Le barrage de Markala est l’un des plus grands ouvrages hydrauliques construit par le colonisateur français en Afrique. L’ouvrage a été réalisé entre 1934 et 1947 sous la direction de Émile Bélime. Né le 28 juillet 1883, cet ingénieur concepteur spécialiste de l’hydraulique agricole, en mission au Soudan français (actuel Mali) en 1919, est à l’origine de la création du périmètre irrigué de l’Office du Niger qu’il a dirigé de sa création en 1932 jusqu’à 1944. Il est mort en juillet 1969 en France.
En réalisant ce pont barrage sur le Niger, le colonisateur avait pour objectif d’exploiter et d’aménager 960.000 hectares pour la culture du coton, en vue de son exportation en Europe et le riz pour nourrir les Etats de l’Afrique occidentale française (AOF). Le pont barrage de Markala, appelé à l’origine «barrage de Sansanding», constitue un gigantesque et impérieux ouvrage long de 816 mètres. C’est dans la ville de Sansanding, située sur la rive gauche du fleuve Niger que le colonisateur avait posé la première pierre du barrage avant de jeter l’éponge en raison de la mauvaise qualité du sol.
La réalisation du barrage a nécessité la mobilisation d’une importante main d’œuvre africaine gratuite encadrée par des sous-officiers français et surveillés par des gardes africains pour circonscrire les velléités d’escapades. Aussi, elle a entrainé la perte de nombreuses vies humaines. Un monument pour les martyrs a été bâti à l’entrée du pont, où deux ouvriers habillés en bleu, tenant l’un un pic et l’autre une pelle afin de rendre hommage aux personnes décédées pendant sa réalisation.
L’ouvrage permet de relever le niveau du Niger jusqu’à 5,5 m au-dessus du niveau de l’étiage, en vue de permettre l’irrigation gravitaire des zones situées sur la rive gauche. La gestion de l’eau se fait au millimètre près sur des centaines de milliers d’hectares.
En construisant le barrage, le but visé était de développer la culture du coton, du riz et de la canne à sucre dans le cadre de l’Office du Niger.
De nos jours, l’œuvrage de Émile Bélime est la pièce maîtresse de l’Office du Niger, une entreprise parapublique malienne qui gère l’un des plus étendus et des plus anciens périmètres irrigués de l’Afrique de l’Ouest. Après l’indépendance, les productions ont été réorientées vers le coton. Cependant, les exploitants ont préféré le riz, répondant mieux aux besoins et aspirations de la population.
Sous l’impulsion du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le barrage de Markala a été doté d’un système de vidéosurveillance et d’éclairage électrique en 2018. En outre, la chaussée a été réhabilitée. Aujourd’hui, le sublime joyau architectural de Markala est de plus en plus visité par bon nombre de nos concitoyens et par les touristes internationaux.
Madiba KEITA
Source: L’Essor- Mali