Les anciens présidents ivoiriens Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo n’ont pas répondu à l’invitation de leur successeur Alassane Ouattara à participer dimanche aux célébrations du 62e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire à Yamoussoukro (centre), ont constaté des journalistes de l’AFP.
En dépit de la grâce présidentielle accordée la veille à Laurent Gbagbo, qui était encore sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison dans son pays, ni lui, ni Henri Konan Bédié, opposants à M. Ouattara, ne se trouvaient dans la tribune officielle, selon des images de la télévision publique RTI qui retransmettait la cérémonie en direct.
La porte-parole de M. Bédié, Cyrielle Koné Obré, a indiqué dans un communiqué que l’ancien président n’avait pas pu assister à la cérémonie pour « raisons personnelles », mais qu’il avait « mandaté » une délégation de cinq dirigeants de son parti pour y participer.
Lors d’un discours prononcé samedi à la veille de la fête de l’indépendance, le président Ouattara avait annoncé avoir signé « un décret accordant la Grâce présidentielle » à Laurent Gbagbo, « dans le souci de renforcer la cohésion nationale ».
Il avait aussi annoncé avoir demandé que « soit procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères » et avoir signé un décret accordant « la libération conditionnelle » à deux anciennes figures de l’appareil militaire et sécuritaire du régime de Laurent Gbagbo, condamnées pour leur rôle dans la crise de 2010-2011.
Laurent Gbagbo, 77 ans, définitivement acquitté en mars 2021 de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye où il avait été transféré fin 2011, est rentré dans son pays le 17 juin 2021 avec le feu vert de M. Ouattara.
Sans jamais avoir été inquiété depuis son retour, il restait néanmoins sous le coup en Côte d’Ivoire d’une condamnation à 20 ans de prison pour « le braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011.
Après le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de fin 2010, des violences avaient fait quelque 3.000 morts jusqu’à l’arrestation de Laurent Gbagbo à Abidjan en avril 2011.
Sa grâce a été accordée peu après une rencontre le 14 juillet entre Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié à Abidjan.
Si MM. Gbagbo et Bédié ont boudé les cérémonies de la fête de l’indépendance, deux chefs d’Etat ouest-africains, Umaro Sissoco Embalo de Guinée Bissau – président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – et Georges Weah du Liberia, étaient présents à Yamoussoukro, capitale politique ivoirienne.
Les célébrations du 62e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, ancienne colonie française, marquées par un long défilé militaire, se sont tenues alors que 49 soldats ivoiriens sont détenus depuis le 10 juillet au Mali.
Ils ont été accusés par les militaires qui ont pris le pouvoir en 2020 à Bamako d’être des « mercenaires », ce que nie la Côte d’Ivoire qui affirme qu’ils se trouvaient au Mali pour soutenir la mission de l’ONU dans ce pays.
Ces soldats sont « détenus injustement » et « la Côte d’Ivoire ne les abandonnera jamais », a déclaré M. Ouattara dans son discours samedi.
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