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Législatives: les grands enseignements d’un scrutin historique

Le 2e tour des législatives s’est tenu le dimanche 19 avril dans les circonscriptions où la majorité absolue n’a pas pu être obtenue. Ainsi, le scrutin s’est déroulé dans 43 circonscriptions électorales pour départager les députés en lice. L’un des enjeux de ce processus est le positionnement politique en prélude de la prochaine présidentielle de 2023. D’ici là, les premiers résultats provisoires issus de ces législatives bouleversent les pronostics. Vote sanction ou pas, plusieurs leaders politiques ont échoué à se faire élire ou à faire élire leur liste.

 

En revanche, certains partis risquent de bouleverser l’ordre de la suprématie politique entre l’Adema, le RPM et l’URD. Il s’agit notamment du parti Mouvement pour le Mali (MPM) de Hady Niangadou qui est en train de réussir son baptême de feu. Par contre, le parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a pris un sérieux coup, à l’issue de ce second tour des législatives. Selon les résultats provisoires, son objectif de garder une mainmise sur l’Assemblée nationale a d’emblée échoué.

Se tenant dans un contexte de crise sanitaire, la pandémie coronavirus a eu le dessus sur le taux de participation. Le covid-19 est justifié par d’autres observateurs comme des facteurs ayant influé sur le taux de participation. Malgré les mesures sanitaires mises en place, les électeurs ne se sont pas bousculés devant les bureaux de vote. Conséquence, le pays est en passe d’avoir l’une des législatures les plus illégitimes dans l’histoire de la démocratie malienne.

La démocratie dans un coma profond

Les Maliens étaient appelés aux urnes ce dimanche pour le 2e tour de l’élection des députés dans les localités où il n’y a pas eu de majorité absolue lors du 1er tour. En effet, à part une dizaine de circonscriptions électorales, le 2e tour du scrutin était une exigence pour départager les candidats. Ce processus tant attendu et plusieurs fois reporté n’a pas mobilisé. Le faible taux de participation a grippé le scrutin. Cette situation est la preuve que la démocratie est entrée dans un coma profond et produit des députés de faible légitimité de l’histoire du Mali. Or, la nouvelle Assemblée nationale, qui sera constituée par ces élus de la nation, aura la lourde responsabilité de se pencher sur les réformes institutionnelles, administratives et bien d’autres sujets importants de la nation.

Par ailleurs, le plus grand vainqueur semble être Monsieur Corona qui a réussi à s’imposer dans toutes les circonscriptions à travers les mesures peu ou prou adoptées et la frayeur qu’il a exercée sur les électeurs : insécurité, physique et sanitaire, abstention…Pour beaucoup, cette pandémie justifie aussi la faible affluence des électeurs. Outre cette situation, l’insécurité dans certaines localités a aussi été un facteur bloquant pour la mobilisation.

Le recul du RPM et de l’Adema

En l’analysant des résultats provisoires, le premier constat qui saute à l’œil est le recul de certaines formations dites de ‘’grands partis’’. Malgré leur moyen et leur implantation politique, ils n’ont pas pu conserver leur force, à travers le nombre d’élus enregistré à l’Assemblée nationale. Parmi ces partis, il y a le Rassemblement pour le Mali (RPM). Le parti présidentiel chute dans plusieurs localités où il était fortement attendu comme en CI du district de Bamako.

En dépit, des mauvais résultats de ces élections, le parti demeure la 1re force politique du pays. Mais le plongeon est notable (de 66 à 46 députés). Les raisons : la brouille entre le RPM le président IBK et la guerre des clans. En effet, dans d’autres nombreuses circonscriptions, le RPM est parti très divisé comme à Gao et en comme VI. Et dans toutes ces localités, le parti a perdu sans surprise.

Le plus surprenant a été la chute du RPM dans le district de Bamako. Le parti a été battu à plate couture partout dans la capitale, sauf en Commune II. Exception qui confirme la règle. Le RPM incarne le régime. Le régime est en divorce avec les Bamakois. En clair, le parti présidentiel est sanctionné par les électeurs du District.

Ainsi, de 6 députés lors de la législature de 2013, le RPM chute à un député. C’est la même réalité pour le parti Adema qui n’a aussi qu’un député. En somme, les deux plus grandes formations politiques sont humiliées dans la capitale. Désormais, c’est l’URD, le leader politique de l’Opposition, qui prend les commandes politiques dans le District avec au moins 3 députés.

Par ailleurs, si certains responsables politiques ont fait respecter leur rang dans leur commune, d’autres ont été mortifiés dans leur base. Contrairement à Baber Gano qui a validé son ticket dès le premier tour à Djenné, le ministre Yaya Sangaré n’a pu sauver sa tendre moitié du naufrage électoral à Yanfolila. Ainsi, l’épouse du ministre Yaya Sangaré a échoué à la porte de l’Assemblée nationale. Et pourtant, tout était bien parti en faveur de la liste RPM-ADEMA. Il s’agit là, au-delà du vote sanction contre deux grands partis traditionnels (ADEMA-RPM), d’une défaite personnelle du ministre porte-parole qui a imposé sa femme sur la liste en ses lieux et place.

Les victoires emblématiques

En attendant la confirmation de la Cour constitutionnelle, ces élections ont été d’une très grande surprise pour des partis et leaders politiques. Et dans certaines zones, la tension était très vive comme en commune V, IV et Kolondiéba.

La très bonne opération

Asmatique à Gao

A Gao, la liste Adema et ASMA a réalisé une prouesse en remportant trois sièges à l’Assemblée nationale. Ils étaient en face de l’alliance RPM-Codem. C’est la liste qui a été presque recalée en 2013 (il y avait Abou Zeydi). Le retour  de Assarid Arboncana est une bonne augure pour l’Assemblée nationale au regard de son capital expérience parlementaire. Ils font partie des meilleurs députés élus de ces législatives.

Mara en Commune IV

Ainsi, la liste Yelema dirigée par l’ancien Premier ministre revient avec force en commune IV. L’histoire a bégayé une fois de plus. C’était le remake presque parfait du choc IBK-Mara en 2007. Un leader politique au sommet de sa gloire défié par un jeune associatif sorti de nulle part soutenu par des forces occultes dans l’unique but de l’humilier.

Comme en 2007, l’histoire a tranché en faveur du politique. Et c’est heureux. Une victoire de Zé aurait été une injure à toute la classe politique. Parce qu’au-delà des couleurs de l’UDD qui n’ont servi que d’alibi, ce qui y avait en cours en Commune IV, c’était la liquidation d’un politique, adversaire hier allié qui a ses vérités, mais qui n’est pas le pire des empêcheurs de tourner en rond. Second enseignement : la politique est et devrait rester une affaire de politique, et non d’amateurs, de bling-bling, du tout-venant.

Mariko déboulonné à Kolondiéba

À Kolondieba, c’est la fin du règne sans partage du Dr Oumar Mariko. Ici, la liste URD et RPM dirigée par l’ancien Directeur général de l’ORTM a donné une raclée à une icône emblématique du mouvement démocratique et de l’opposition malienne. Mais en même temps, il faut déplorer l’éjection du parlement d’un leader certes iconoclaste, mais proche des populations. Dr Mariko pouvait être considéré sans exagérer comme le seul député du peuple à côté de Gassama. En le laissant se faire battre par un novice de la politique, on lui ouvre les perspectives d’un combat sur un terrain qu’il connaît : la rue.

Le triomphe de Diarras à Dioila

Dioila, le RPM a réussi une mission très difficile à l’issue de ce scrutin. En effet, le député sortant Mamadou Diarrasouba candidat à sa succession manageait la liste RPM. Il était seul contre des grands partis comme l’Adema, l’URD, etc. Ce baron du régime contre lequel des clans internes se sont opposés à sa liste est finalement revenu avec 5 députés. Une prouesse politique. Or, au sein du parti, il a été victime d’une grossière cabale et qui a vu des dizaines de grande mobilisation des responsables du RPM contre sa liste à Dioila.

Le hold-up de ASMA à Kati

À Kati, un coup de massue pour l’alliance des grands partis (Adema-RPM-URD), ils ont été lamentablement battus par des jeunes de leaders politiques et d’associations. Une belle claque à l’arrogante hégémonie du trio adultérin rucher. Pourtant, l’enjeu dans cette commune était majeur. 7 sièges à l’Assemblée nationale étaient à pourvoir. Cette défaite est un désaveu de l’ancien establishment politique incarné par ces vieux partis.

la leçon de Yélema en CI

Même situation en commune I du District de Bamako où un ancien ministre et ancien député (Mamadou Frankaly du RPM et Ouali Diawara de l’Adema) ont été recalés par des jeunes des partis politiques de Yelema et de PRVM Fasoko. Arrivé en deuxième position, ces jeunes ont réussi à inverser la tendance et de s’imposer. Dans cette commune de Bamako, l’événement a été plus qu’une surprise déjouant ainsi tous les pronostics. C’est la fin du rêve de ces vieux politiques voulant se donner une nouvelle virginité politique, à travers ces élections.   

La montée des forces nouvelles

L’un des enseignements à retenir de ces législatifs est la montée des nouvelles forces politiques au plan national. Il s’agit de l’ADP-Maliba et du Mouvement pour le Mali (MPM) tous créés par deux richissimes Maliens qui ont trouvé un point de chute dans la politique. ADP-Mali pour la deuxième fois participe à une élection des députés. De 2 députés en 2013, le parti de Aliou Boubacar Diallo passe à 8 députés.   

Quant au parti MPM, il a été créé à la veille des élections présidentielles de 2018. Grâce à l’influence financière de son président, le parti a pu débaucher de nombreux cadres politiques. Pour ce scrutin, le parti participait pour sa première élection législative. Un baptême de feu réussi pour le MPM avec 11 députés à l’Assemblée nationale.

Dans ce lot, le parti ASMA CFP de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga est également en train de revenir sur la scène politique. Combattu par ses alliés du pouvoir, le parti ASMA-CFP compte aujourd’hui au moins 3 députés. De même pour le parti Yelema de Moussa Mara.

Par SIKOU BAH

INFO-MATIN

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