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Le Mali se prépare à accueillir son ancien président Amadou Toumani Touré

L’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT) revient ce dimanche 24 décembre à Bamako. Il avait été contraint à l’exil après un coup d’Etat en 2012. L’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, lui a officiellement demandé de revenir.

Amadou Toumani Touré sera accueilli « avec tous les honneurs qui lui sont dus ». Voilà ce qu’affirme Ibrahim Boubacar Keïta. Le président malien a même missionné un homme, Harouna Cissé, qui fut directeur de campagne de ATT et même chargé du développement social dans son dernier gouvernement. « Je suis un proche des deux présidents » confirme le principal intéressé joint par téléphone, avant de détailler le programme.

C’est donc bien l’avion présidentiel qui ira chercher Amadou Toumani Touré et sa famille à Dakar, avant de les ramener à Bamako. Il devrait se poser en fin de matinée. La petite délégation prendra ensuite le chemin du pavillon présidentiel de l’aéroport où le Premier ministre et quelques membres du gouvernement seront là pour l’accueillir. Plusieurs partis politiques ont également appelés leurs militants à descendre dans les rues et à se masser sur le parcours que devrait emprunter ATT.

Car après l’atterrissage, il se rendra directement à la résidence privée d’IBK dans le quartier de Sébénicoro pour un « déjeuner entre frères » précise l’actuel président. Extrêmement discret pendant ses années d’exil, Amadou Toumani Touré ne devrait pas tout de suite briser la glace médiatiquement parlant, aucun discours n’est prévu au programme. Même si dans ce genre de moment, tout peut s’improviser.

Heureux de revenir

Le président Amadou Toumani Touré est en tout cas clair sur un point : il est heureux de rentrer librement dans son pays, après un exil de 5 ans et 8 mois, et sans poursuite judiciaire. Le passé ? Il ne peut l’oublier : notamment le coup d’Etat de mars 2012, et sa gestion de la crise du nord du Mali. Sur ces points et sur d’autres, il donnera sa part de vérité dans un livre qu’il écrit. Il affirme aimer le Mali plus que tout. Mais le Sénégal qui l’a accueilli est également désormais sa patrie. Il remercie le président Macky Sall qui l’a reçu avant son départ. C’est l’avion présidentiel malien qui le ramène à Bamako. Il en remercie l’actuel président IBK qu’il appelle « mon grand frère ». Les partisans d’hier, qui lui ont rapidement tourné le dos : il sourit…. Et confie : « Dans la vie, il faut savoir pardonner ». En d’autres termes, une page se tourne. Fera-t-il encore de la politique ? Pour lui, le temps du repos du guerrier a sonné, mais un de ses proches rectifie : « il n’abandonnera jamais le Mali, un pays qui lui a tout donné. » La même source rappelle que plusieurs partis politiques se réclament encore de lui, qui est redevenu très populaire dans toute une frange de la population malienne. Une autre image pour comprendre son état d’esprit. Pour rentrer au Mali, il portera en principe une tenue traditionnelle, couleur banche. Mais son épouse, une tenue couleur bleue ciel, avec des motifs « panthère ». ► J. Bittar (Mali): «Le président Toumani Touré revient au Mali les mains propres»

Nous voulons que tout le monde soit impliqué dans l’accueil du président de la République. Parce que depuis des années, il y a des hommes et des femmes qui travaillent pour que Amadou Toumani Touré puisse revenir. Donc nous impliquons l’ensemble de la classe politique, et la population…
Les militants d’ATT attendent son retour

■ Un moyen de faire table rase du passé ?

Après avoir été renversé deux mois avant la fin de son mandat, Amadou Toumani Touré est accusé de « trahison ». Il aurait « facilité la pénétration et l’installation des forces étrangères sur le territoire national, notamment en ne leur opposant aucune résistance ». Il est blanchi en 2016. Mais au-delà du « cas ATT », ce sont les précédents dirigeants maliens qui s’affranchissent, aussi, de leurs erreurs.

Selon les propres termes d’un membre des services français basé à l’époque à Niamey, le Mali d’ATT était un « fruit pourri, le vers était dedans... » Le tableau est celui-ci : une armée historiquement en débandade face à l’ennemi du Nord et ce depuis les mandats d’Alpha Oumar Konaré, des mouvements rebelles qui achètent des armes grâce à l’argent de la drogue et des prises d’otages.

Avec la chute de Kadhafi, « tout logiquement » affirment les observateurs, le Mali, gangréné, s’effondre. L’épisode du Boeing de « Air Cocaïne » dont l’épave est retrouvée le 2 novembre 2009 à Tarkint, dans la région de Bourem, ne fait que révéler au grand jour un système mafieux, des pratiques sues, commentées dans les chancelleries occidentales et à l’ONU.

Point d’orgue de la déliquescence de l’Etat malien, ATT est renversé en mars 2012, deux mois avant la fin de son mandat, par un coup d’Etat. Puis vient le temps de l’exil à Dakar. Et des accusations de trahison. « Avec le recul, dit un confrère malien, ATT en tant que président est responsable… mais pas coupable des faits reprochés. Sinon il faudrait condamner aussi Konaré, et IBK, alors Premier ministre d’Alpha. »

RFI

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