Elu avec plus de 75% en juillet dernier, Ibrahim Boubacar Keïta avait promis de placer le Mali au dessus de tout. D’où son slogan (ce n’est nullement un programme) le ‘’Mali d’abord’’. Il est bien beau ce slogan ! Et nul doute qu’il a fait vibrer la corde patriotique de nombreux Maliens. Eux qui ont pour principal souci leur pays.
Cependant, ceux qui ont cru à ce slogan n’ont pas trop attendu pour se rendre à l’évidence. ‘’Le Mali d’abord’’ n’est qu’un slogan creux et vide. Le temps d’une élection tout peut changer. Ainsi, ‘’le Mali d’abord’’ se transforme en ‘’la famille d’abord’’. La preuve ? Dès la formation du gouvernement, le 19 septembre dernier, les Maliens ont assisté à la nomination de proches parents de la famille présidentielle (un beau frère et un neveu). Ils dirigent deux départements stratégiques. Ajoutez-y des amis et/ou courtisans de la même famille. A partir de ce moment, il est logique d’entendre dans les états-majors, les salons et autres « grins » de Bamako des voix pour dénoncer toutes ces nominations, faites sur la seule base de l’appartenance à la famille et/ou au clan. Le Mali, de l’indépendance à maintenant, a rarement connu une gestion aussi familiale des affaires, comme c’est le cas depuis le mois de septembre.
Il faut remonter dans le temps, sous la première République, pour voir que Tati Keïta, frère du président Modibo Keïta, était secrétaire d’Etat à la jeunesse. Pars ailleurs, malgré tout le pouvoir dont il disposait, pendant son régime dictatorial, Moussa Traoré n’a jamais nommé un des siens (neveu, beau frère ou frère) à un poste ministériel. Idem pour Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré qui ont eu, tous deux, la sagesse et la clairvoyance d’éloigner leurs proches parents de la gestion des affaires du gouvernement. Ils ont compris que le Mali n’est pas le Gabon et encore moins le Togo.
Aujourd’hui, les Maliens s’interrogent à juste titre sur les motivations réelles de cette nouvelle gestion familiale instaurée par IBK. Sans compter tout ce qui se raconte à Bamako, à propos de la candidature de son fils aux élections législatives. Là, c’est une autre histoire.
CH Sylla