Il transportait des forains la nuit et sans phares. Il est entré violement dans un monstre rangé sur le bas côté, un porchard. Deux morts sur le coup, le convoyeur et le chauffeur.
La loi des séries, jamais deux sans trois, semble suivre la localité de Konna, désormais célèbre par les Djihadistes, Damien Boiteux et le Serval. C’est l’attaque de cette bourgade qui a sonné l’entrée en guerre du Serval pour libérer une partie du Mali. L’armée malienne a laissé ici plus de 50 des dignes fils du pays qui ont héroïquement fait face à la situation. C’est fut l’épreuve de la vie pour les habitants qui n’avaient jamais assisté à une telle dureté. C’était en janvier 2012. Au début du règne du Mandé mansa IBK, une pinasse motorisée avait chaviré, toujours à Konna. La catastrophe nationale avait fait plus de 70 morts dans des conditions dramatiques qui ont secoué Konna et tout le Mali. La série vient, enfin serait-on tenté de soupirer, de se boucler et Konna pourrait alors connaitre une longue ère de fleuve tranquille.
La boucle a enfin été bouclée dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 décembre 2013. Sous la forme d’un accident de la circulation qui laisse perplexe. Un minibus de transport en commun qui embarque des forains et leurs marchandises avait quitté Sévaré pour Douentza- environ 160 km (les foires hebdomadaires sont socio économiquement importantes pour tout le Mali sauf Bamako, peut-être. Le véhicule doit normalement transporter 20 passagers ; les bagages, c’est autre chose. Au retour de Douentza, il avait avalé 23 passagers plus leurs marchandises. Il roulait dans la nuit noire sans phares. Seule une lampe torche permettait d’éclairer la route devant le conducteur. Au niveau de Wouro Founé (le village de Founè en peul) le minibus vient percuter un porchard garé sur le bas côté. Le chauffeur et le convoyeur sont morts sur le coup et nous n’avons pas les nouvelles des nombreux blessés.
Cet accident pose beaucoup de questions relatives aux responsabilités. Le minicar tourne entre trois postes de gendarmeries : Sevaré, Ty et Douentza. Les passagers acceptent de monter en surcharges et de se faire transporter la nuit dans un véhicule éclairé par une torche sans broncher. Le propriétaire qui loue son véhicule connait très bien l’état de son tacot. Le tout se passe au vu et au su de tous. Alors, où situer les responsabilités. Où alors, c’est Allah qui est responsable de tout ?
Amadou Tall