Le Directeur général de la police nationale, l’Inspecteur général Alioune Badara Diamoutènè nous a accordé un entretien exclusif, samedi 24 août. Selon lui, il faut le triple de l’effectif actuel de la police pour mieux sécuriser l’ensemble du territoire national. Il est convaincu que cet effectif est très insuffisant. Cela passe obligatoirement par le recrutement de nouveaux agents. Aux dires du DG de la police, le déploiement de la police à Kidal est imminent. En tout cas, il se dit très satisfait du travail abattu depuis son arrivée à la tête de la police nationale.
C’est le samedi 24 août que le Directeur général de la police, l’Inspecteur général Alioune Badara Diamoutènè nous a reçus dans son bureau aux environs de 10 h 30 mn. Durant une 1 heure 30 mn d’horloge, il nous a fait un aperçu général de la police nationale. Avant de dresser son bilan après cinq mois d’exercice.
D’entrée de jeu, l’Inspecteur général de police Alioune Badara Diamoutènè s’est dit très satisfait puisque, selon lui, la police nationale se porte mieux au motif que le changement tant souhaité est en train de se réaliser. « Quand, je suis arrivé, j’ai tenu à rencontrer tous les cadres, les syndicats, le groupement mobile de sécurité, la compagnie de circulation routière. Je leur ai parlé de ma vision qui est de respecter notre corporation parce que, il faut reconnaitre que l’image de la police avait été ternie à cause du comportement de certains agents. Ce qui ne nous fait pas honneur. Dieu merci, ils ont compris mon message. Il s’agissait pour moi de mettre en avant la restauration de la discipline et le respect de la déontologie au sein de la police. Aujourd’hui, nous sommes sur la bonne lancée pour relever ce défi. Nous recevons des félicitations et des encouragements de beaucoup de personnes » nous a confié Alioune Badara Diamoutènè.
Des patrouilles sectorielles pour lutter contre le banditisme
Il faut reconnaitre que le changement est très visible depuis l’arrivée de Diamoutènè. Le comportement des éléments de la Compagnie de circulation routière (CCR) vis-à-vis des usagers de la route semble avoir beaucoup changé. Leur tenue vestimentaire s’est aussi améliorée. Sans oublier les patrouilles sectorielles menées 3 à 4 fois par les différents commissariats de police. Cela dans le but de lutter efficacement contre le grand banditisme. Il y a aussi des patrouilles de grande envergure au moins 2 fois par semaine avec la gendarmerie et la garde nationale. « Je suis très fier de voir les agents de la CCR bien habillés avec des gangs blancs. Si un agent est correctement habillé, il sera respecté par les usagers » a-t-il précisé. Parmi les nouveaux changements, on peut citer, entre autres, le respect des pistes pour motocyclistes au niveau des trois ponts de la capitale (pont Fahd, pont des martyrs et pont sino-malien). Le démarrage de cette opération a nécessité auparavant des semaines de sensibilisation. « Le fait que les motocyclistes ne roulent plus sur le passage réservé aux voitures, a beaucoup contribué à diminuer les accidents de la circulation sur les ponts » nous a confié Alioune Badara Diamoutènè.
S’agissant du déploiement des policiers dans les régions du nord du Mali, il précisera que des agents sont à Gao, Tombouctou et Diré. Le DG de la Police attend le feu vert des autorités pour déployer des agents à Kidal. « Dès que j’ai l’autorisation des autorités, nous allons envoyer nos agents à Kidal « précisera-t-il.
Un seul syndicat est suffisant pour la police
Parlant de la pluralité des syndicats au niveau de la police, Alioune Badara Diamoutènè précise : « je pense qu’un seul syndicat est largement suffisant pour défendre les intérêts de la police. Notre souhait est que les syndicats se mettent ensemble. Aujourd’hui, il existe quatre syndicats à savoir le syndicat des commissaires, le syndicat des inspecteurs de police et deux syndicats pour les sous-officiers ».
Depuis son arrivée, Alioune Badara Diamoutènè a mis un accent particulier sur la formation. C’est pourquoi, son souhait le plus ardent est de transformer l’école nationale de police en une école de formation pour les inspecteurs et les officiers de police, transformer le Groupement mobile de sécurité (GMS) en un centre d’instruction pour sous-officiers. Enfin bâtir une académie de police pour la formation des commissaires. Cela dans le but de scinder la formation. « C’est par la formation que nous allons bâtir la police de nos rêves » estime-t-il.
«Nous avons un policier pour 4 000 habitants»
Selon lui, l’effectif de la police est insuffisant pour mieux sécuriser l’ensemble du territoire national : « Nous avons besoin du triple de l’effectif que nous avons aujourd’hui. Plusieurs localités ne disposent pas d’un Commissariat de police et d’autres n’en ont pas suffisamment.
Au Mali, nous avons un policier pour 4 000 habitants. C’est insuffisant. Il faut que les autorités mettent en avant le recrutement de nouveaux agents. Il est bon qu’elles continuent le rythme de recrutement de 1 000 agents par an. Nous allons renforcer les unités déjà existantes ».
Si Bamako dispose de 15 commissariats de police, Mopti n’a que 3 commissariats. Ségou dispose de 4 commissariats et 1 commissariat pour Koutiala…. Aux dires du DG de la Police, les villes de Markala, Bla, Djenné … ont besoin d’un Commissariat.
Comme difficultés, le premier responsable de la police déplore la chasse à l’homme faite par certains agents contre les usagers. Et pourtant, les agents ont reçu des instructions fermes de la direction générale de ne pas poursuivre les usagers dans la circulation quelles que soient les infractions commises. Parce que cela peut provoquer des accidents de la circulation pouvant causer des pertes en vies humaines. Alors que l’agent doit seulement prendre le numéro du véhicule qui a commis l’infraction.
L’accompagnement du département salué
Enfin, Alioune Badara Diamoutènè dira que le travail la police est un travail d’équipe à tous les niveaux. « Depuis mon arrivée, je suis accompagné par mon département. Je suis heureux parce que la majorité des policiers ont accepté mon message du changement.
Les gens ont apprécié nos actions dans la circulation. Beaucoup d’usagers de la route sont satisfaits du comportement de nos agents. Et même les étrangers nous félicitent. Il est difficile de construire, mais il est plus facile de détruire. Nous allons donc continuer à travailler pour maintenir le cap » a-t-il conclu.
L’Inspecteur général de police, Alioune Badara Diamoutènè est invité à la Conférence sur la sécurité aéroportuaire des pays de la CEDEAO, qui doit se tenir du 27 au 29 août au Niger.
Réalisé par Alou Badra HAIDARA
Source: L’Indépendant