Le nouveau concept chinois de relations internationales, basé sur la coopération mutuellement bénéfique, pousse les divers pays du monde à travailler ensemble, estime Etienne Reuter, un ancien haut conseiller de la Commission européenne.
Dès sa prise de fonction en 2013, le président chinois Xi Jinping a souligné à maintes reprises la nécessité de “construire de nouvelles relations internationales”, avec la “coopération gagnant-gagnant” comme noyau, afin que l’humanité se forge une “communauté de destin”.
Dans ce cadre, les grandes puissances, dont la Chine, s’engagent à renforcer leur compréhension mutuelle et leur collaboration, tandis que les pays en voie de développement collaborent de façon plus étroite.
Plus encore, les pays du Sud et du Nord approfondissent leur coopération dans le cadre des stratégies intercontinentales de développement initiées par la Chine, comme par exemple, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) récemment lancée, souligne M. Reuter dans une interview accordée récemment à l’agence Xinhua.
De même, la résurrection des voies terrestres et maritimes de la Route de soie sous le concept de “la Route et la Ceinture” concilie la dynamique économique domestique de la Chine avec ses intérêts en matière de commerce et d’investissements à l’étranger. Cette initiative s’inscrit dans une politique de bon voisinage qui promeut des avantages et de bénéfices mutuels.
“La nouvelle stratégie chinoise encourage le rapprochement, l’engagement et la coopération entre les divers pays du monde pour former une communauté de destin pour l’humanité et notre planète”, déclare-t-il.
A en croire M. Reuter, ce nouveau type de relations internationales s’articule autour de deux notions : la Chine est au premier rang des puissances et elle assume des responsabilités en faveur de la paix et du bien-être de l’humanité, s’inscrivant ainsi dans cette communauté de destin. En outre, une dimension essentielle de la nouvelle approche est que la Chine reste un pays en développement et qu’elle est pleinement solidaire des autres pays en développement.
Ainsi leur offre-t-elle commerce et assistance, tant en Afrique qu’en Amérique latine, mais également à ses voisins asiatiques, note l’expert luxembourgeois, qui fut le premier chef de la délégation de la Commission européenne à Hong Kong et Macao.
Cette politique s’appuie sur une vision non seulement politique, mais aussi économique et culturelle, comme en témoignent les bourses d’études et les possibilités de stage que la Chine offre à la jeunesse des pays en développement partenaires, détaille M. Reuter.
Par ailleurs, ces trois dernières années, la Chine s’est engagée à travailler avec les Etats-Unis pour “établir un nouveau type de relations entre grandes puissances” et a approfondi ses relations avec la Russie, l’Union européenne et d’autres grands pays et régions importantes.
Le président Xi a renforcé “tout spécialement mais de façon très pragmatique” les relations avec les Etats-Unis, l’Union européenne et aussi la Russie, estime l’ancien conseiller de la Commission européenne.
“Il est vrai que dès son entrée en fonctions, M. Xi s’est montré un président fort et visionnaire qui a donné une impulsion nouvelle à l’action de la Chine sur la scène mondiale”, juge M. Reuter.
D’après lui, cette action correspond à la nouvelle réalité de la puissance économique de la Chine et à sa volonté et son ambition d’assumer des responsabilités pour la paix et le bien-être de l’humanité.
Sur le plan intérieur, le président Xi a fait montre d’une forte volonté de réforme des structures économiques et sociales, notamment par des mesures en faveur de l’environnement, de la lutte contre la corruption et des changements de la politique familiale et des permis de résidence.
M. Reuter note aussi que politique intérieure et extérieure sont liées. Ainsi les problèmes environnementaux que connaît la Chine ont sans doute encouragé une approche positive sur le plan international. La Chine, les Etats-Unis et l’UE se sont ainsi retrouvés pour permettre l’accord de Paris sur le réchauffement climatique.
Etienne Reuter est avocat de formation et spécialiste des affaires asiatiques et européennes. Sa brillante carrière dans les institutions européennes l’a notamment vu passer 13 ans à Hong Kong et à Tokyo. Il a fondé en 2010 Elliott Consultants, un cabinet-conseil bruxellois spécialisé dans les affaires européennes et internationales.