Dans un message qu’il a délivré le mardi 10 mars 2020, le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom) pense que l’aide-militaire apporté par les pays européens et son pays n’est pas bien qu’insuffisant, mais manque de coordination. « Je pense que l’Europe peut et doit en faire davantage avant que les États-Unis en fassent davantage dans cette partie du monde », a-t-il poursuivi. « Coordonner ces efforts pourrait en fait être suffisant», a-t-il affirmé.
Les opérations anti-djihadistes menées par les Européens au Sahel ne sont ni suffisantes ni assez coordonnées. C’est en substance le message qu’a délivré ce mardi 10 mars un haut responsable militaire américain. Selon lui, rapporte le journal français Le Point, les groupes djihadistes qui opèrent dans cette région visent davantage l’Europe que les États-Unis. « Beaucoup d’aide (militaire) occidentale arrive dans cette région, de la part des Européens, des Français et des Européens avec le soutien des États-Unis », a expliqué le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général Stephen Townsend, avant de la juger « insuffisante et mal coordonnée.» Mais le général ne s’est pas prononcé au sujet de la présence américaine dans la lutte contre l’EI et les groupes liés à Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest, où les militaires européens sont sur le terrain. Cette déclaration du chef du commandement américain pour l’Afrique intervient dans un contexte où les États-Unis prévoient de se désengager du Sahel.
Le principal problème à l’heure actuelle, a-t-il dit, réside dans les efforts « non coordonnés » entre les différentes forces armées impliquées dans la lutte au Sahel.
« L’Europe peut et doit en faire davantage »
« Je pense que les Français et les Européens le reconnaissent et qu’ils prennent des mesures », a ajouté le général Townsend, qui était questionné par les élus de la Chambre des représentants sur la revue de la posture américaine en Afrique actuellement menée au Pentagone. « Je pense que l’Europe peut et doit en faire davantage avant que les États-Unis en fassent davantage dans cette partie du monde », a-t-il poursuivi. « Coordonner ces efforts pourrait en fait être suffisant. »
Selon un récent rapport du bureau de l’inspecteur général du Pentagone, un organisme indépendant dont c’est le premier rapport public sur les opérations militaires américaines sur le continent africain, « la menace terroriste en Afrique persiste et en certains endroits, s’accroît ». Malgré les efforts menés par la France dans la région pour combattre les groupes djihadistes, le commandement américain indique que les activités extrémistes violentes en Afrique de l’Ouest ont augmenté de 250 % depuis 2018. Le commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) a donc récemment dû modifier sa stratégie face aux groupes extrémistes sur le continent, en se fixant désormais l’objectif de les « contenir » et non plus de les « affaiblir », note l’inspecteur général Glenn Fine, dans ce rapport. Quelque 6 000 militaires américains sont actuellement déployés en Afrique, précise le rapport, dont 800 en Afrique de l’Ouest où ils soutiennent notamment les efforts anti djihadistes de la France au Sahel, et 500 éléments des forces spéciales en Somalie où ils combattent les djihadistes shebabs, affilés à Al-Qaïda.
Le flou persiste sur la stratégie américaine
Jusqu’alors l’incompréhension persiste sur les motivations réelles des Américains qui ont opté pour un retrait militaire américain du Sahel. Par contre, le général Townsend a estimé que les djihadistes opérant dans cette zone étaient plus dangereux pour l’Europe que pour les États-Unis. « Les problèmes issus de l’Afrique de l’Ouest se manifesteront en Europe avant de se manifester en Amérique », a-t-il affirmé.
La sous-secrétaire à la Défense en charge de l’Europe et l’Afrique au Pentagone, Kathryn Wheelbarger, a noté que Washington avait évoqué cette question avec les autorités françaises. « Les Français soulignent l’importance du soutien américain à leurs opérations », a-t-elle dit. « Il y a simplement certaines capacités qu’ils n’ont pas. » « Ce que nous avons essayé de faire, c’est de les encourager à accélérer leurs processus de décision quant à l’acquisition de ces capacités, pour qu’ils ne dépendent plus du soutien des États-Unis », a-t-elle expliqué.
Komi (Source : Le Point.fr)