Le 20 octobre, des dizaines de manifestants ont été tués par balles et des centaines ont été blessés à N’Djamena et dans quatre villes du sud du pays, selon des ONG et des sources médicales.
Le président congolais Félix Tshisekedi a été désigné, mardi 25 octobre, « facilitateur » dans la crise tchadienne par la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), réunie en sommet extraordinaire à Kinshasa, selon le communiqué final de la rencontre.
Ce sommet consacré au « processus de transition politique au Tchad » a été organisé, à l’invitation de M. Tshisekedi, président en exercice de la Ceeac, quelques jours après des manifestations qui ont fait une cinquantaine de morts le 20 octobre au Tchad. Le dirigeant tchadien, Mahamat Idriss Déby, était lui-même présent à la réunion, à laquelle ont participé des chefs d’Etat et représentants des onze pays membres de la Ceeac.
Jeudi, l’opposition avait appelé à manifester contre la décision du régime du jeune général, qui a accédé au pouvoir à la tête d’une junte militaire après la mort au combat de son père, Idriss Déby Itno, il y a dix-huit mois, de prolonger de deux ans la période de transition vers des élections.
Dans son discours d’ouverture, M. Tshisekedi, qualifiant les événements du 20 octobre de « dérapage dramatique », a déploré que le consensus espéré après un « dialogue national et inclusif » qui était « censé planter le décor » d’élections démocratiques « semble avoir volé en éclats ». « A peine éteints les lampions de ce dialogue, la crise politique […] est malheureusement relancée », a-t-il constaté. « Il s’agit à présent de remettre la transition sur de bons rails », a-t-il ajouté, avant de lancer les travaux à huis clos. Après sa désignation comme « facilitateur du processus de transition » au Tchad, il s’est engagé à « ne ménager aucun effort pour remplir » sa mission et œuvrer « pour la paix » dans la région.
Une cinquantaine de morts, selon le gouvernement
Dans sa déclaration finale, le sommet a « lancé au gouvernement et au peuple tchadiens un appel à la paix » et « condamné fermement le recours à la violence à des fins politiques ». Il a aussi « exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Tchad, particulièrement les Nations unies et l’Union africaine, à maintenir et renforcer leur appui diplomatique, financier, matériel et technique nécessaire au processus de transition ».
Après la répression des manifestations de jeudi dernier, le gouvernement tchadien de transition avait reconnu qu’une « cinquantaine de personnes » avaient été tuées, dont une dizaine de membres des forces de l’ordre, selon lui, et accusé l’opposition d’avoir fomenté « une insurrection » et « un coup d’Etat ». Des ONG et des sources médicales avaient quant à elles parlé de dizaines de « manifestants pacifiques » tués par balles et de centaines de blessés à N’Djamena et dans quatre villes du sud du pays.
Lundi soir, dans un discours télévisé, Mahamat Idriss Déby a affirmé que ces manifestations étaient une « insurrection minutieusement préparée » avec le « soutien de puissances étrangères », qu’il n’a pas nommées.
L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a de son côté accusé le pouvoir de « graves violations des droits humains » dans la répression des manifestations et d’avoir tué au moins « 80 personnes ». L’ONG affirme avoir saisi les rapporteurs spéciaux de l’ONU de cas d’« exécutions sommaires » et de « tortures » sur « des manifestants pacifiques ». L’Union africaine et l’Union européenne avaient déjà « condamné fermement » la répression des manifestations et de « graves atteintes aux libertés d’expression et de manifestation ».