Au Mali, il est un tissu très prisé, aussi bien de la gente féminine que masculine. Le bazin fait ainsi l’objet d’un commerce hautement florissant dans notre pays. Chaque année, le marché du bazin connaît une hausse considérable de prix. Ce qui n’empêche point son acquisition par ses amateurs. Présentement, pourtant, sa commercialisation est impactée par l’arrêt des échanges commerciaux avec les pays de la sous-région.
Fabriqué en Allemagne et en Chine, le bazin est le tissu mondain « chouchou » des Maliens. Le port du bazin est un véritable phénomène de mode au Mali. Quasi impossible de trouver une Malienne ou un Malien qui n’empile pas bazin sur bazin dans sa garde-robe. Admiré pour sa raideur et ses couleurs explosives, le tissu est l’habillement des grandes occasions par excellence. Cela, parce qu’il reste majoritairement porté lors des fêtes, des mariages et des baptêmes. D’ailleurs, porter le bazin est une manière de se faire valoir au Mali. A l’approche des fêtes religieuses telles que le Ramadan et la Tabaski, le prix du bazin connaît une flambée.
Avec les sanctions que subissent notre pays, la tendance des prix à la hausse se fait remarquer dans plusieurs points de vente de ce tissu favori des Maliens.
Nous nous sommes rendus au cœur du grand marché de Bamako, dans la boutique de Seydou Bathily, un vendeur de Bazin. Chez lui, le prix d’un mètre de bazin riche est passé de 6500 à 7000 FCFA. « Actuellement, nous vendons le lot qui est composé de 30 mètres à 210 000 FCFA, et les prix ne vont pas baisser de sitôt », a-t-il affirmé. Selon lui, cette flambée est causée par les commerçants qui importent le tissu. « A l’approche des fêtes, les grossistes approvisionnent leurs magasins et font grimper les prix. Nous qui nous ravitaillons auprès d’eux, nous n’avons pas d’autre choix que de faire monter les prix à notre tour », a-t-il confié.
Le Mali est le pays le plus réputé dans la vente du tissu bazin en Afrique.
Cela, tant par l’originalité aussi bien que la qualité des différents modèles proposés. Toute la sous-région s’approvisionne en cette précieuse étoffe grâce au Mali. Le bazin est conçu à partir de coton blanc ou de soie. A Bamako, des milliers de personnes travaillent à la transformation du bazin blanc. Il s’agit des réalisations artisanales faites à travers la teinture, le dessin et la peinture. En effet, c’est ce secteur qui se trouve menacé par la suspension imposée des échanges commerciaux entre le Mali et ses voisins immédiats disposant de façades maritimes. Ousmane Kané, jeune peintre, donne des détails. « Notre travail est de dessiner des motifs sur le tissu après la teinture.
C’est ce qu’on appelle peintrini en Bambara », a-t-il affirmé dans un premier temps. « La plupart de nos habits sont vendus à l’extérieur du pays. La fermeture des frontières a fait qu’on a perdu la majeure partie de notre clientèle. On ne gagne plus beaucoup », a-t-il ajouté.
En abondant dans le même sens, Habibatou Diarra, teinturière, s’est désolée de la baisse de nombre de ses clients venant de l’extérieur. « Actuellement, les tissus que je teins sont les uniformes de mariage. Les clients ne viennent plus de certains pays de la sous-région », nous a-t-elle fait savoir. « Par contre, grâce aux bonnes relations que j’ai, je reçois à présent des commandes du éenin, de la Guinée et du Burkina-Faso », a-t-elle conclu.
Heureusement pour les clients bamakois, tous les vendeurs de bazin ne sont pas dans la logique de l’augmentation des prix de vente. Au niveau des Halles de Bamako, certains marchands vendent leurs tissus au prix d’avant embargo. Interrogé, Abou Cherif, gérant d’une boutique de bazin, a affirmé que les prix restaient inchangés chez lui, et qu’ainsi, il parvenait à écouler au mieux ses articles. Toutefois, a-t-il prévenu, une hausse est bien prévisible dans les semaines à venir.
Fatoumata Boba Doumbia
Source: Les échos Mali