Il aura fallu 11 heures pour que Ibrahim Boubacar Keïta, candidat d’une forte coalition de 40 partis politiques et de plusieurs dizaines d’associations, parcoure le Mandé profond ce samedi 16 juillet. Partie de Sébénikoro, sa résidence, à 14 heures, après une petite pluie, la délégation d’IBK a eu droit à des salutations et applaudissements nourris tout au long du trajet.

Composé du candidat lui-même, du Président de l’UM – RDA, Bocar Moussa Diarra, du Président de l’UDD, Tiéman Coulibaly, du Président du FAMA, Amadou Soulalé, de l’Honorable Abdramane Sylla, Vice-président de l’Assemblée nationale et de plusieurs autres cadres et élus du RPM, la délégation arrivera à 15 heures à Badougou Djoliba.

A 5 km de là, ce sont des jeunes enfants qui crient de toutes leurs forces: «IBK, Président, IBK, Président, IBK, Président». Sur des banderoles on pouvait lire: «Votez IBK dès le 1^er tour, IBK, Takokelen, IBK, le Mandé est avec vous». Plus loin, c’est une foule compacte, composée de jeunes, filles et garçons, habillés en tee-shirt frappés de l’effigie d’IBK, qui accueille l’illustre candidat en ces termes: «IBK, nous mourrons derrière toi, IBK, nous mourrons derrière toi, IBK, nous mourrons derrière toi».

Sur la place publique, ce sont les vieux, les vieilles, avec à leur tête le jeune frère du chef de village,  Kindia Balla Keïta, l’ainé étant en traitement médical à Bamako,  qui se lèvent comme un seul homme pour saluer l’enfant du terroir. La cérémonie commence par l’entrée en scène des griots, qui ont rappelé les hauts faits d’IBK, après un bref aperçu historique du Mandé. Ensuite, le Coordinateur d’IBK 2012, Ko Keïta, prendra la parole, pour expliquer le travail gigantesque que l’organisation qui porte ce nom a mené dans le Mandé profond, avant de demander aux uns et aux autres de voter massivement IBK.

Le prochain orateur ne fut autre que le petit frère du chef de village. Il est catégorique: «IBK est notre candidat. Il est l’un de nous. Nous sommes donc obligés de le soutenir et il passera, Incha Allah!». Ce n’est pas tout. Il octroie une enveloppe de 100 000 FCFA à IBK, en guise de modeste contribution à la campagne.

Pour sa part, IBK, très ému, déploie beaucoup d’efforts pour retenir ses larmes. Il manifeste sa reconnaissance envers les populations, multiplie les formules de politesse et décline les grandes lignes de son programme, axé principalement sur la sécurité des populations et de leurs biens et surtout la défense du territoire national.

Il n’a pas oublié de préciser que, s’il est élu Président, il œuvrera pour le bonheur des populations, à travers l’amélioration du plateau sanitaire et du système scolaire et l’augmentation de la productivité des paysans, à travers un encadrement, un appui conseil et une meilleure orientation du soutien permanent de l’Etat.

En outre, IBK a invité les habitants de Badougou Djoliba à retirer leurs cartes et à voter en sa faveur le 28 juillet prochain. «Je ne suis pas fou de pouvoir, mais fou du Mali. J’ai toujours dit le Mali d’abord! Si tout le Mali vote pour moi et que vous, vous ne le faites pas, j’aurai honte de moi-même. Alors, faites en sorte que je sois fier de vous», a-t-il déclaré, avant de prendre congé de la foule. Chacun et chacune voulait lui serrer la main. Il se dirigera vers le domicile de l’imam, non loin de la place publique. Le maitre des lieux, Salibou Berthé lui fait des bénédictions.

Autres étapes de la visite, Bancoumana, puis Deguela et Kangaba. Dans cette dernière ville, c’est une déferlante humaine qui accueille IBK, avec tous les honneurs. 12 coups de canon, pardon de fusils, danses des guerriers, avec leurs lances traditionnelles et leurs vêtements d’apparat, chansons à la gloire des Keïta, rappel de l’histoire du Roi du Mandé, Soundiata. Le tout entremêlé de slogans favorables à IBK: «IBK, Président», d’un côté, «IBK, nous mourrons derrière toi», de l’autre, au fond, des jeunes scandent «IBK, takokelen».

C’est dans cette atmosphère carnavalesque qu’IBK accède, difficilement, à la tribune d’honneur. Les griots reviennent à la charge. Après, c’est le chef de village, Sokhona Bandiougou Keïta, qui prend la parole, pour louer le patriotisme d’IBK, et affirmer qu’il est un bon fils du terroir et que le Mandé est fier de lui. Avant de déclarer: «IBK sera Président, si Dieu le veut, Inchah Allah».  L’intervenant suivant, Mamourou Keïta, Président de l’Association des municipalités du Mandé (11 communes dans le cercle de Kati et 9 à Kangaba), désormais ex-maire ADEMA de Badougou Djoliba, devenu ASMA, révèle à l’auditoire que les 20 maires du Mandé sont présents.

«Ils ont tous décidé de soutenir IBK. Il s’agit de maires RPM, URD, PIDS, UDD, PDES et ADEMA. Ce n’est pas une question de parti, mais de personnalité, de capacité et de compétence. Seul IBK pourra nous faire sortir du trou dans lequel se trouve notre pays. C’est pourquoi nous avons tous décidé d’appeler à voter IBK. Nous tablons dans le meilleur des cas sur 100% sinon 95% pour IBK». Dans son adresse, IBK a été constant, en réaffirmant ce qu’il avait dit à Bandougou Djoliba.

La délégation reviendra à Sébénikoro aux environs de 20 h, pour prendre la route de Siby, avec un arrêt à Kanadjiguila, le village où réside le Président de l’UM-RDA. Accueil chaleureux, bain de foule, adresse aux populations, ponctuent cette étape, avec un discours invariable. La même nuit, la délégation fonce sur Kouremalé (à la frontière Mali – Guinée), où elle arrive aux environs de 23 heures. Les populations, qui dormaient déjà, sont réveillées, et les jeunes mis en première ligne pour scander le nom «d’IBK, Président, IBK Takokelen».

Celui-ci salue le chef de village, Boureïma Keïta. Celui-ci, réputé être un ami d’ATT, a clairement dit qu’ATT avait respecté ses engagements vis-à-vis de lui et que cette fois-ci, il voterait IBK et appellerait à voter IBK. Mais, en retour, il veut que leurs préoccupations soient prises en compte.

Auparavant, IBK avait salué les gendarmes et douaniers maliens qui sont à la frontière. Il est allé jusqu’en territoire guinéen, sur le sol de Kouremalé Guinée, pour saluer également les gendarmes et douaniers de ce pays frère. De retour à Bamako, IBK et sa suite feront un arrêt à Narena. Même engouement, malgré l’heure avancée de la nuit. Salutations chez les notabilités du village. Toutes ont laissé entendre qu’elles n’ont qu’un seul candidat: IBK.

Chahana Takiou, Envoyé spécial dans le Mandé  

Source: 22 Septembre