Les autorités maliennes, à couteaux tirés avec la France et plus largement avec les pays européens, ont annoncé dimanche quitter le G5 Sahel et sa force antijihadiste, accusant l’organisation d’être “instrumentalisée” par “l’extérieur”. “Tout comme l’Union européenne, la France regrette cette décision qui remet en cause les efforts régionaux de coopération pour lutter contre le terrorisme et promouvoir le développement, et traduit une nouvelle fois un isolement des autorités maliennes de transition”, a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay dans un point de presse électronique. Après le départ annoncé du Mali, l’organisation régionale sahélienne créée en 2014 et dont la force est composée d’environ 5.000 militaires depuis 2017, est réduite à quatre pays: la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger. Ce départ isole encore plus le Mali de ses voisins alors que Bamako est depuis le début de l’année la cible de mesures économiques et diplomatiques des Etats ouest-africains pour sanctionner l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années, après deux putschs en août 2020 puis en mai 2021. Il survient aussi après l’annonce début mai par la junte de la fin du traité de coopération de 2014 avec la France, ainsi que des accords de 2013 et 2020 fixant le cadre juridique de la présence de la force antijihadiste Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France. Les relations avec les Etats occidentaux se détériorent à mesure que le Mali se tourne vers la Russie. La France et ses alliés accusent la junte de s’être assurée les services de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements controversés, ce que conteste Bamako. Interrogé par ailleurs sur une tentative de putsch déjouée, annoncée par la junte, Paris a déclaré n’avoir “aucune information à ce sujet”.
AFP