Dans un nouveau rapport publié, jeudi 29 octobre 2020, les experts de l’IPBES mettent le monde en garde contre l’apparition de nouvelles pandémies. Ils appellent à un contrôle des activités humaines sur la nature.
Près de « 1,7 million de virus supplémentaires actuellement «non découverts» existent chez les mammifères et les oiseaux – dont jusqu’à 850 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les humains ». C’est ce qui ressort du nouveau rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), sur la biodiversité et les pandémies.
Dans ce rapport, publié jeudi 29 octobre 2020, 22 experts du monde entier établissent le lien inextricable entre les activités humaines sur la biodiversité et l’apparition des pandémies.«Les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique et de la perte de la biodiversité entraînent également le risque de pandémie par leurs impacts sur notre environnement », déclare Dr Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et président de l’atelier IPBES. Il indique également que « les changements dans la façon dont nous utilisons la terre; l’expansion et l’intensification de l’agriculture; et le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune, le bétail, les agents pathogènes et les humains. C’est la voie vers les pandémies ».
Dans ce nouveau rapport, les experts de l’IPBES soulignent que le COVID-19 est la sixième pandémie de santé mondiale après la grande pandémie de grippe de 1918. Ces experts n’écartent pas des causes du coronavirus, les activités humaines sur la nature. Ce qui explique pourquoi le Dr Daszak estime qu’il « n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de la COVID-19 – ou de toute pandémie moderne ».
Sans approche globale de lutte contre ces maladies infectieuses, l’IPBES prévient que « les futures pandémies émergeront plus souvent, se propageront plus rapidement, feront plus de dégâts à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que le COVID-19 ». Toutefois, les experts de l’IPBES ne trouvent pas la situation irrémédiable. Ils rassurent le monde sur la possibilité d’échapper à l’ère des pandémies. Mais cela exigera des changements d’approche. « Notre approche a effectivement stagné – nous comptons toujours sur les tentatives de contenir et de contrôler les maladies après leur apparition, grâce aux vaccins et aux thérapies », rapporte le Dr Daszak. Cette voie est non seulement « lente et incertaine», mais entraîne également une souffrance humaine généralisée ainsi que des investissements colossaux dommageables pour les économies. « Les experts estiment le coût de réduire les risques pour éviter les pandémies à 100 fois moins que le coût de réponse à ces pandémies », précise-t-on dans le communiqué de l’IPBES à l’occasion de la publication de ce rapport.
« Le risque de pandémie peut être considérablement réduit en réduisant les activités humaines qui entraînent la perte de biodiversité, par une plus grande conservation des aires protégées et par des mesures qui réduisent l’exploitation non durable des régions à forte biodiversité », indiquent les experts avant d’indiquer que cette mesure « réduira le contact faune-bétail-homme et aidera à prévenir les retombées de nouvelles maladies ».
Pour la réduction et la lutte contre les pandémies, ce rapport propose plusieurs options politiques parmi lesquelles nous pouvons citer : le lancement d’un conseil intergouvernemental de haut niveau sur la prévention des pandémies afin d’aider les États dans leur prise de décision, l’Institutionnalisation de l’ approche « Une seule santé » dans les gouvernements nationaux pour renforcer la préparation aux pandémies, le développement et l’intégration des évaluations de l’impact sur la santé des risques de pandémie et de maladies émergentes dans les grands projets de développement et d’utilisation des terres, s’assurer que le coût économique des pandémies est pris en compte dans la consommation, la production et les politiques et budgets gouvernementaux, la réduction des risques de maladies zoonotiques dans le commerce international des espèces sauvages grâce à un nouveau partenariat intergouvernemental «santé et commerce», la valorisation de l’engagement et des connaissances des peuples autochtones et des communautés locales dans les programmes de prévention de la pandémie, etc.
Fousseni Togola
Source: Le Pays- Mali