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le site archéologique de Djenné: classé patrimoine mondial en péril par l’UNESCO

À la faveur de la cérémonie d’ouverture de sa 40e session, le dimanche dernier, à Istanbul (Turquie), le Comité du patrimoine mondial a inscrit le site des Villes anciennes de Djenné sur la Liste du patrimoine mondial en péril, en raison de l’insécurité qui règne dans la région rendant difficile sa protection. L’annonce a été faite, hier mercredi, par l’UNESCO.

mosquee mausolee patrimoine Djenne tombouctou

La présente session, qui doit se poursuivre jusqu’au 20 juillet prochain, doit également permettre d’ajouter de nouveaux sites à la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’humanité.

Les raisons et les avantages de la décision
En effet, l’inscription d’un site sur la Liste du patrimoine mondial en péril permet d’encourager des mesures correctives pour protéger le bien en question.
Face à la situation, le Comité a exprimé « sa préoccupation concernant ce bien situé dans une région affectée par l’insécurité », alors que le Mali est aux prises avec une insurrection des groupes islamistes radicaux Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine.
Aussi, estime-t-il, « ce contexte ne permet pas de lutter contre les menaces qui affectent le site, notamment la détérioration des matériaux dans la ville historique, la pression urbaine et l’érosion des sites archéologiques ».

Aperçu sur la « ville africaine typique ».
Le site de Djenné avait été inscrit en 1988 sur la Liste du patrimoine mondial.
Habité depuis l’an 250 avant Jésus-Christ, le site des Villes anciennes de Djenné s’est développé pour devenir un marché et une ville importante pour le commerce transsaharien de l’or.
Aux XVe et XVIe siècles, la ville a été un foyer de diffusion de l’islam. Ses maisons traditionnelles, dont près de 2.000 ont été préservées, sont bâties sur des petites collines et adaptées aux inondations saisonnières.
Djenné-Djeno, avec Hambarketolo, Tonomba et Kaniana, constitue un témoignage exceptionnel des civilisations préislamiques de l’intérieur du delta du Niger.
Djenné offre un remarquable exemple de groupe d’édifices illustrant une période historique significative.
Elle est considérée comme « la plus belle ville d’Afrique », ou encore comme la « ville africaine typique ».
La crue annuelle du Niger et de ses affluents est un phénomène naturel essentiel aussi bien dans la zone de Djenné que dans tout l’intérieur du delta. La crue recouvre toutes les terres, à l’exception de quelques hauteurs connues sous le nom de « Toguere ».

Les révélations des fouilles menées en 1977 et 1981
Les fouilles menées entre 1977 et 1981 sur le Toguere de Djenné-Djeno, dans le bassin inondé du Bani, 3 km au Sud-Est de Djenné, ont montré que l’occupation humaine y a été continue de 250 av. J.-C. au XIVe siècle.
Selon les historiens, différentes phases d’occupation ont été mises en évidence. Ainsi, au cours d’une période préurbaine, le peuple Bozo vivait de la pêche et de la riziculture.
La phase d’urbanisation qui a suivi a été probablement le fait du peuple Nono, dont les marchands ont fait rapidement de la ville une place commerciale et un point essentiel du commerce de l’or transsaharien, qui débuta au IXe ou au Xe siècle en Afrique occidentale, pour répondre à la demande des musulmans.
La découverte de nombreuses structures domestiques (murs, maisons, restes de foyers) et d’un grand nombre d’objets en métal et en terre cuite a fait de Djenné-Djeno un site archéologique majeur pour l’étude de l’évolution de l’habitat, des techniques industrielles et artisanales, et de la diffusion de l’islam.
La découverte de restes organiques, dont un grand nombre de grains de riz africain, a permis de comprendre davantage comment s’y était développée la riziculture.
D’autres toguere, comme ceux de Hambarketolo, Tonomba et Kaniana, ont également livré d’importantes découvertes. Toutes ces collines, qui étaient des refuges naturels à l’époque des crues, sont des sites archéologiques potentiels, et méritent à ce titre d’être protégées.

De Djenné-Djeno à Djenné
Au XIVe siècle, Djenné-Djeno a été abandonnée en faveur de Djenné, qui était habitée depuis le XIe siècle.
L’histoire du sacrifice expiatoire d’une jeune fille, Tapama, murée vivante pour garantir la prospérité de la ville doit être replacée dans le contexte religieux d’une époque où les croyances animistes et le fétichisme ne s’étaient pas encore effacés devant l’islam.
Introduit par des marchands Marka, l’islam ne s’est pas affirmé avant la fin du XIIIe siècle, époque à laquelle le sultan Koumboro s’y convertit. En effet, ce dernier a abandonné son Palais et en a fait la première mosquée de Djenné ; celle-ci a été détruite en 1830.
Comme Tombouctou, Djenné a connu son âge d’or aux XVe et XVIe siècles. La ville était alors un centre majeur de diffusion de l’islam.
Prise par les Marocains en 1591, puis par les Peuls en 1810, par les Toucouleur en 1862, enfin par les troupes coloniales françaises en 1893, Djenné n’a connu aucune nouvelle phase de développement important jusqu’à ce que le Mali ait conquis son Indépendance en 1960.

Le style architectural de la ville
La période coloniale a laissé des traces importantes sur la ville, notamment avec la reconstruction de sa Grande mosquée, en 1906-1907. Ce monument, construit pour 3 000 fidèles, est cependant un pastiche assez réussi de l’architecture religieuse locale.
La ville de Djenné, qui s’étend sur plusieurs toguere, est coupée en 2 par une large avenue. Au sud, la place du marché est dominée par la grande mosquée. Quelque 1850 maisons traditionnelles (en 1982) se répartissent de part et d’autre de cet axe central, sur une ancienne parcelle de terrain de 20 ha environ.
Le trait principal de l’architecture domestique, influencée par celle du Maroc, réside dans sa verticalité. Des contreforts scandent les façades des maisons à deux niveaux dont les entrées sont toujours particulièrement soignées. Outre ce quartier historique, différents édifices contemporains ont été construits lors des extensions successives des limites de la ville. Il faut enfin mentionner les ports de Djenné, qui sont au nombre de 17 et notamment celui de Bambana, où faisaient escale les pirogues venues de Tombouctou.

Par Sékou CAMARA
Source UNESCO

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