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Le sommet du G5 s’ouvre dans un contexte tourmenté pour les pays du Sahel

Six mois après le sommet de Pau, les pays du G5 et leurs partenaires internationaux se retrouvent à Nouakchott ce mardi 30 juin. Un sommet pour faire le point des engagements pris en France, qui se déroule aussi dans un contexte de forte contestation politique au Mali et de dégradation de la situation sécuritaire notamment au Burkina Faso.

Six mois après le sommet de Pau, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta est plus que jamais dans la tourmente.Depuis plusieurs semaines une coalition hétéroclite baptisée le Mouvement du 5 juin demande sa démission. Certains de ses membres ont même déjà menacé de faire le siège du Palais de Koulouba jusqu’à son départ.

Les partenaires du Mali et notamment la France craignent que ce « flottement » politique qui prévaut à Bamako ralentisse un peu plus la mise en œuvre des accords de paix d’Alger. « Les Maliens sont essoufflés face à la dégradation du climat sécuritaire, explique Baba Dakono chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS). Jusque-là ce ressenti était dirigé vers les forces internationales présentes au Mali, aujourd’hui il est dirigé vers le président », constate-t-il. L’occasion peut-être, émet le chercheur, de poser et d’affronter les bonnes questions : quel État, quelle gouvernance pour le Mali ? « La gouvernance, c’est le noeud gordien de la sortie de crise au Mali et au Sahel » résume Baba Dakono.

La question de la gouvernance concerne aussi l’armée

Le sommet de Pau avait acté au mois de janvier une meilleure coordination entre Barkhane et les armées nationales. Le rythme des opérations s’est effectivement accéléré sur le terrain, mais au détriment parfois des civils. « Les efforts de ces armées nationales se sont accompagnés d’une dégradation de leur comportement envers les civils » constate Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Amnesty International a de son côté recensé 199 incidents liés aux forces armées sahéliennes entre février et avril dernier.

« Si les armées nationales font des victimes parmi les civils, cela va avoir tendance à susciter de nouvelles vocations chez des personnes qui vont chercher à protéger leur propre communauté. Si ce point n’est pas réglé, cela ne va qu’empirer la situation », s’inquiète Alain Antil qui rappelle que les détournements et pots-de-vin versés dans le cadre de contrats d’armement alimentent aussi la détérioration du climat, notamment au Niger où un audit des marchés militaires fait scandale depuis plusieurs mois. « C’est de la gouvernance que nait la violence. On peut envoyer le nombre de militaires qu’on veut sur le terrain ça ne résoudra rien. C’est aux élites d’imposer un certain nombre de lignes rouges sur leur pratique », estime le chercheur.

Le Burkina Faso, un couloir pour les jihadistes

Ces six derniers mois ont par ailleurs confirmé l’effondrement sécuritaire du Burkina Faso. « Toutes les provinces sont touchées » résume Mahamadou Sawadogo, spécialiste des questions d’extrémisme violent. Dans ce contexte difficile, le gouvernement a décidé en janvier de recruter et d’armer des volontaires (VDP). « Cette stratégie ajoute un acteur de plus sur le terrain qui comptait déjà des groupes d’auto-défense et cela complexifie la sécurisation du pays » assure le chercheur avant d’ajouter : « Le bilan humain n’est pas bon. Les civils deviennent une cible pour certains groupes qui auparavant les épargnaient, car ils n’étaient pas armés. »

Le Burkina affaibli est devenu un couloir pour les jihadistes qui progressent vers les pays du golfe de Guinée constatent nos interlocuteurs. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée comme l’a prouvé à nouveau l’attaque il y a près de trois semaines du poste-frontière de Kafolo.

Entre les réunions de Pau et Nouakchott, il y a eu aussi l’élimination d’Abdelmalek Droukdel. L’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique a été tué le 3 juin par la force française Barkhane aidée par des renseignements américains. C’est une nouvelle donnée à prendre compte, mais il est difficile d’estimer l’impact qu’aura la restructuration d’Aqmi sur les opérations des groupes qui lui sont affiliés tels que le GSIM et donc par ricochet sur la stratégie de lutte anti-terroriste menée au Sahel.

Source : RFI

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