Les États-Unis se préparent à lancer une nouvelle institution de financement du développement (IFD) capable d’investir 60 milliards de dollars dans les pays en développement pour tenter d’y contrer l’influence grandissante de la Chine dans un contexte de durcissement de la rivalité économique entre les deux grandes puissances, a rapporté le quotidien financier britannique Financial Times le 23 septembre.
L’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’actuelle institution de financement du développement du gouvernement américain, sera intégrée à la nouvelle entité. À l’heure actuelle, l’OPIC ne peut investir que dans la dette, ce qui la désavantage par rapport aux institutions chinoises et européennes de financement du développement.
« La nouvelle institution américaine de financement du développement sera ainsi placée sur un pied d’égalité avec les autres institutions de financement du développement », a déclaré le président et directeur général de l’OPIC, Ray Washburne (photo), cité par le Financial Times.
Le dirigeant de l’OPIC a également estimé que Chine livre une nouvelle forme de guerre économique aux Etats-Unis en s’appuyant sur sa diplomatie du portefeuille.
« En utilisant une politique connue sous l’appellation de prêter pour posséder (loan-to-own program), la Chine rend des pays enchaînés par la dette et, par conséquent, très dépendants d’elle. Cela équivaut à une guerre économique », a-t-il souligné.
La nouvelle institution de financement du développement du gouvernement des Etats-Unis sera baptisée la Société américaine de financement du développement international (International Development Finance Corporation/ US IDFC).
Selon des sources proches du dossier citées par le Financial Times, cette nouvelle entité est présentée par l’administration américaine comme étant « le fer de lance de la lutte contre la diplomatie de la dette chinoise ».
En août dernier, seize sénateurs américains ont adressé au secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, une lettre dans laquelle ils déplorent le fait que le Fonds monétaire international (FMI) se trouve souvent obligé de voler au secours de certains pays dont les finances publiques ont été grevées par des « prêts prédateurs chinois destinés à financer des projets d’infrastructures ».
Les Sénateurs se sont aussi inquiétés du fait que les prêts servis à tour de bras par l’Empire du Milieu à Djibouti pourraient permettre à Pékin de prendre le contrôle du principal port de ce pays de la Corne de l’Afrique, où les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la France disposent déjà de bases militaires.
La mise en place programmée la Société américaine de financement du développement international intervient alors que Pékin multiplie ses investissements dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique. La Chine a en effet annoncé le 3 septembre dernier qu’elle allait accorder 60 milliards de dollars supplémentaires de financements à des pays africains. Cette enveloppe comprend des lignes de crédit évaluées à 20 milliards de dollars, 15 milliards de dollars en subventions, prêts sans intérêt et prêts concessionnels, 10 milliards de dollars au titre d’un fonds spécial et 5 milliards de dollars pour soutenir les importations en provenance de l’Afrique.
Autant dire que le continent africain se positionne de plus en plus comme un nouveau front dans la guerre économique entre Pékin et Washington