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Légitimités traditionnelles: la longue lutte de la reconnaissance

Le vendredi 12 novembre 2021, les autorités traditionnelles, coutumières et religieuses du Mali étaient reçues successivement par le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA et le Président de la Transition le Colonel Assimi GOITA autour d’un ordre du jour : les défis et enjeux socio-politiques auxquels fait face le Mali. Selon le communiqué de la résidence de la République, le Président GOÏTA a réconforté les Chefs de village en s’engageant à leur octroyer, « dans un avenir très proche, en plus d’un macaron, un drapeau que chacun fera flotter en un endroit visible de sa maison, de préférence à la porte d’entrée ou au milieu de la cour ». C’est le déclic d’un emballement promotionnel des légitimités traditionnelles.

 

Pour en remettre une autre couche à son intérêt pour les légitimités traditionnelles, au chapitre des communications, lors du conseil des ministres de ce mercredi 17 novembre, le Président de la Transition, Chef de l’État, a informé le Conseil des Ministres de la décision du choix du 11 novembre comme Journée Nationale des Légitimités Traditionnelles.
Avec ces avancées fulgurantes, l’on peut entrevoir le bout du tunnel d’un combat dont CRI-2002 a pris le lead depuis plus d’une dizaine d’années : la reconnaissance du rôle et de la place des autorités et des légitimités traditionnelles. « Comme quoi on peut faire de grandes avancées durant une Transition », s’est réjoui le Dr SALL, Président de CRI-2002, au cours d’un échange téléphonique.
Cependant, ce coup d’accélérateur de la reconnaissance des autorités et légitimités traditionnelles gagnerait à être précédé de certains préalables comme parachever le processus de délivrance des décisions de nomination des chefs de village. En effet, la Loi N°06-023 du 20 Juin 2006 relative à la création et à l’administration des villages, fractions et quartiers, stipule en son article 8 : « La désignation du chef de village, de fraction ou de quartier se fait selon les Coutumes et traditions reconnues dans chaque localité.
Il est nommé par décision du représentant de l’État dans le cercle ou dans le District de Bamako, sur proposition du conseil de village, de fraction ou de quartier et après avis consultatif du conseil communal et du représentant de l’État au niveau de la commune ».
Or, il s’avère que si le plaidoyer de CRI-2002 a permis à nombre de chefs de village d’obtenir cette reconnaissance légale, souvent après des décennies de pratique de la fonction, le processus reste inachevé. Un parachèvement d’autant plus important qu’il permettrait aux chefs de village de jouir d’avantages liés à leur fonction tel celui prévu par l’article 19 de la Loi ci-dessus visée : « Le chef de village, de fraction ou de quartier bénéficie de la réduction des frais d’hospitalisation dans les conditions fixées par un arrêté conjoint du Ministre chargé de l’Administration Territoriale et du Ministre chargé de la Santé ». Parce qu’il faut pouvoir prouver sa qualité de chef de village.
De même ne serait-il pas superflu de donner un contenu légal à la notion de « légitimités traditionnelles » que la Loi N°06-023 du 20 Juin 2006 relative à la création et à l’administration des villages, fractions et quartiers ne prend pas en compte, se limitant à la désignation, aux attributions, aux sanctions et à la cessation de fonction du chef de village. Toutes choses qui permettraient d’avoir une nette appréhension des personnalités concernées.
Quant à l’octroi « dans un avenir très proche, en plus d’un macaron, un drapeau que chacun fera flotter en un endroit visible de sa maison, de préférence à la porte d’entrée ou au milieu de la cour », cette décision ne pouvait qu’être applaudie des deux mains par les « légitimités traditionnelles ». Le jeu en valait la chandelle puis qu’il s’agit d’une réponse à la demande persistante de l’application diligente de l’article 7 de l’Arrêté N°2018/2279/MATD-SG du 5 Juillet 2018 qui autorise les chefs de villages, de fractions ou de quartiers à hisser l’emblème national dans la cour de leurs domiciles et le port de l’insigne distinctif au cou. Ledit article stipule : « Les chefs de village, de fraction et de quartier sont autorisés, dans l’exercice de leurs fonctions officielles : 1. A hisser dans la cour de leur domicile, l’emblème national ; 2. A porter un insigne distinctif dont les caractéristiques techniques et le modèle figurent en annexe n°1 du présent arrêté (…) ».
Mieux, selon des sources bien informées, les macarons destinés aux chefs de village étaient confectionnés. Par contre, aucune explication n’est fournie quant aux raisons pour lesquelles ils ne sont pas octroyés aux destinataires qui sont dans l’attente depuis 2018.
Cette décision présidentielle est le fruit du partenariat et du plaidoyer entre les coordinations des chefs de village et le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI-2002) a servi d’occasion de reconnaissance au Coordinateur des chefs de village de Sikasso, El Hadj Siriki DIAWARA.
« Depuis 2011, l’ancien ministre chargé des relations avec les institutions du Mali, Dr Abdoulaye SALL, Président de CRI-2002, a organisé les chefs de village et de quartier dans plusieurs régions du Mali. Grâce à son action, beaucoup de chefs de village et de quartier ont leur décision de nomination. Qu’il en soit remercié ».
Pour mieux structurer notre organisation, nous demandons aux autorités de la Transition de créer les conditions de créer une Coordination nationale des chefs de village, de quartier et de fraction au Mali.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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