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Le Mali face à son destin: Un Kokajè national véritable s’impose

Un proverbe de chez nous dit ceci : «yéko bè fo ko bo». Autrement, lorsqu’une situation saute aux yeux de tous, le besoin de le commenter ne se fait plus sentir. Le Mali est tombé en disgrâce depuis la fin de la première république et pour cause : Le régime Moussa Traoré a cultivé en lieu et place du sens élevé de la patrie qui faisait l’identité du peuple malien, l’antipathie et l’apathie, toute chose qui déshonore ce peuple et l’insulte véritablement.

drapeau malien (Vert-Jaune-Rouge)Les sources de l’affairisme, du clientélisme, de la gabegie, de la délinquance financière etc., semées par le régime de l’ex parti unique était arrivée à maturité sous la troisième République. Alpha Oumar  Konaré s’est posé,en 1980 lors d’une biennale artistique et culturelle au stade omnisport de Bamako, une fatidique question sur le devenir de notre pays, à savoir : «Où va le Mali ?».

Aujourd’hui, la question se pose toujours, mais Alpha ne peut plus la poser parce qu’il sait où il a conduit notre pays. Pour chasser du trône Moussa Traoré, les responsables du mouvement démocratique se sont investis comme de vrais patriotes qui jurent par le peuple pour mobiliser les masses laborieuses du Mali dans tous les coins et recoins du pays.

Partout, dans nos villes et campagnes on scandait : «Antè korolé fè fo koura» (nous  voulons du nouveau avec de nouvelles gens), le changement à l’avantage de tous. Le bilan du soulèvement populaire de 1991 contre Moussa Traoré s’élève au moins à 220 morts, des centaines de mutilés, de disparus et des dégâts économiques sans nul pareil dans l’histoire de notre pays. Ces  démocrates, au lieu d’avoir ces crimes sur leur conscience pour enfin redonner confiance à notre peuple, se sont joués de lui en foulant au pied ses revendications fondamentales légitimes à savoir : la démocratie, le Kokajè, le changement révolutionnaire. Hélas !

En lieu et place de ces aspirations légitimes des masses laborieuses qui ont  sacrifié leurs enfants pour l’avènement d’un Mali de justice et d’équité, les pseudo-démocrates maliens ont profité des élections et des postes de responsabilité pour piller le patrimoine national. Pour mieux le comprendre, il suffit de regarder un temps soit peu dans les quartiers chics de la capitale, les somptueuses villas appartenant aux princes  du jour.

A l’ACI  2000, c’est l’insolence : des immeubles foisonnent  et le plus souvent inhabités. Du petit commis de l’Etat au président de la République, la délinquance  financière a atteint son paroxysme. Du coup notre pays a été transformé en une marchandise dont les services sont payants. Les usagers des services publics savent  mieux que  quiconque que les signatures ou autres papiers de l’administration publique ne sont plus gratuites. Les politiciens véreux et apatrides ont volé ce qui appartenait au peuple. Penser qu’ils n’en seront pas dépossédés c’est ignorer que la roue de l’histoire tourne et que les crimes contre les peuples ne peuvent rester impunis.

A regarder de près dans les passations de marchés, on ne peut s’empêcher de constater que les cadres maliens qui gèrent les affaires de l’Etat se moquent et des intérêts fondamentaux du peuple et des lois en vigueur dans notre pays. Ils se comportent comme s’ils sont dans leur propriété privée et comme s’ils étaient les mieux nés de la république.

Aujourd’hui, la pourriture a non seulement infecté tous les secteurs de la vie socio-politique, économique et culturelle du Mali, mais aussi a ratatiné gravement notre identité nationale. Nulle part au monde, il n’y a jamais eu de transition sans concertation nationale pour dégager un canevas de conduite des affaires de la nation.

Au Mali, pendant que notre peuple végétait dans une impasse chaque  jour plus profonde, des militaires courageux ont dit à ATT ça suffit !  Le 22 mars 2012 avait fait naitre en notre peuple l’espoir de voir enfin les dinosaures maliens vomir ce qu’ils ont volé aux contribuables nationaux. Avec le 22 mars l’espoir d’un changement véritable était né avec en perspective le KOKAJE à tous les niveaux.

Lorsque Amadou Haya Sanogo a dit que Dioncounda Traoré ne fera pas une minute de plus à Koulouba après les 40 jours légaux prévus par la constitution comme durée de transition, tous les patriotes ont reçu cette déclaration comme le début d’une fin de règne. Lorsque le capitaine a tenu à rassurer que la tenue de concertations  nationales était incontournable, il a ajouté un plus à l’espoir de tout un peuple né à la faveur du coup d’Etat du 22 mars. Mais cette montagne d’espoir s’est vite affaissée à cause de l’inexpérience des jeunes militaires et de leur ignorance du caractère vagabond et apathique des politiciens qui n’avaient cesse de faire des valses politiciennes entre Bamako et Kati pour sauver leur tête et se remettre en selle.

La suite, on la connait : non seulement  il n’y a pas eu de concertations mais surtout se sont les mêmes politiciens qui se sont retrouvés au-devant de la scène pour le désastre national. Ils se sont empressés, à la faveur de la haute trahison des intérêts  du Mali par le syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO, de biffer le besoin de concertations nationales et d’organiser au plus vite les élections avec les mêmes têtes auteurs ou témoins de la désagrégation du tissu socio-économique et politique du Mali.

IBK est élu à 77,66% des voix. Mais que d’espoir désabusé : ce sont les têtes qui reviennent pour gérer nos affaires. Plus de 153 milliards de francs FCFA se sont évadés de nos caisses et on continue à berner, à gaver nos plus démunis de la philanthropie politique sans issue. Tout se passe comme si on continue à se moquer de ce peuple. En tout cas ceux qui veulent comprendre se sont déjà rendu à l’évidence que la race de politicien qui anime jusqu’ici la scène politique national et ce depuis la chute de Moussa Traoré, ne peut servir dignement le Mali.

Pour redonner confiance à ce peuple il faut de nouveaux hommes et tout sauf ceux qui s’agitent aujourd’hui honteusement et prétendent se mettre au service du Mali. Ces hommes, notre peuple les trouvera en son sein pour que tous les vampires payent pour leur haute trahison des intérêts nationaux. Les discours ont toujours été des meilleurs mais ceux qui les tiennent n’ont que faire du Mali.

La roue de l’histoire tourbe, n’en déplaise aux spoliateurs de nos masses laborieuses, et le Kokajè est de plus en plus inévitable et chaque jour plus proche. Il ne saurait en être autrement. Trop c’est trop ! Le Mali a trop saigné financièrement et de ses populations désabusées. On a assez menti à ce peuple. Le changement devient un impératif catégorique au Mali.

 

Fodé KEITA

Source: L’Inter de Bamako

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