Un pays, qui se définit par la communauté de destin et de territoire, ne peut tenir gaillardement débout avec une armée à terre. C’est fort de cette vérité absolue, que les autorités actuelles, à commencer par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ont décidé de prendre le taureau par les cornes, en mettant nos Forces armées et de sécurité (FAMa) dans les bonnes dispositions guerrières afin de leur permettre d’accomplir leur mission régalienne.
Cette volonté politique, consistant à réhabiliter notre outil de défense, sonne l’heure du renouveau pour l’Institution militaire, qui revient de loin. Abandonnée à elle-même et transformée en arrière cours politique pour certains, notre armée nationale, jadis constituée de braves hommes qui ont fait la fierté du Mali et du continent, était l’ombre d’elle-même. Comme dit-on en Bambara, quand un baobab tombe, il devient un objet de distraction pour les chèvres.
Dans un entretien à bâtons rompus sur la situation des FAMa avec un officier supérieur, qui a requis l’anonymat, il nous est revenu que les choses sont en train de changer littéralement. L’image des soldats, têtes et torses nues attendant les balles de l’ennemi est désormais révolue. Au front, tous les combattants portent un casque lourd sur la tête et gilet para balle sur la poitrine et le dos avec son fusil individuel en main toujours prêt à ouvrir le feu sur l’ennemi. Les primes sont correctement payées. Les unités sont dotées des moyens adéquats pour faire face à l’ennemi. « A le dire ainsi, l’on me rétorquera que nonobstant tout ce que je viens dire, l’armée essuie des coups et perd constamment des hommes sur le terrain. C’est un argument qui se défend bien. Mais, c’est aussi occulté la méthode de combat imposée par l’ennemi. Qui se fond dans la population pour attaquer lâchement et nuitamment. Dans ces genres de confrontations, aucune armée fut-elle la plus performante, comme celle des Américains, n’est suffisamment préparée. La preuve, jusqu’à une date récente, les Forces de l’OTAN, US army en tête, perdaient constamment des hommes en Afghanistan, malgré la supériorité astronomique des moyens. C’est vous dire que des efforts louables sont en cours pour motiver les hommes afin qu’ils donnent le meilleurs d’eux-mêmes », a révélé notre source. La conviction de l’officier est également partagée par certains militaires, que nous avons approchés.
Selon notre interlocuteur, ces changements s’inscrivent dans une nouvelle politique réformiste, contenue dans la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Il s’agissait au prime à bord de poser le diagnostic sans complaisance des maux dont souffrent la grande muette. L’état des lieux a donc abouti sur des propositions concrètes contenues dans la LOPM, dont l’objectif ultime est d’insuffler une nouvelle dynamique dans notre armée nationale.
Que dit cette loi ?
La réforme consiste à tracer un nouveau format qui convient à l’armée de notre besoin nouveau. Il s’agit pour cela d’inventer une nouvelle doctrine d’emploi, adapter l’organisation territoriale et opérationnelle de la défense. La réforme sera accompagnée par la réinstauration d’un service national des jeunes, avec comme fonction éducative et sociale à travers une formation professionnelle qualifiante et valorisante. Elle inclut aussi la mise en place d’un système logistique rationalisé et cohérent. Au-delà du verbe, la LOPM a permis de doter les Unités combattantes des moyens logistiques pour les mettre à hauteur de missions. C’est dans ce cadre que le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), basé à Gao, sous le commandement du colonel Rhissa a été doté d’une cinquante de véhicules.
Au niveau de l’Armée de l’Air, des commandes d’avions ont également été lancées depuis plusieurs mois. Mais, à la différence des autres marchandises, l’avion ne se vend pas comme un biscuit dans les rayons des supermarchés. Il est vendu uniquement sur commande. Et, il y a un délai entre la commande et la livraison même pour les Monarchies du Golf ou les pays du BRICS comme l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud, qui peuvent acheter par dizaine.
S’agissant de la formation et la qualité des combattants, il a été décidé de revoir le mécanisme de recrutement des hommes. Pour cela, des instructions fermes ont été données à tous pour que les nouvelles recrues viennent de tous les horizons et non plus des seuls centres urbains comme c’était le cas depuis quelques décennies. « L’armée ne servira plus de refuge pour les diplômés chômeurs. » a-t-il martelé avant d’ajouter que cette année, des purges ont continué jusque dans les Centres de formation. Des dizaines de recrues non aptes ont été simplement remerciés. A cause du niveau et du rythme élevé, certains ont abandonné d’eux-mêmes.
Le renouveau, c’est aussi la prise en charge des victimes de guerres et leur ayant droits. Désormais, la famille de tous militaires tombés sur les théâtres des opérations seraient prise en charge par la République, une loi sur les pupilles, qui donnent un statut juridique aux enfants des soldats, morts au front. C’est une première au Mali. Cette sécurité juridique rassure les militaires, qui ont conscience que mourir au front ou à la maison est du même au pareil. De toute façon, on est condamné à mourir un jour quelque soit le lieu ou le moment. La mort frappera un jour. Mais, mourir en laissant ses progénitures dans des situations incertaines en ajouterait à l’anxiété de nos hommes. Maintenant fini ce souci. C’est déjà une grande avancée par rapport à l’existant.
Toujours dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des hommes, il a été décidé d’accorder à tous les militaires non logé dans les casernes, une indemnité compensatrice de logement (ICL) pour leur permettre de faire économie de leur maigre ressource. Cette indemnité vise à éviter aux militaires le stress de fin mois difficile pour l’éviter la honte et l’humiliation des propriétaires indélicats. Ce sont là des petites choses, négligeables à vue d’œil, mais qui sont susceptibles de renforcer la combativité des hommes. Parce que débarrasser de ces genres de problèmes sociaux, le militaire est en même de se concentrer sur son sujet.
Autre nouveauté : la permanence des réunions du Conseil supérieur de la défense sous la supervision du Chef suprême des armées, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, dont le leadership y est en train de faire tache d’huile. Fini donc, le temps de l’amateurisme. Toutes les décisions sont bien réfléchies et mise en œuvre avec intelligence. La liste des innovations n’est pas exhaustive, tant le chantier est vaste et la détermination de conduire à terme les projets tracés est intacte, a assuré notre interlocuteur.
M. A. Diakité
Source : Le Républicain