Mikailou Cissé est professeur de philosophie au secondaire. Dans cet article, il se place dans une perspective de recherche de solution au mal cyclique dont le Mali et les Maliens sont victimes. Mikailou met en garde contre la volonté de faire du nouveau avec de la « pourriture ».
Le peuple réclame un véritable changement dans la gestion des institutions et des secteurs vitaux de la société. Il souhaite une amélioration de sa condition de vie matérielle et intellectuelle. Ce n’est pas tout, le peuple malien veut être sécurisé par les siens. Ces vœux sont l’expression d’une volonté générale, qui reste malheureusement en plan. Le Mali Koura est devenu un vœu qui ne se trouve que sur les lèvres, mais jamais dans les cœurs.
Un vœu, même s’il vient d’une volonté générale, ne restera qu’un idéal tant qu’il n’y a pas de véritable volonté pour le réaliser. À l’état actuel des choses au Mali, existe-t-il cette volonté pour réaliser le vœu du changement tant exprimé ?
La réalisation d’un vœu collectif dépend des leaders en charge de l’exécuter, de l’idéologie à mettre en œuvre pour que le changement soit effectif, de l’appropriation de la connaissance des causes du mal et des mesures à prendre pour endiguer le mal une fois qu’il est découvert.
Impossible d’avoir du nouveau avec de la « pourriture »
Face à la crise que traverse le Mali, je reste pessimiste sur le résultat des procédures engagées dans le cadre de la réalisation de ce souhait du changement exprimé par le peuple malien.
Ce pessimisme se justifie par le fait que ce sont les mêmes qui ont provoqué le mal-être du peuple qui sont à la tête des recherches de solution au mal dont ils sont les auteurs. La plupart des leaders œuvrant dans ce processus de réhabilitation de l’être malien ont leur responsabilité dans la situation que vivent les Maliens.
Cette crise dans notre pays n’est que le résultat d’un système mis en place par toute une génération. Ceux qui ont gouverné le pays depuis des années ainsi que ceux qui n’ont jamais cessé de critiquer la gestion des affaires étatiques, sont tous responsables de la crise que nous vivons dans notre être de Malien.
Le Mali Koura auquel aspire notre peuple ne sera qu’un mirage tant que la génération de gouvernants actuels ne cédera la place à une nouvelle génération. La réalisation du rêve du Mali Koura passe par la mise à l’écart des politiques qui ont gouverné le pays sous la troisième république. À défaut de cela, leurs responsabilités doivent être fortement réduites dans l’élaboration de nouveaux projets de société. Si l’on ne prend garde, le Mali risque de devenir un simple mirage. Car on ne peut pas faire du nouveau avec de la « pourriture ».
Mikailou Cissé
Source: Phileingora