prétendument déclarées leaders d’opinion, battre le pavé en exploitant cette notion comme un fonds de commerce à l’instar de celles qui ont bataillé contre les mutilations génitales féminines au moment du scandale né de l’excision d’Awa Gréou en France dans la même période.
Mais qu’il s’agisse des princesses de l’UDPM ou des amazones de l’ère démocratique, très peu d’entre elles ont lu Simone de Beauvoir, George Sand née Aurore ou Benoîte Groult, trois grandes figures du mouvement féministe français. Pour ce qui est des vedettes américaines ou anglaises du féminisme l’énoncé même de leurs noms semble de l’hébreu pour nos sœurs.
Le genre ne peut être appliqué de la même manière en Occident qu’en Afrique car si l’Américaine de Californie peut lire son journal dans un bungalow au bord de la mer, la prof de philosophie du lycée Kankoun Moussa de Badalabougou, elle, pour être inscrite sur une liste électorale pour être députée ou maire, doit d’abord vaincre toute une armée entière de mâles hostiles à sa promotion.
Facoh Donki Diarra
écrivain Konibabougou