Entre désarroi et incertitude se trouve le secteur de l’édition au Mali. C’est le moins qu’on puisse dire en se référant aux difficultés qui assaillent ce secteur et plombent toute perspective d’épanouissement.
Historiquement, l’industrie du livre est née au Mali avec l’Etat qui a été le premier éditeur par la création de la Société nationale Edition du Mali (EDIM).
En effet, la libération du secteur est intervenue dans les années 1980 à partir du programme d’Ajustement structurel de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International(FMI) qui a vu la privatisation de tous les secteurs vitaux de l’économie nationale.
A la faveur de cette privatisation, sont créées les entreprises privées d’éditions. Dans ce panorama, est née l’édition de la Coopérative culturelle Jamana en 1988 avec les revues Soro Yiriwa, l’édition Fayida, auteur du manuel scolaire Bourama et son père.
L’avènement de la démocratie, suite à la révolution de Mars 1991 avec son corollaire d’ouverture politique et de liberté d’entreprendre, a contribué à l’éclosion du secteur, avec la naissance de plusieurs maisons d’éditions : La Sahélienne, Douniya, Savane verte, les Cauris, le Figuier et Asselar en 2006.
Le secteur est au sein de l’Organisation Malienne des Editeurs de Livres(OMEL) présidé par Monsieur Hamidou Konaté, Directeur Général de l’édition Jamana, regroupant plus d’une centaine d’éditeurs exerçant au Mali.
Pourtant, malgré cette floraison extraordinaire, les entreprises d’éditions qui sont définies par la loi (Acte Uniforme OHADA sur le droit des sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique) comme des entreprises commerciales qui sont l’intermédiaire entre les auteurs, c’est-à-dire les écrivains et le public, font face à de nombreux défis.
Paradoxalement, ce secteur pourvoyeur d’emplois pour les jeunes en ces temps de chômages (distributeurs, libraires, écrivains, imprimeurs) facilitant l’accès aux livres, constitue la mémoire écrite de notre peuple, n’est ni reconnu par l’Etat, ni encadré par aucun texte de loi.
Contrairement aux lycées qui bénéficient d’une subvention annuelle de l’Etat, les cinéastes qui ont un Fonds d’appui pour le Développement de l’Industrie cinématographique, l’industrie du livre est laissée pour compte. Il ne bénéficie d’aucun appui matériel et financier, d’aucune politique nationale de promotion du livre de la part du pouvoir public, qui se dit pourtant engagé à promouvoir la culture.
A toutes ces difficultés, s’ajoutent la piraterie à grande échelle, qui tue à petit feu les entreprises d’éditions.
Pour autant, les éditeurs soumis à l’impôt et la TVA sur le livre contribuent au développement social et économique de notre pays et méritent une grande attention des plus hautes autorités car le livre est l’ambassadeur dont le message dépasse toutes les frontières.
Alpha Sidiki Sangaré
Canard Déchaîne