L’AGOA vise à promouvoir le commerce entre les Etats-Unis et l’Afrique en accordant aux pays admis un accès exceptionnel au marché américain.
Le président américain, Joe Biden, affirme avoir pris cette décision car, “le gouvernement du Burkina Faso n’a pas mis en place, ou fait des progrès continus en vue d’établir, le respect de l’Etat de droit et du pluralisme politique, éléments nécessaires dans le cadre du programme AGOA (African Growth Opportunities Act)”.
Dans un communiqué, l’ambassadrice américaine au commerce, Katherine Tai, a insisté sur la nécessité pour le “Burkina Faso de prendre les décisions nécessaires pour répondre aux conditions de l’accord et au retour de la démocratie“.
“Je vais fournir au Burkina Faso une feuille de route claire leur permettant de réintégrer le programme et notre administration va travailler avec eux afin d’y parvenir“, a ajouté Mme Tai.
Pour le président Joe Biden, le Burkina Faso doit respecter l’Etat de droit
Un putsch et un autre…
Confronté depuis 2015 à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes qui ont fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers, le Burkina Faso a été secoué par deux coups d’Etat militaire depuis le début de l’année.
Le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé de laxisme face aux attaques, avant d’être à son tour déposé le 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré.
La mesure prise par Joe Biden ne devrait pas affecter le Burkina Faso. C’est ce que dit Sekou Diakité, professeur d’économie à l’Université de Bamako au Mali. Le Mali qui fait également face à cette sanction. Pour lui, ces deux pays n’exportent que des produits artisanaux vers les Etats-Unis, dans le cadre de l’AGOA. Les échanges se font surtout avec la sous-région, dit l’économiste. Pour suivre son interview, cliquez sur l’image ci-dessous.
L’AGOA, mis en place en 2000 et dont la liste des pays bénéficiaires est révisée tous les ans, établit une coopération économique et commerciale avec le continent africain. Il facilite les exportations africaines vers les Etats-Unis pour soutenir le développement économique.
Dans le cadre de cet accord, des milliers de produits africains peuvent bénéficier de réductions de taxes à l’importation, sous réserve cependant de conditions remplies concernant notamment les droits humains, la bonne gouvernance ou la protection des travailleurs.
Les exportations du Burkina Faso vers les Etats-Unis seront affectées par la décision de Joe Biden
Le Mali et la Guinée déjà exclus
En début d’année, les Etats-Unis avaient exclu trois autres pays du programme, l’Ethiopie, le Mali et la Guinée, en estimant également que les actions prises par ces trois gouvernements en violaient les principes.
En Guinée, l’armée a renversé début septembre le président Alpha Condé, un an après sa réélection pour un troisième mandat. Depuis, le pays a à sa tête, une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. La Guinée n’a toujours pas donné de garantie pour une remise du pouvoir aux civils.
De son côté, le Mali, a connu deux coups d’Etat militaire, en août 2020 puis en mai 2021, et est dirigé par le colonel Assimi Goïta.
En 2020, les trois principaux bénéficiaires du dispositif AGOA étaient : l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya avec respectivement 1 113, 315 et 282 millions de dollars d’exportations vers les États-Unis.
Source: DW