Le gouvernement éthiopien envisage la possibilité d’intégrer l’Amisom, la force de l’Union africaine en Somalie. Des militaires éthiopiens sont déjà présents dans le pays depuis 2011, mais Addis-Abeba avait, jusqu’à présent, voulu garder son autonomie opérationnelle. Tout en travaillant en collaboration avec l’AMISOM, elle restait donc indépendante. La nécessité de renforcer la force africaine pourrait changer la donne, alors que sur le terrain, les succès militaires et politiques sont encore loin d’avoir permis une élimination complète de la menace des milices islamistes shebab.
L’Ethiopie intégrant l’Amisom, ce n’est pas encore fait. Les autorités d’Addis-Abeba ont simplement évoqué l’hypothèse, au cas où on le leur demanderait. Mais l’Ethiopie intégrant l’Amisom, ce serait quand même une double petite surprise.
D’abord parce que, même s’il est très impliqué et qu’il partage une très longue frontière avec la Somalie, le pays avait toujours fait valoir son indépendance stratégique, tout en collaborant de fait avec la force de l’Union africaine.
Ensuite parce que ces derniers mois, des indices laissaient plutôt entendre un retrait. Un retrait qui avait d’ailleurs déjà été effectué dans certaines zones.
Intérêts sécuritaires et financiers
Mais le maintien de l’influence des milices islamistes shebab dans de nombreuses régions rurales et surtout l’attaque sanglante contre le centre commercial Westgate à Nairobi, ont pu changer la donne. Comme l’Ethiopie, le Kenya est militairement présent en Somalie, et les shebabs le lui ont fait payer. Le risque d’attentat existe ainsi aussi à Addis-Abeba, comme les services de renseignements l’ont d’ailleurs officiellement affirmé la semaine dernière.
Alors que les progrès politiques sont indéniables en Somalie, la situation sécuritaire reste donc précaire dans la région. La puissance et la cohérence de l’Amisom pourraient être renforcées par une intégration de l’Ethiopie, qui y trouverait, elle aussi, un intérêt financier, alors qu’elle devait assumer le coût de la présence de ses soldats sur le territoire voisin.
Source : RFI