Le temps, la désunion et l’argent sont les principaux obstacles potentiels à la bonne exécution du plan d’action gouvernemental brillamment défendu hier par le premier ministre Choguel Maïga avant d’être adopté par le Conseil National de Transition (CNT).
La majorité des membres de l’organe législatif de la transition s’accorde sur le fait que le document, qui a fait l’objet de débats francs mais courtois, prend en compte la plupart des sujets de préoccupation majeure des Maliens en cette période transitoire. Ils se rapportent au renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, aux réformes politiques et institutionnelles, à l’organisation des élections générales, à la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité. Ils ont toutefois regretté que l’un d’eux, le redressement du système éducatif, n’y ait pas trouvé sa juste place.
De l’avis de plusieurs de ces intervenants, les sept mois restants de la transition paraissent trop courts pour que ce plan puisse être convenablement exécuté. Ils ne sauraient être suspectés de pessimisme eu égard à l’ampleur et à la complexité des tâches à abattre.
La désunion caractéristique de la classe politique et de la société civile maliennes ne devrait pas contribuer, hélas, à la mise en œuvre diligente et satisfaisante de ce plan. Cette désunion explique que toutes les tentatives de réviser la constitution sous les présidents Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Ibrahim Boubacar Keita ont échoué. Elle a finalement conduit à la démission du dernier nommé non pas par un courrier remis entre les mains du président de la Cour suprême comme le veut la loi fondamentale mais au camp Soundiata Keita de Kati, après une journée de bruit et de fureur.
D’autres intervenants ont interpellé le premier ministre pour savoir comment il compte s’y prendre pour rassembler les 2 050 milliards de nos francs nécessaires pour financer les actions inscrites dans son plan d’action. Ils ont raison de s’en inquiéter compte tenu de ce que le budget d’Etat pour l’exercice en cours est de 2 808 milliards dont une grande partie a été déjà engloutie dans les dépenses militaires et les salaires les huit mois écoulés. Qui plus est, ce budget accuse un déficit de 652 milliards. En d’autres temps, le Mali les aurait recherchés et peut être trouvés auprès de ses bailleurs traditionnels. Tâche ardue pour un régime d’exception de surcroît en brouille avec la communauté internationale notamment pour son refus de lever l’assignation en résidence surveillée frappant les dirigeants de la première phase de la transition. Alors question : où trouver les quelque centaines de milliards qui devraient manquer à l’appel ?
Choguel Maïga, qui a fait encore une fois la démonstration de sa combativité au cours de la joute d’hier, se veut optimiste : le ministère des finances lui a donné l’assurance que les fonds seront disponibles. On ne demande qu’à le croire.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant