Fondé en août 1992 au sein du Département d’épidémiologie des affections parasitaires (DEAP) de l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie du Mali, le Malaria Research and Training Center (MRTC) espère devenir rapidement un centre d’excellence africain pour la recherche et l’innovation en santé. Même si l’objectif de l’élimination du paludisme d’ici 2030 paraît ambitieux, les résultats présentés par le centre lors du Multilatéral Initiative on Malaria 2018, du 15 au 20 avril à Dakar, sont encourageants.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2017 la mortalité et la morbidité du paludisme se sont concentrées dans 11 pays, 10 africains, dont le Mali, et l’Inde. Une réalité qui justifie la volonté d’endiguer le fléau d’ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, d’importants défis sont à relever. Les vaccins sont donc des outils très attendus, selon les responsables du MRTC, l’un des leaders en Afrique. Il dispose de 7 sites d’essais vaccinaux de niveau ICH / GSP (International Conference on Harmonization / Good Clinical Practice) et teste des candidats-vaccins prometteurs à Bandiagara, Sotuba, Donéguébougou, Bancoumana, Ouéléssébougou, Bougoula Hameau et Bougouni.
Il y a 4 phases pour les essais de produits de ce type, explique le Pr Ogobara Doumbo, Directeur du MRTC. La phase I concerne la première inoculation chez l’homme sain, avec une recherche sur la tolérance et la dose, et concerne des échantillons de 10 à 50 volontaires adultes. La phase II teste l’efficacité et la tolérance sur la population cible malade, adultes et enfants, sur un échantillon de 400 à 1000 volontaires et la phase III concerne l’efficacité en zone d’endémie, sur un échantillon beaucoup plus important. Enfin, la phase IV intervient après la licence en utilisation sur une population de malades, plusieurs millions de patients, par tous les médecins.
Les résultats présentés par le MRTC à Dakar « montrent des efficacités en phase II pouvant atteindre 50% dans la population adulte. Nous poursuivons dans la population des enfants et des femmes enceintes, qui payent un lourd tribut au paludisme ». Outre le développement d’outils pour le diagnostic et le traitement, les missions du MRTC sont de générer des évidences scientifiques pour les politiques de lutte contre le paludisme et la formation d’une masse critique de jeunes dans le domaine. 5 générations de scientifiques du Mali, d’Afrique et du monde, avec un retour au Mali de 95%, ont déjà été formées. Malgré les défis de la résistance aux insecticides des moustiquaires imprégnées et la découverte de parasites donnant des formes dormantes, l’espoir reste donc permis.
Journal du mali