La Plateforme « Unis pour le Mali », après le lancement de ses activités, a animé, hier jeudi, à la Bourse du travail, une conférence de presse sur la situation socio-politique, sécuritaire du pays qu’elle juge alarmante et inquiétante. Puisque le bout du tunnel pour une sortie de crise semble être loin du fait que le gouvernement manque de solutions.
Les responsables de la Plateforme « Unis pour le Mali » regroupant plusieurs organisations des jeunes politiques et de la société civile, depuis quelques semaines, haussent le ton contre la gestion de la Transition.
Encore ce jeudi, lors d’une conférence de presse en présence d’autres organisations frustrées contre la Transition, à l’instar des déguerpis de la zone aéroportuaire de Sénou, des habitants de Niono, la Plateforme a déploré la gestion du Premier ministre dans une déclaration dont nous avons une copie.
Dans son document lu par le coordinateur de la CMAS, Youssouf Daba DIAWARA, la plateforme affirme avoir passé « en revue, sans complaisance ni faux fuyant, la situation générale du pays. Quarante et une organisations et leaders d’opinion couvrant une grande diversité d’acteurs sociaux sont arrivés à la même conclusion : l’heure est grave ! »
L’heure est grave, pour la Plateforme, sur la base des constats suivants : la fermeture de plus de 787 écoles dans le Centre du Mali affectant plus de 236.100 enfants ; l’insécurité galopante ayant entrainé des déplacements massifs des populations dans le même Centre du pays et une sous-administration générale avec seulement 36 administrateurs sur 224 présents dans les régions du Nord et du Centre du Mali.
En outre, la conjoncture internationale mal anticipée par le Gouvernement, les destructions des récoltes, les enlèvements de bétail et le dynamitage des points d’eau concourent à l’augmentation incontrôlée du prix des produits de première nécessité, sont aussi des réalités pour la Plateforme qui prouvent ô combien la Transition n’est pas sur une bonne pente.
Au-delà de ces problèmes, il y a, entre autres, la cherté de la vie, qui pousse les jeunes et les femmes à céder aux pires tentations : terrorisme, délinquance urbaine, corruption des mœurs, a déploré la Plateforme dans sa déclaration.
Face à ces situations, elle regrette que le gouvernement n’ait que des discours et une assise dite nationale.
C’est pourquoi, des jeunes ont décidé de s’unir et de faire FRONT COMMUN au sein de la Plateforme « Unis pour le Mali » dont l’objectif est d’alerter l’opinion sur la gravité de la situation et d’obtenir des autorités plus d’actions et de résultats.
« Nous souhaitons la réussite de la Transition, mais une Transition qui se concentre sur l’essentiel et apporte des solutions concrètes, réelles et immédiates aux problèmes que nous venons de citer », indique le regroupement.
Au regard de la situation, appelant les plus hautes autorités à se départir des dangereux discours tendant à diviser les maliens et à catégoriser leur nationalisme ; la Plateforme exhorte le Gouvernement à publier un chronogramme réaliste de sortie de crise. Dans son document, elle exige un plan détaillé sur la sécurisation du pays ; le retour de l’administration dans le Centre et le Nord, le programme des réformes prioritaires et la solution définitive à la crise enseignante.
Par ailleurs, en prenant acte des mesures de subvention de certains produits alimentaires, « Unis pour le Mali » appelle le Gouvernement à lutter effectivement contre la spéculation et les détournements des produits dits « subventionnés ».
« Nous appelons encore une fois la plus haute autorité du pays à s’investir pour apaiser un débat national pris en otage par l’intolérance, l’invective et les discours haineux entretenus par ceux-là même censés nous rassembler. Il en va de la cohésion nationale », a-t-elle également souhaité.
Après la lecture de cette déclaration, plusieurs intervenants, en plus des responsables de la Plateforme, ont également dénoncé la situation dans laquelle le pays est plongé.
Pour le représentant du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques, Ismaël SACKO, il n’est pas question que leur front participe aux assises nationales de la refondation, en dépit des rencontres en cours pour décrisper la tension politique.
Et conformément à leur mémorandum, il appelle le gouvernement à publier sans délai le calendrier des élections présidentielles et législatives qui étaient initialement envisagées par la Transition.
Quant au représentant des habitants de Niono, la situation est pire que de l’on peut imaginer. La ville court de grave risque de crise humanitaire à cause de l’insécurité.
« Si rien n’est fait, la situation de Niono a une percussion sur Bamako. Parce que la zone est l’un des sites de culture du riz par exemple dont une grande partie de la consommation y vient », a alerté le porte-parole, avant d’ajouter que contrairement à des informations circulant sur les réseaux sociaux il n’y a pas d’action contre les terroristes dans la zone.
Les victimes des événements de juillet 2020, quant à elles, estiment qu’elles ont été trahies par le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, qui leur avait promis justice et réparation.
Pour elles, Choguel MAIGA s’est profité de leur situation pour obtenir un combat politique.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin