Visiblement, les félicitations que le Président de la République a adressées, le lundi 8 décembre 2014, lors de la Journée des maires du Mali, à Mme Bouaré Fily Sissoko, le ministre de l’Economie et des Finances, auront été une arête qui a rendu la déglutition difficile à certains partis politiques.
En effet, le Parena, le parti Fare, le PDES, le PIDS, le PS, le PSP, le PVRM et l’URD ont publié un communiqué incendiaire, dans lequel ils expriment toute leur profonde indignation face aux lauriers que le chef de l’Etat a tressés à Mme Bouaré pour avoir réussi à rétablir la situation, avec la reprise des appuis financiers des bailleurs.
N’eut été le comique de la situation, un communiqué de plus, on aurait sans doute rangé celui-ci dans la longue litanie des sorties, devenues impromptues, comme une arme, non plus d’information, mais d’existence politique. Mais, au-delà, se pose avec acuité la question des enjeux de l’Opposition.
Il n’y a rien de plus normal, voire, dans le contexte actuel, de plus indispensable, que les témoignages de confiance du chef de l’Etat adressés à l’Exécutif, davantage au plus stratégique de ses membres, en l’occurrence celui de l’Economie et des Finances. Certes, d’une part, parce qu’au-delà des supputations sur la gestion de l’achat de l’avion présidentiel et du contrat militaire, il reste que, fondamentalement, c’est bien Mme Bouaré qui a réussi à sortir le Mali de l’impasse dans laquelle les bailleurs avaient acculé le pays.
Par ailleurs, les lois d’airain de la gestion gouvernementale exigent que ce soit par des déclarations et des actes que l’Exécutif rétablisse la confiance avec les partenaires au développement du pays, après une période où la confiance n’aura pas été la chose la mieux partagée.
Les félicitations à l’endroit du ministre des Finances sanctionnent tout autant un mérite qu’elles participent à des efforts fournis pour renforcer une dynamique de reprise. Pour des responsables aspirant à prendre un jour la relève, le rétablissement de la confiance dans les institutions devrait aller au-delà de querelles dont, de toute façon, l’aboutissement est dans quelques années, même s’il faut se lever tôt pour tracer son sillon.
Et pour cause. Dans le contexte malien actuel, où tout le monde pâtit, la sérénité de la situation constitue un défi national et non un enjeu partisan. Il n’est un secret pour personne que, ces dernières années (et les causes sont aussi lointaines que prévisibles), le Mali n’est point une Terre promise pour les investissements étrangers, encore moins le bon élève que les PTF pourraient citer en exemple aux cancres des établissements financiers bi et multilatéraux.
Le patron de l’URD, mieux au fait de ces arcanes, en tout cas en théorie, sait davantage que le principal défi du redressement est dans la sérénité, vecteur de confiance des partenaires. On ne saurait faire certainement injure à l’ancien patron de l’Hôtel de Finances de croire que des raisons d’opposition l’incitent à voir perdurer l’impasse et le Mali toujours plonger dans le marasme économique, au détriment des enjeux sociaux et de développement liés aux relations avec les partenaires techniques et financiers.
Tout autant d’ailleurs que certainement, l’euphorie oppositionnelle semble avoir semé une légère palinodie dans les rangs de ceux-là qui, il y a encore peu, se débattaient entre les affaires, en son temps, de la Cité administrative ou de la cession de bâtiments administratifs, du Sommet France – Afrique et autres mécomptes genre dossier « Initiative riz », des « affaires » dont les comptes sont loin d’être soldés. Pourtant, au-delà des récriminations et insinuations distillées dans l’opinion, ils « se la coulent douce » pour utiliser une expression quelque peu… expressive!
Il en est ainsi de la réalité brûlante de la gestion publique, en un moment donné, où tous ces leaders politiques de l’opposition, jouant aujourd’hui les bons samaritains, ont jadis eux-mêmes dénoncé, à grands renforts de matraquage médiatique, des rapports d’audits, soit du Végal, soit d’autres structures de contrôle des derniers publics, concernant leurs gestions des affaires publiques.
Qu’il s’agisse de Soumaïla Cissé de l’URD ou de Tiébilé Dramé du Parena, en passant par Modibo Sidibé des Fare, tous des opposants politiques, qui souffrent de l’exaltation du mérite personnel de Mme le ministre des Finances par l’Exécutif suprême, se sont par le passé eux-mêmes profondément indignés des supposées plaies de gestion découvertes à leur encontre. Ils se sont défendus contre cela en arguant le complot politique.
Voilà un droit sacré, fondé sur un principe sacro-saint des législations modernes, celui de la présomption d’innocence, qu’ils veulent aujourd’hui nier à Mme le ministre, par ailleurs félicitée pour son travail, qui n’a fait de surcroit que de se défendre, en livrant sa part de vérité au peuple.
En déniant ce droit à l’actuel locataire des Finances, ces hommes politiques, mus par le profit individuel plutôt que d’être jaloux des avancées nationales (la reprise de la coopération économique avec le pays est bien une réalité aujourd’hui), veulent ériger, pour satisfaire leur instinct vindicatif, un principe, démodé, digne des temps anciens: la présomption de culpabilité.
Pour tenter d’abattre une femme en mission, dont le seul crime commis à ce jour est d’avoir œuvré à retracer le chemin du salut économique pour le pays. Pendant que, de l’autre côté de la manche politique, l’on prenait ses désirs pour la réalité, en surfant sur bien des périls dévastateurs pour le pays. Comme quoi politique sans conscience rime avec déchéance politique.
Soungalo Bagayoko, Kalaban-Coura